Destination touristique de tout premier ordre durant les années 1990, Annaba a connu une baisse de fréquentation significative à l'occasion des trois ou quatre récentes saisons estivales. Le bilan des activités de la direction locale du tourisme pour la période allant de juin à septembre 2008 fait état du recensement d'un peu plus de 3 millions de visiteurs, alors que dans un passé relativement récent la wilaya en avait accueilli pratiquement le double. Une désaffection que les responsables du secteur attribuent à diverses raisons, dont la dégradation lente mais progressive de l'environnement au niveau des zones d'attraction et du manque flagrant d'investissement dans la restauration et dans l'hôtellerie. Il est vrai qu'Annaba a beaucoup perdu de son standing, comme n'hésitent pas à le déplorer nombre de ses habitants. Un constat que partagent autant les élus que les responsables de l'administration locale mais sans plus. Les initiatives prises par l'APC de Annaba au fil des mandats, trop molles peut-être, n'ont, en effet pas réussi à redorer le blason de cette ville qui portait fièrement le qualificatif de Coquette. Le cadre de vie s'est altéré au point de décourager les plus volontaires des édiles, affirme- t-on, avec l'abandon des rues aux “baznassas”, le mauvais fonctionnement, si ce n'est carrément l'inexistence de l'éclairage public dans certains quartiers, les fuites d'eau, l'absence d'hygiène, la prolifération des moustiques et la liste est longue. Cette situation peu reluisante a été au centre d'une récente réunion de l'Assemblée populaire de wilaya avec les principaux directeurs d'exécutif à l'initiative du nouveau wali de Annaba, suite à quoi une série de mesures, visant à la redresser au plus tôt, ont été adoptées. La ville chef-lieu de wilaya, qui se distingue déjà par son paysage et ses magnifiques plages, a été placée tout en haut en tête de la liste des travaux d'aménagement et de réfection à même de lui restituer son statut de métropole touristique. Il n'empêche que ce programme d'embellissement, s'il venait à être réalisé, ne saurait à lui seul suffire et qu'il restera à promouvoir les structures d'accueil. Il est vrai, en effet, qu'à Annaba, hormis les deux hôtels classés que sont le Majestic et le complexe Sabri, établissements de toute beauté, répondant aux normes et récemment inaugurés, il n'existe pas d'établissements susceptibles d'attirer le touriste, qu'il soit d'affaires ou de villégiature. Quand on évoque cette problématique, les regards se tournent inévitablement du côté du Calpi, dont on dit qu'il bloque depuis maintenant six mois un projet d'envergure, que compte réaliser dans cette ville, en même qu'à Sghirat et à Boumerdès, le groupe saoudien Sidar. Le complexe touristique est prévu à Sidi Salem, dans la zone littorale Est de Annaba. Il est prévu qu'il soit l'un des plus importants centres touristiques de l'Est de l'Algérie, avec une superficie de 31 000 mètres carrés qui serviront de terrain d'assiette à un ensemble hôtelier cinq étoiles, incluant un centre de thalassothérapie et un trade center. Bien qu'intégrée à l'un des 7 pôles d'excellence touristiques, qui font eux mêmes partie d'une des cinq dynamiques du Schéma directeur de l'aménagement du tourisme, à l'horizon 2025 (SDAT), qui prévoit des mesures très encourageantes pour ceux-ci, la wilaya d'Annaba n'a suscité aucun engouement notable de la part des investisseurs. Le domaine de la restauration de luxe ne connaît pas un meilleur sort, non plus, puisque là aussi les promoteurs ne se bousculent pas au portillon. On ne décompte guère plus que deux ou trois restaurants dignes de ce nom à travers toute la ville côtière. Force est de reconnaître qu'on ne se lance pas facilement dans le commerce de la gastronomie, dans un environnement qui foisonne de gargotes, de fast-foods et de pizzerias. Les propriétaires de La caravelle et de l'Albatros, spécialisés le premier dans la préparation des produits de la mer et le second dans la cuisine fine avouent se maintenir difficilement à niveau. “Nous sommes inquiets devant le désintéressement soudain des touristes pour notre ville. Nous recevons de moins en moins de familles depuis plusieurs mois maintenant et notre chiffre d'affaires s'en ressent”, confie Ali Brahimi, le patron de l'Albatros. Ce dernier dit espérer quand même une embellie, notamment après que les responsables du secteur du tourisme se sont engagés à reprendre les choses en main avant la saison prochaine. “Je suis personnellement convaincu que la situation difficile que nous traversons n'est que passagère, que notre bonne ville redeviendra la Coquette et que les touristes afflueront de nouveau, c'est pourquoi, je continuerai à investir dans mon projet”, affirmera-t-il. Ahmed Allia