“À chaque chose, malheur est bon”, rappelle l'adage si populaire, qui semble d'ailleurs fort bien s'accommoder des récentes élucubrations des frères jumeaux, Hossam et Ibrahim Hassan, lors de la demi-finale retour de la ressuscitée coupe nord-africaine, devenue, du reste, anecdotique après que le public béjaoui eut été entraîné, bien malgré lui, à devenir le témoin direct de l'écriture d'un nouveau chapitre des tumultueuses relations footballistiques algéro-égyptiennes. L'on se appelle, d'ailleurs, que dans le but évident d'apaiser les tensions, ravivées par ces gestes inutiles et fort condamnables des controversés jumeaux Hassan, le président de la fédération égyptienne de football, Samir Zaher, comptait entreprendre une visite officielle à Alger pour, éventuellement, présenter ses excuses à son homologue et à tout le peuple algériens. Une visite qui, comme révélée par Liberté, a été ajournée à une date ultérieure, la FAF ayant par la suite confirmé ce report à travers un communiqué officiel, dépouillé de tout commentaire, publié sur son site internet. Mais alors que beaucoup d'observateurs se laissaient croire à une annulation pure et simple, voilà qu'une source autorisée, habituée des coulisses de la FAF, révèle à Liberté que cette visite de Samir Zaher “reste toujours d'actualité”. “Elle a juste été reportée. Liberté l'avait annoncée et la FAF l'avait également confirmée. Donc, tout ce qui s'est dit à propos d'une annulation est dénué de tout fondement. La visite de Samir Zaher interviendra incessamment et sera même, en principe, porteuse de bonnes nouvelles pour les relations entre les deux pays frères”, soulignera ainsi ladite voix autorisée. Surtout que, d'après la même source, “c'est le président de la fédération, lui-même, qui insiste pour se rendre à Alger, mettant un point d'honneur à rectifier le tir et à faire luire de nouveau l'image de marque du football égyptien”. Ce recadrage temporel de la visite tant attendue de M. Zaher semble, précisera notre source, “obéir à une certaine promesse de résultat concret en contrepartie de la modération algérienne vis-à-vis de ce qui s'est réellement passé avec les frères Hassan”. Petits éclaircissements : alors qu'ils avaient indigné toute l'Afrique du nord vu leur comportement pour le moins que l'on puisse dire indécent et irrespectueux, Hossam et Ibrahim Hassan ont bénéficié de la protection et de l'indulgence la plus totale des autorités compétentes algériennes, leur sécurité a même été assurée jusqu'au tarmac de l'aéroport international de Houari-Boumediene. Or, vu la gravité de leurs actes, les frères Hassan auraient facilement pu être conduits à répondre de leurs agissements devant un tribunal algérien, après avoir attenté à l'intégrité physique d'éléments de la sûreté nationale et de s'être même interposés en travers de leur fonction. Mais traitant “ce cas” avec beaucoup d'intelligence et assez de maturité diplomatique pour éviter à l'affaire de prendre des proportions à même d'envenimer davantage les relations footballistique entre les deux pays, l'Algérie semble être sur le point de voir sa retenue récompensée. Surtout qu'après avoir mesuré l'importance de l'effort d'apaisement en ce sens de ses homologues, le président de la fédération égyptienne de football a répondu, par l'affirmative, au “souhait” algérien de voir la célèbre affaire Belloumi “se régler avec autant de sagesse”. Cela, d'autant plus que les supports médiatiques spécialisés se sont fait l'écho, ces derniers jours, du retrait quasi imminent de la partie plaignante dans cette sombre affaire, à savoir le médecin égyptien éborgné lors de cette fameuse bagarre dans le hall de l'hôtel, en 1989, entre membres des deux délégations au sortir d'un match retour houleux comptant pour la qualification au Mondial italien de 1990. Accusé d'avoir été celui qui blessera grièvement le docteur Ahmed, Lakhdar Belloumi aura d'ailleurs beau crier son innocence, rien n'y fit, jusqu'à ce que ce la victime daigne enfin annoncer avoir “pardonné à Belloumi et être même tout près de retirer la plainte”. “Tout le monde sait que je suis innocent et que je n'ai jamais provoqué aucun incident à l'hôtel. Maintenant que la victime, le docteur Ahmed, ait affirmé m'avoir pardonné après avoir compris que je n'étais aucunement la cause de son éborgnement, je pense que tout finira par rentrer dans l'ordre le plus tôt possible pour que je puisse enfin recouvrir tous mes droits”, soulignait, soulagé, le Ballon d'Or 1981. Dans le circuit assez longtemps pour savoir que sa visite annoncée sera doublement réconciliatrice s'il y avait au bout l'annonce de la “bonne nouvelle” relative à la fin de la cabale internationale et du mandat d'arrêt d'Interpol contre l'icône du football algérien des eighties. M. Zaher a, donc, “choisi délibérément de retarder sa visite à Alger, question d'avoir le temps nécessaire de régler cette épineuse affaire Belloumi, les rouages de la machine judiciaire ne tournant qu'à un rythme déterminé”, croit-on ainsi savoir de bonne source. Surtout que s'il venait à faire de sa visite à Alger l'occasion pour annoncer publiquement la cessation des poursuites judiciaires contre Lakhdar Belloumi, le président de la fédération égyptienne réussira, sans nul doute, la gageure de tempérer les ardeurs de ceux qui s'attendent à ce que la double confrontation entre l'Algérie et l'Egypte sorte de son cadre sportif. “Ne ménageant aucun effort pour que le dossier Belloumi soit traité avec imminence par les autorités compétentes égyptiennes, Samir Zaher fait tout pour cette animosité entre les deux pays, née de cette malheureuse bagarre de début de soirée qui date de 1989, soit définitivement enterrée”, précisera encore la même source autorisée. En parallèle, une voix tout aussi autorisée n'exclura guère un “finish” des plus exalté. “S'il venait effectivement à réussir à mettre fin aux poursuites judiciaires et à faire lever l'interdiction de quitter le territoire algérien qui pèse sur Belloumi, il se pourrait même que Samir Zaher l'invite pour une visite officielle en Egypte. Ce serait un superbe cadeau de réconciliation qui fera, non seulement oublier l'épisode des frères Hassan, mais redonnera aussi et surtout un nouveau et prometteur départ aux relations bilatérales entre le football des deux pays”, conclut, plein d'espoir, ladite source fédérale. Rêvant les yeux ouverts de visiter la Mecque pour sa première sortie post-arrêt du mandat d'Interpol, Lakhdar Belloumi pourrait, de fait, très bien entamer sa liberté internationale par… un pèlerinage sur les lieux de ses malheurs quasi révolus… Karim A.