Avec une croissance de plus de 41,71%, soit l'équivalent de 39,15 milliards, par rapport à 2007, les importations de l'année 2008 viennent de battre un record. Les exportations, constituées principalement d'hydrocarbures, ont aussi progressé grâce au bond exceptionnel atteint par le baril au cours de l'été passé, dont le prix a dépassé les 147 dollars, les recettes ont atteint, selon l'APS, 78,23 milliards de dollars, soit une hausse de 30,04% par rapport à la même période. À ce propos, il est utile de rappeler qu'à ces importations, payées en devises fortes, il faudra ajouter l'exportation de capitaux au titre des bénéfices des sociétés étrangères opérant en Algérie. On peut d'ores et déjà en mesurer l'ampleur, en comparant le niveau des importations au cours des années 2007 et 2008, sachant que les bénéfices exportés par les sociétés étrangères en 2007, s'élevaient à 7 milliards de dollars. La structure de ces importations laisse apparaître qu'il s'agit de biens de consommation, dont certaines stratégiques, concernent la sécurité alimentaire du pays. En effet, plus de 8 milliards de dollars sont dédiés à l'acquisition de nourriture sur les marchés extérieurs, céréales, poudre de lait, aliments du bétail et même des fruits. À cette lourde facture, il faudra ajouter les 2 milliards de dollars destinés au soutien des prix des produits de première nécessité, dont le lait et le pain. Les pays voisins de l'Algérie ont nettement progressé dans l'industrie laitière ou agroalimentaire de façon générale. La Tunisie, depuis quelques années, a réussi à dégager un surplus à exporter en poudre de lait et en lait cru qu'elle propose à l'Algérie. Autre poste stratégique grand consommateur de devises, celui des médicaments dont l'importation a régulièrement progressé, passant d'un peu plus de 800 millions de dollars en 2004, à 1,2 milliard en 2006, puis 1,4 en 2007 pour atteindre 1,6 milliard de dollars pour les 11 premiers mois de l'année 2008. La facture des importations comporte des chapitres aussi divers que la pomme de terre de semence ou de consommation, les huiles végétales et les graisses, soit, au total, 85% des produits essentiels. À noter que le financement des importations par les lignes de crédit a diminué, toujours selon l'APS, passant de 3,4 milliards de dollars, en 2007, à 3,18 en 2008. Selon les données Cnis, le reste des importations a été financé grâce aux comptes devises propres, à concurrence d'environ 10% du total. Si la France vient en tête des fournisseurs de l'Algérie avec près de 6,5 milliards de dollars d'exportations, elle est suivie de près par l'Italie (4,34 milliards de dollars) alors que la Chine en fournissant pour près de 4 milliards de dollars de marchandises à l'Algérie, menace de plus en plus cette suprématie, en se classant nettement devant l'Allemagne et les USA. Malgré tout, les pays de l'UE restent les principaux fournisseurs de l'Algérie avec 51% des exportations et plus de 53% des importations. Les importations algériennes en provenance de l'UE ont progressé de plus de 44,5%, passant de 14,43, en 2007, à 20,84 milliards de dollars, alors que les exportations algériennes vers ce même bloc progressaient de 48,69%, durant la même période, pour atteindre 39,89 milliards de dollars. Les pays de l'OCDE (hors UE) viennent immédiatement après l'UE représentant 18,19% des importations algériennes (soit 7,12 milliards de dollars), et 36,93% des exportations, soit 28,89 milliards de dollars. Les échanges avec les pays d'Asie ont aussi nettement progressé, avec 10,99 milliards de dollars, affichant une croissance de 32,16%, éclipsant les échanges avec les pays de l'UMA qui sont passés d'un volume de 1,04 milliard de dollars en 2007, à 1,71 mds, avec tout de même un léger progrès, comme pour l'ensemble des pays arabes qui passent de 1,10 mds $ en 2007 à 1,57 mds $ en 2008. Ce qui laisse le champ libre à toutes les supputations concernant les relations économiques intermaghrébines ou entre pays arabes, au moment même où se déroule le Forum économique et social du Koweït. À titre de rappel, l'excédent commercial de l'Algérie pour l'année 2008, s'établit, selon le Cnis, à 39 milliards de dollars, en hausse de 20,12% par rapport à 2007, un excédent essentiellement dû aux recettes des hydrocarbures qui ont vu leurs cours s'envoler durant l'été, affichant des prix de 147 $ le baril, avant de plonger dès le début de l'automne, et passer en dessous de la barre des 40 dollars. Djamel Zidane