Le baril de Brent, variété de pétrole de la mer du Nord, la référence pour le pays, a atteint près de 78 dollars. Les recettes exportations vont atteindre un record l'année 2007 en cas de poursuite de bonne tenue des cours du brut d'ici à la fin de l'année. La question est de savoir si cette situation exceptionnelle est mise à profit pour entamer sérieusement le chantier de la diversification de l'économie. Les cours du brut ont amélioré jeudi leur record historique en progressant encore au-delà de 80 dollars à New York, et flirtent toujours avec les 78 dollars à Londres, sur un marché s'inquiétant déjà d'une pénurie au 4e trimestre. À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a réussi à progresser jusqu'à 77,86 dollars, un peu moins bien que la veille. La dynamique de hausse a reçu une impulsion mercredi avec l'annonce par le département américain de l'Energie (DOE) d'une baisse de 7,1 millions de barils des stocks américains de brut lors de la semaine achevée le 7 septembre, presque trois fois plus importante que les attentes. Cette nouvelle s'est ajoutée au scepticisme entourant la décision de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de pomper à partir du 1er novembre 500 000 barils de plus par jour qu'elle ne le fait actuellement. “La décision du cartel n'est pas parvenue à calmer le marché. Les investisseurs s'inquiètent déjà d'une éventuelle pénurie au 4e trimestre. Les experts disent pour la plupart que la hausse de production de l'Opep ne suffira pas à inverser la tendance de hausse des prix”, explique Michael Davies, analyste à la maison de courtage Sucden. Même si le pic de consommation estival est passé, les analystes ont tous les yeux rivés sur l'état des stocks mondiaux au 4e trimestre, qui coïncide avec une forte demande de produits de chauffage dans l'hémisphère nord. “Les fondamentaux du marché indiquent clairement qu'il y aura une très importante baisse des stocks mondiaux à la fin de l'année”, estime Simon Wardell, analyste chez Global Insight. Bonne nouvelle donc pour l'Algérie. Si les prix se maintiennent à ce niveau, l'Algérie engrangera en 2007 une série d'excédents financiers. Les recettes enregistrées au 1er trimestre indiquent déjà la tendance. En effet, Sonatrach a exporté pour 27 milliards de dollars, 26,81 milliards de dollars exactement, au 1er semestre de l'année en cours. Elles progressent à une cadence de plus de 4 milliards de dollars par mois. Le 1er semestre 2007 avait été clôturé avec un prix moyen pondéré du pétrole algérien (Sahara Blend) de 66,07 dollars le baril. Si cette tendance se confirme, l'Algérie va vers un nouveau record en termes de rentrées en devises en 2007, soit au-dessus de la barre des 54 milliards de dollars. Logiquement, les réserves de change, évaluées à 80 milliards de dollars à fin décembre 2006, vont augmenter, et certains estiment qu'elles pourraient atteindre les 100 milliards de dollars. Cette progression rapide des réserves de change de l'Algérie s'explique, d'une part, par l'augmentation en valeur des exportations d'hydrocarbures l'année en cours, permettant de consolider l'excédent de la balance des paiements (en dépit de la forme augmentation en valeur des importations ou en raison de la flambée de l'euro) et, d'autre part, par la baisse du volume de la dette extérieure, grâce aux remboursements, par anticipation entraînant une diminution très significative des versements au titre du service de la dette. Le service de la dette ne représenterait qu'environ 500 millions de dollars l'année en cours. C'est le paradoxe de l'économie algérienne. Normalement eu égard aux recettes pétrolières astronomiques qu'engrange notre pays, couplée à la réduction de la dette extérieure, un stock de 4 milliards de dollars, la croissance serait plus importante. L'économie, encore très dépendante des hydrocarbures, demeure vulnérable. Malgré la bonne tenue des indicateurs macroéconomiques, l'Algérie subit la persistance de fragilités structurelles, au premier rang desquelles la très forte dépendance aux revenus des hydrocarbures qui représentent 50% du PIB, 75% des revenus fiscaux et plus de 98% des exportations. La croissance que connaît le pays depuis 2002 apparaît pour partie artificielle dans la mesure où elle repose sur une demande publique, essentiellement nourrie par la manne pétrolière. L'économie nationale est encore peu diversifiée et ne dispose pas de secteurs de production à forte valeur ajoutée susceptibles de soutenir les exportations. De nombreux défis restent à relever pour les autorités du pays. Meziane rabhi