Avertissement : Que certains rêves soient véridiques ne devrait pas pousser nos lecteurs à accorder une importance excessive aux rêves ; il en est ainsi qui considèrent chacun de ses rêves comme étant “véridiques” (prémonitoire ou autre), qui vivent dans un monde quasi virtuel et qui, parfois, s'angoissent pour des causes bien légères. La portée des songes en islam (1re partie) La plus récente des grandes religions monothéistes a accordé au rêve et à ses interprétations une place considérable dans le plan du salut. Il est devenu un des canaux reliant les croyants au domaine du surnaturel. Le rêve en tant que tel n'est pas spécialement mis en avant ou valorisé ni surtout proposé aux croyants comme lieu d'une révélation qui leur serait adressée. En islam, au contraire, le rôle du songe à portée religieuse est souligné d'emblée. Il apparaît dans le Coran à plusieurs reprises : c'est par un rêve que Dieu ordonne à Abraham de sacrifier son fils. La vie de Joseph narrée dans la sourate XII est pareillement marquée par son propre songe, celui de ses deux codétenus, et celui de Pharaon. Certains rêves du Prophète Mohammed (QSSSL) sont explicitement mentionnés également. Le Prophète a en effet lui-même beaucoup rêvé. Ses expériences oniriques ont marqué autant sa vie publique – religieuse, politique, militaire — que ses engagements privés et sa vie conjugale. Mais les rêves vrais n'apparaissent pas comme un monopole prophétique. Le Prophète Mohammed (QSSSL) attachait aussi de l'importance aux rêves de ses compagnons immédiats. Tous les croyants participent de quelque manière à cette suffusion du message divin dans la Communauté. La pratique même du Prophète l'illustrait : il réunissait le matin ses principaux Compagnons et demandait si l'un d'entre eux avait rêvé. Parfois, ces récits de rêves ont pu exercer un effet sur la Loi ou la coutume religieuse. C'est suite aux songes convergents du Médinois Abd Allâh ibn Zayd et de Omar ibn El-Khattab que fut institué le rite de l'appel à la prière, l'adhan. De même, la détermination de la position de la Nuit du Destin durant les sept derniers jours du mois de Ramadhan a-t-elle été le résultat d'une série de rêves de Compagnons en ce sens, avalisée ensuite par le Prophète. Il arrivait que le songe du Prophète et celui d'un autre croyant fussent en concordance... Bref, on constatait comme une suffusion onirique collective dont le Prophète était le pivot et le garant mais non le seul acteur. Bien plus, il a affirmé que le rêve du croyant en général, après sa mort, continuerait à représenter d'authentiques messages du monde d'en haut. Plusieurs affirmations fondamentales à ce sujet sont à mentionner : - Après sa mort, “il ne restera de la prophétie que les bonnes nouvelles”, soit “les rêves vus par le croyant ou vus pour lui par une autre personne”. - “Le rêve est la quarante-sixième partie de la prophétie”. - “Celui qui m'a vu (Mohammed, QSSSL) en rêve, m'a vu en réalité, car Satan ne peut prendre mon apparence”. En d'autres termes, Dieu continuera à communiquer ses messages aux croyants après la fin de la mission prophétique. Son message fondamental pourra être actualisé et personnalisé indéfiniment pour la multitude des croyants. Et si le Prophète apparaît en personne en songe à un croyant, son message est sûr et ne peut tromper. (À suivre)