La guerre de communiqués à laquelle se sont livrés récemment le président de l'APW de Béjaïa, M. Hamid Ferhat, d'obédience FFS, et le FLN, cache mal la crise latente qui couve au sein de l'alliance, qualifiée de “contre nature”, conclue entre les deux partis au niveau de l'Assemblée populaire de wilaya, au lendemain des élections locales du 29 novembre 2007. Après une année de cohabitation conjoncturelle plus ou moins sereine, cette coalition hétéroclite bute sur des divergences éminemment politiques liées à la position des uns et des autres par rapport à la présidentielle d'avril prochain. Tout a commencé la semaine écoulée, lorsqu'un groupe d'élus et de cadres du FLN avait pris part aux festivités commémoratives organisées au siège de la wilaya par les responsables locaux de la famille révolutionnaire (organisations des moudjahidine et des enfants de chouhada…) à la mémoire de certains officiers martyrs de la glorieuse ALN, et ce, en présence des représentants des autorités locales. Cédant à ses impulsions, comme à l'accoutumée, le président de l'APW de Béjaïa a aussitôt décidé de réagir en rendant publique une déclaration au vitriol, à travers laquelle il descendra en flammes les organisateurs de cette journée commémorative, qu'il accuse d'“avoir souillé la mémoire des vrais martyrs de la Révolution”. “Après avoir subtilement couvert la dernière forfaiture constitutionnelle par une pseudo-protection des symboles de la Révolution, l'Organisation des moudjahidine de Béjaïa associée avec l'administration et les organisations d'enfants de chouhada, à l'intérieur d'une institution publique (wilaya) et aux frais du contribuable, voilà qu'on convoque honteusement, encore une fois, le sang des martyrs de la Révolution à la rescousse d'une hypothètique élection présidentielle sans électeurs, ni candidats pour prier sa majesté le roi à garder sa couronne”, écrit Hamid Ferhat dans sa déclaration. “N'ayant aucune crédibilité et ne pouvant rien avec l'intrigue et la manipulation devant la prise de conscience des Algériens sur la gravité de la situation que traverse le pays, le pouvoir, à travers ses relais, s'en remet, comme par défi, à la recherche d'une introuvable légitimité populaire pour sa survie en garnissant la future échéance que la population a d'ores et déjà disqualifiée”, lit-on par ailleurs, dans le même document. Ne pouvant pas laisser passer de tels propos jugés “très graves”, les responsables du FLN de Béjaïa n'ont pas tardé à riposter, en dénonçant, par le biais d'une déclaration, “la portée attentatoire et incendiaire de la déclaration du président de l'APW de Béjaïa”. “Les élus FLN à l'APW se trouvent, encore une fois, choqués devant l'extrême gravité du contenu d'une déclaration porteuse d'un préjudice sans précédent à l'encontre de militants authentiques et sincères investis d'une noble mission d'édification et de développement de notre wilaya. Comme nous condamnons vivement ce sinistre écrit, nous nous déclarons résolument mobilisés pour la réussite du candidat du FLN, le frère moudjahid Abdelaziz Bouteflika”, notent les rédacteurs d'une déclaration conjointement signée par le chef de groupe des élus FLN, le vice-président de l'APW, issu du même parti, et la mouhafadha de Béjaïa. Suite à ces échanges d'“amabilités” qui en disent long sur les divergences de fond entre les deux partis, des observateurs avertis de la scène politique locale prédisent un avenir incertain pour la fragile alliance FFS-FLN qui préside aux destinées de l'APW de Béjaïa. Cela va sans dire que cette majorité bicolore qui aura jusque-là survécu aux coups de boutoir d'une opposition non moins farouche, risque de se voir disloquée dans un avenir prochain. KAMEL OUHNIA