La sénatrice française, Samia Ghali, a provoqué un incendie et n'a fait que l'attiser quand elle a soufflé dessus dans une tentative de l'éteindre. Comme nous l'écrivions dans ces colonnes, l'élue marseillaise est sortie du bureau de Bouteflika tout émoustillée et heureuse. Fascinée comme une gamine qui venait de rencontrer son héros mythique, tout droit sorti d'un livre. Un héros sans lequel l'Algérie va irrémédiablement s'écraser au fond de l'abîme. Sans successeur possible. Ou au moins faudra-t-il à cet improbable successeur obtenir l'onction de l'irremplaçable héros. Voilà donc Bouteflika instaurant un pouvoir dynastique dont il serait le premier de la lignée. On ne va pas se joindre à la curée et accabler la jeune fille des quartiers pauvres de Marseille devenue par le suffrage universel élue de la République et siégeant aujourd'hui sous les ors du très prestigieux palais du Luxembourg. L'ascension a peut-être suscité le vertige et provoqué des hallucinations. Répétons ce que nous avons déjà écrit dans ces colonnes : en la recevant avec la délégation marseillaise qui a traversé la Méditerranée, le Président n'a pas livré de confidences. Propos banals, mais courtois, écrivions-nous. Et qui plus est dénotant (au risque de surprendre) une certaine humilité. Interrogé sur cette improbable succession, Bouteflika a admis que l'Algérie n'est pas (qui ne le sait pas ?) un désert de compétences. À titre d'illustration, il a évoqué un nom. Ecoutons ce que dit la sénatrice sur la radio Beur FM. “Il a évoqué effectivement le nom de la personnalité, il l'a dit qu'il la voyait (il n'a pas dit qu'il la voyait comme présidente de la République), mais il a dit qu'elle avait le charisme pour pourvoir y prétendre.” Pour garder entier le mystère, la sénatrice a refusé de dévoiler le nom de cette personnalité. “Je ne peux pas vous dire. Vous comprenez bien que je ne peux pas me permettre de dévoiler mes conversations, parce qu'il a fait confiance”, a-t-elle simplement ajouté. Perfidie. En réalité, le mystère n'est pas si épais que cela, puisque le nom de la personnalité a été entendu par les membres de la délégation. Et qui donc a été ainsi couvert de lauriers par le chef de l'Etat ? Il faut peut-être examiner l'Alliance présidentielle. Plusieurs fois Premier ministre, ministre de la Justice, directeur de Cabinet à la Présidence, diplomate et chef de parti, Ahmed Ouyahia présente un indéniable profil. Mais non, ce n'est pas lui qui a été évoqué. Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, président de l'Assemblée nationale, député et chef de parti, Abdelaziz Belkhadem peut aussi avoir le profil, selon les critères en cours. C'est raté ! Abou Djerra, autre pilier de l'Alliance présidentielle ? Passons ! Certains ont évoqué Saïd, le frère du Président qui hante depuis dix ans le palais d'El-Mouradia, et lui prêtent des ambitions politiques. Que nenni ! Un premier indice pour éviter de visiter le catalogue de toutes les personnalités politiques : Bouteflika a évoqué une femme aux convictions granitiques et au sens patriotique. On vous le dit tout de suite, ce n'est pas Khalida Toumi. Les éloges présidentiels couvraient généreusement... Louisa Hanoune. Le reste n'a été qu'interprétation de la sénatrice. A. O.