Le jumelage des communes de Sidi M'hamed, l'une des plus riches de la capitale, et de Bounouh, une commune détachée de Tizi Ouzou, constitue une première au sein des collectivités locales du pays. Le jumelage, dont la convention a été signée il y a quelques jours à Alger, a été suivi par le déplacement, le jour du Mawlid Ennabaoui, d'une forte délégation de l'APC de Sidi M'hamed dans la commune de Bounouh, daïra de Boghni. Le conseil exécutif, les membres, les fonctionnaires, les représentants du mouvement associatif et de la société civile étaient du voyage avec comme but de concrétiser cette convention qui s'inscrit en droite ligne avec les orientations des hautes instances du pays en matière de solidarité entre les communes. Il faut dire que le paraphe du document qui lie désormais les deux communes est le fruit de trois années d'approche et de concertation ayant suivi l'organisation en 2006 du séminaire sur la vie du Saint Sidi M'hamed El-Azhari El-Guechtouli. C'est en quelque sorte le point de départ de cette union que les responsables des deux collectivités locales ont voulu placer sous la bénédiction du Saint patron qui veille sur Sidi M'hamed et Bounouh. L'accueil à l'arrivée de la délégation est haut en couleur. Officiels et civils sont devant le siège de l'APC pour souhaiter la bienvenue et exprimer la joie des retrouvailles. La délégation aura d'emblée le plaisir de se familiariser avec les artistes de la poterie, ces mains créatrices de merveilles à partir de la simple argile. Une panoplie d'ustensiles de cuisine qui retient l'attention de tous les présents. La commune compte développer cette activité traditionnelle en instaurant une exposition annuelle de la poterie dont la région recèle des talents. Le maire, Rabah Makhlouf, dans un discours teinté d'émotion ne peut s'empêcher de déclarer que le projet du jumelage lui tenait à cœur depuis trois ans. “C'est grâce à la persévérance du frère Bourouina qu'il a abouti et je tiens au nom de tous les citoyens de Bounouh à l'en remercier car je reste convaincu que ce projet ne sera que bénéfique pour nous tous”, dira-t-il. Et de rappeler les principaux points de la convention, à savoir la formation du personnel de l'APC dans les diverses activités administratives, les échanges dans les domaines culturel, scolaire, jeunesse et sport de proximité, loisirs et autres en fonction bien sûr des moyens et des besoins. Réceptif au message de son collègue, le P/APC de Sidi M'hamed, Mokhtar Bourouina, répondra que le jumelage se veut concret car émanant de l'esprit même du saint des deux communes “qui a consacré sa vie à prêcher la parole de Dieu dans les pays musulmans qu'il a traversés”. Le maire a tenu à préciser que c'est là une première dans la mesure où le jumelage tel que pratiqué traditionnellement se fait entre des villes de pays amis mais étrangers. “C'est un jumelage algéro-algérien dans l'intérêt de deux communes mues par l'esprit de solidarité”, souligne-t-il. Pour sa part, le chef de daïra de Boghni, récemment installé, s'est dit prêt, tout en félicitant la louable initiative relative à la convention, à apporter tout le support nécessaire pour la réussite de ce projet. La collation offerte au nouveau siège de l'APC encore en construction est assez originale avec la galette, l'huile d'olive et les délicieuses figues sèches. Une pause que choisira le maire de Sidi M'hamed pour annoncer que les équipements sont à la charge de sa commune. L'enveloppe allouée à cette opération sera dégagée et adoptée lors du prochain conseil municipal. Histoire de donner le premier coup de manivelle à la convention. Ce à quoi les représentants de Bounouh n'ont pas manqué de renouveler leur soutien au candidat Abdelaziz Bouteflika. La délégation s'est rendue ensuite au mausolée du saint des lieux devant une foule innombrable de fidèles. Une noria d'hommes et de femmes de différentes générations n'arrivant pas à contenir les ribambelles d'enfants tourne autour du maqâm en attendant son tour d'aller faire ses vœux qui pour la bonne santé qui pour avoir un enfant ou carrément réussir dans la vie. L'endroit ne désemplit pas à longueur d'année. À plus forte raison durant les fêtes religieuses. Cependant, ces lieux très visités présentent un désavantage pour ceux qui s'y rendent. La route est, en plus de son exiguïté, impraticable par endroits. Le village de Baali dans le arch des Ath Smaâl dont est natif Sidi M'hamed manque de beaucoup de commodités auxquelles la commune, au vu de ses modestes revenus, ne peut faire face. Le projet de la route devant contourner Bounouh est un moyen sûr pour tuer toute activité notamment commerciale et donc par ricochet, le développement de la commune, celle-ci ne disposant d'aucun atout naturel. Une constellation de 23 villages au pied de Thala Guilef sous son manteau blanc attend en cette période faste que les autorités concernées regardent de leur côté comme vient de le faire la commune de Sidi M'hamed. ALI FARéS