L'ex-président réformateur iranien Mohammad Khatami a décidé de se retirer de la course à la présidentielle du 12 juin, pour, a-t-il dit, renforcer les chances du modéré Mir-Hossein Moussavi contre le président sortant ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. La course étant serrée, y compris pour le président sortant, candidat de l'establishment religieux et militaire, Khatami a expliqué son désistement par le fait qu'il souhaitait éviter l'éparpillement des voix entre un trop grand nombre de candidats réformateurs. Son retrait ne laisse plus en lice que l'ex-Premier ministre modéré Mir-Hossein Moussavi et l'ex-président du Parlement réformateur Mehdi Karoubi. Et, bien sûr, le président Ahmadinejad qui a choisi de tenir en haleine tout le monde en ne faisant pas encore part de ses intentions. Mais, il ne faut pas se laisser berner, Ahmadinedjad sera de la partie. En outre, l'ex-président Khatami a, semble-t-il, pris conscience qu'il n'a aucune chance, lui, qui avait gaspillé son crédit une année seulement après sa prise de pouvoir. Celui-ci bénéficie d'un crédit aussi bien auprès des conservateurs que des réformateurs. Il ne tombe pas du ciel, c'est un fils de la révolution islamique. Peu après 1979, il a servi comme Premier ministre de la République islamique, de 1981 à 1989, date à laquelle ce poste a été supprimé à l'occasion d'un changement de la Constitution. Il a ensuite conseillé, dans l'ombre, les deux prédécesseurs d'Ahmadinejad : le conservateur pragmatique Akbar Hachémi Rafsandjani (1989-1997) puis. Khatami (1997-2005). Khatami avait annoncé sa candidature en février, tout en expliquant avoir pris cette décision à contrecœur. Président de 1997 à 2005, ses deux mandats ont été marqués par des tentatives de réformes, qu'il n'a pas mené, souvent mises en échec par les conservateurs mais aussi par manque de volontarisme politique de sa part. Nombre de ses partisans réformateurs ont été déçus par ce qu'ils ont pris pour un manque de courage politique, notamment son absence d'opposition à la répression menée par les milices islamistes contre des étudiants contestataires en 1999. La presse a pu respirer un peu, le pays s'est ouvert aux investissements et les relations avec l'Occident se sont radoucies. La tendance s'est inversée nettement avec Ahmadinejad. Les candidats à la présidentielle devront s'enregistrer auprès du ministère de l'Intérieur à partir du 5 mai. Il reviendra ensuite au Conseil des gardiens de la Constitution, un organe dominé par les conservateurs, de confirmer la validité de ces candidatures. D. B.