Dans une correspondance adressée aux autorités civiles et militaires de la wilaya de Tlemcen, les agriculteurs de la bande frontalière dénoncent les pressions qui sont actuellement exercées par des cercles occultes frontaliers inféodés aux cartels de la drogue marocaine implantés des deux côtés de la frontière. Démasqués et identifiés par les fellahs de la région sur lesquels ils ne cessent de faire pression pour entraver toute initiative en matière de développement économique et durable, ces cercles, qui recèlent en leur sein de nombreux hommes politiques locaux à la solde du Maroc, dirigent des entreprises locales où l'argent sale de la contrebande et de la drogue est réinjecté dans le foncier et l'immobilier illicites de la région au détriment de l'agriculture locale et régionale. Notre combat, déclarent les fellahs dans cette correspondance dans laquelle ils dénoncent les fréquentes incursions marocaines sur leurs terres, ainsi que les complots fomentés contre eux par les trafiquants algériens à la solde du Makhzen marocain. Après avoir dénoncé la spoliation des terres algériennes par des Marocains et les rejets toxiques en provenance d'Oujda, ils viennent de monter au créneau pour dénoncer cette fois d'autres rejets toxiques déversés en direction du périmètre irrigué de la plaine de Maghnia, mais cette fois en provenance de Béni Drar, une autre ville marocaine située à l'opposé d'Oujda. La région est livrée à la vindicte des Marocains et des trafiquants à leur solde, se plaignent les agriculteurs dont l'un d'eux jure que s'il pouvait déplacer ses terres au niveau d'une autre wilaya, il le ferait. La semaine dernière, font-ils savoir, une famille de fellahs du nom de Bouhassoune, dont l'un des membres n'est autre que le président de l'UFIA de la wilaya, a été pris à partie par deux trafiquants équipés de portables et de jumelles qui s'étaient présentés à l'entrée de leur exploitation en vue de la traverser pour rejoindre un poste d'observation situé à portée de vue d'un poste marocain. Devant le refus des propriétaires des lieux, ils défonceront le portail d'entrée de l'exploitation avant de s'enfuir. Pendant que la famille Bouhassoune s'occupait à faire constater par un huissier de justice les dégradations commises par les deux contrebandiers, ces derniers s'étaient tout droit dirigés vers la brigade de gendarmerie de Maghnia pour aller déposer une plainte pour menaces et insultes à l'encontre de l'un des membres de cette famille qui ne réside pas sur les lieux. Quelle ne fut la surprise du président de l'Union des fellahs indépendants de la wilaya de savoir que c'était sa personne qui avait été ciblée par ces trafiquants à la solde du Makhzen par le biais de cette intrusion à l'intérieur de l'exploitation agricole de sa famille. Interrogé à propos de ces pressions, M. Bouhassoune Abdelhamid est catégorique : “Nous ne laisserons personne saboter notre région et moins encore les Marocains qui viennent de nous gratifier d'un nouvel oued de rejets toxiques en provenance de Béni Drar, en plus de celui d'Oujda qui continue de polluer nos terres et notre barrage. Ce nouvel oued de rejets toxiques, explique-t-il, coulait initialement en direction de la plage marocaine de Saïdia, et les Marocains l'ont détourné en direction de celui d'Oujda qui se déverse actuellement dans l'oued Mouillah qui, lui, va directement alimenter le barrage de Hammam Boughrara. Le secteur de l'agriculture dans la région est confronté à de sérieux problèmes actuellement. Il est sous la coupe d'un véritable lobby où se mêlent et s'entremêlent de nombreux réseaux qui œuvrent dans la clandestinité et dont l'unique objectif est la sauvegarde de leurs monopoles. Le gagne-pain de nos générations futures fait l'objet d'un véritable massacre à ciel ouvert sans que personne ne daigne lever le petit doigt ; il y a vraiment de quoi s'inquiéter lorsqu'on constate que plus de la moitié du périmètre irrigué de la plaine de Maghnia, qui se prolonge avec celle des Angads (Maroc), a disparu sous le béton des constructions et les dépôts de contrebande qui ceinturent la ville et se propagent en direction de la ville d'Oujda, située à quelques centaines de mètres de la localité frontalière de Msamda”, termine notre interlocuteur.