Le Dr Abdellah Bessalem, président de la Fédération algérienne de boxe, de la Confédération africaine de boxe et vice-président de l'Association internationale de boxe amateur, brigue un mandat à la présidence du COA dont les élections sont prévues normalement pour ce jeudi. Cependant, pour lui, le moment n'est certainement pas propice pour l'organisation du scrutin. Il en explique les raisons dans cet entretien exclusif accordé à Liberté. Liberté : À la veille des élections du Comité olympique algérien (COA), la tension est toujours persistante entre les différentes parties en course. Comment appréciez-vous aujourd'hui, de votre côté, cette situation ? Dr Abdellah Bessalem : Actuellement, la situation est très conflictuelle. Ceux qui appellent à la sagesse et à la raison devraient, à mon sens, joindre le geste à la parole. À ce titre, 38 fédérations olympiques et non olympiques, qui représentent quelque 110 voix sur les 152 que compte la composante de l'assemblée générale du COA, ont clairement affiché leur souhait de voir les élections reportées à une date ultérieure afin d'assainir la situation et de regrouper tout le monde autour d'un débat fécond pour extirper les divergences majeures entre les parties concernées. Ce débat doit avoir comme cadre une assemblée générale extraordinaire durant laquelle il est important de dissiper les malentendus et de dépasser les luttes intestines. Pourquoi nous disons cela ? Tout simplement parce qu'il est impératif de ne pas aller à des élections à un moment où les dissensions sont trop importantes et que les deux tiers de l'AG réclament le report des élections. Si nous partons à des élections dans une situation d'impasse pareille, cela va engendrer inéluctablement des mécontents et des recours a posteriori, ce qui ne servira certainement pas le mouvement sportif algérien qui a besoin de sérénité. Il s'agit pour vous donc d'éviter un faux départ, n'est-ce pas ? Tout à fait. Je pense qu'avant d'aller aux élections, il faut organiser ce débat en pleine plénière pour amener toutes les parties à un consensus. À l'issue de ce débat, les membres de l'assemblée générale décideront en toute souveraineté de la meilleure manière d'organiser les prochaines élections. C'est une façon idoine de restaurer la confiance entre tous les membres du Comité olympique algérien. C'est aussi la meilleure démarche pour assurer la transparence du prochain scrutin. Sans cela, chacun restera campé sur ses positions. Avez-vous saisi la direction du COA par rapport à cette doléance ? Oui, il faut savoir que les 38 fédérations ont rédigé déjà un courrier officiel dans lequel elles demandent le report des élections. Ce courrier a été remis à la direction du COA. Et quelle a été la réponse du COA ? Il est malheureux de constater que cette doléance émanant, rappelons-le, des deux tiers de l'assemblée générale n'a pas bénéficié de toute l'attention voulue sous prétexte que l'AG a déjà tranché la date de la tenue de ces élections. Or, faut-il rappeler que la tenue de ces élections a été décidée par une composante de l'assemblée générale qui n'est plus la même aujourd'hui puisque la majorité des fédérations ont changé de direction, conformément au décret 05/405, et cette majorité justement réclame le report. On ne peut raisonnablement pas faire abstraction d'une telle donne quand on veut regrouper tout le monde autour d'un objectif primordial qui est celui de la sauvegarde des intérêts du mouvement sportif algérien. Je pense que la sagesse aurait voulu que le COA fasse preuve de largesse d'esprit pour réunir les meilleures conditions d'un scrutin libre et transparent. Il faut savoir, qu'importe le prochain vainqueur des élections, le plus important, c'est de garantir au prochain comité directeur le soutien de la base, ce qui est difficilement réalisable dans une situation pareille. Comment peut-on se prévaloir de la souveraineté de l'AG quand la composante de cette même AG n'est plus la même aujourd'hui ? À travers cette démarche, le COA a provoqué une épreuve de force. Pour preuve, une AGE est annoncée le 4 décembre passé, cette dernière ne se tient pas… Une AGE est convoquée le 9 janvier dernier, mais elle n'épuise pas l'ordre du jour qui devait, statutairement, être le sien, à savoir la présentation des bilans de fin de mandat et l'organisation des élections. À l'issue de ces assises, le COA vit depuis un fait inédit, inique et unique en la matière. Pourquoi ? Parce que sa direction exécutive a remis son mandat, tout en restant aux commandes, en avançant le principe de “la session ouverte” qui ne trouve en réalité son application que durant le mandat. Cette notion de session ouverte ne possède aucun ancrage légal ni réglementaire. Nonobstant la problématique de la régularité ou de l'irrégularité des résolutions y découlant, il est, toutefois, légitime de se questionner : cette AG, dont la mandature a statutairement expiré le jour de la tenue de l'AG (9 janvier 2009), pouvait-elle engager la nouvelle composante du COA découlant du renouvellement des fédérations par des résolutions prises en son absence ? Pourquoi toute cette tension à votre avis ? Il est clair que ces élections suscitent des convoitises, mais cela ne doit pas engendrer des dérapages et autres dissensions. Considérez-vous que M. Berraf est un candidat comme tous les autres dès lors qu'il est aussi partie prenante dans le comité d'organisation des élections ? Naturellement, tout candidat sortant tente de mettre au profit une situation qui lui est plutôt favorable. M. Berraf utilisera certainement des moyens légaux pour pouvoir être réélu et je ne pense pas qu'il franchira le Rubicon. Pourquoi avoir choisi aujourd'hui d'être candidat à un moment où beaucoup pensent que les jeux sont déjà faits ? Pour ma part, je pense que les jeux sont loin d'être faits et je fais confiance à la nouvelle composante de l'AG pour provoquer le changement. En fait, depuis 2001 à ce jour, à quoi assistons-nous ? Pour y répondre, nul besoin de s'éterniser dans la réflexion : nous vivons, de plus en plus, une volonté délibérée pour asseoir une hégémonie au nom de la charte olympique pour s'opposer aux lois et à la législation du pays. Nous assistons passifs, complices dans certains cas, à l'instauration d'une mandature, nouvelle de surcroît, fondée sur l'exclusion. Allons-nous continuer sur cette voie ? Allons-nous accepter que le mouvement sportif national, par ses deux vecteurs, que sont le mouvement sportif fédéral et le mouvement olympique, demeure domestiqué et caporalisé ? Après une longue concertation, engagée avec nos collègues des fédérations olympiques et non olympiques ainsi qu'avec des personnalités sportives connues et réputées, nous avons conclu qu'il fallait s'opposer à toute forme d'exclusion, qu'il fallait s'opposer à la politique du fait accompli, de la nécessité d'œuvrer tous ensemble pour renouer avec la légalité. Nous avons aussi débattu l'idée d'un regroupement devant instaurer une nouvelle voie avec une nouvelle vision, loin de toute division qui singularise notre mouvement olympique depuis une décennie, une voie de rassemblement. Cette voie se traduit par le dépôt de ma candidature pour la présidence du COA. S. L.