Synthèse de la Rédaction de la santé Le virus A(H1N1) de la grippe porcine continue de progresser et de faire des victimes. D'après les dernières données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publiées mercredi dernier sur son site Internet, le virus a tué 1 799 personnes dans le monde. Le continent américain, où la maladie a fait son apparition fin mars, paye le plus lourd tribut avec 1 579 décès sur 105 882 malades répertoriés. L'Asie du Sud-Est suit avec 106 décès pour 13 172 cas. Puis l'Europe, où la maladie a fait 53 morts pour un nombre de malades évalué à plus de 32 000. La région du Pacifique de l'Ouest déplore, quant à elle, 50 décès et 27 111 cas. Au total, d'après le comptage non exhaustif de l'Organisation, plus de 182 166 personnes dans plus de 170 pays sont atteintes de la grippe d'origine porcine, humaine et aviaire. Selon des experts médicaux, l'Afrique est mal préparée face à l'épidémie de grippe A(H1N1). «En effet, avec ses services de santé défaillants et ses maladies endémiques, l'Afrique semble mal préparée à affronter l'épidémie de grippe porcine et évaluer son étendue sur le plus pauvre des continents.» L'épidémie due au virus A(H1N1) a tué pour la première fois en Afrique en juillet dernier. L'Afrique du Sud a recensé six morts et près de 3 500 malades, tandis que l'île Maurice a fait état de trois morts et l'Egypte d'un. Des cas de grippe porcine ont aussi été confirmés au Botswana, au Gabon, au Kenya, à Madagascar, en Namibie et au Swaziland, mais aucun décès n'a été enregistré dans ces pays. A ce jour, l'Afrique est le continent le moins touché par cette maladie, qui a fait dans le monde près de 1 500 morts sur les 177 457 malades répertoriés. Mais elle apparaît comme un terrain très fertile pour ce genre de virus, estime Ed Rybicki, virologiste à l'université du Cap (sud-ouest). Selon cet expert, «la malnutrition et autres maladies liées à la pauvreté rendent les gens plus vulnérables à n'importe quel type de grippe». «L'Afrique sub-saharienne représente 66% des cas de la pandémie VIH/sida, 31% des cas de tuberculose et 86% des cas de paludisme» dans le monde, développe Luis Gomes Sambo, directeur régional pour l'Afrique de l'OMS. D'après ce spécialiste, il manque 31 millions de dollars (22 millions d'euros) en Afrique pour pouvoir répondre de manière concrète à l'épidémie de grippe porcine. «Jusqu'à présent, seulement 700 000 dollars (493 000 euros) sont disponibles et il sera difficile d'obtenir des fonds déjà réservés à d'autres programmes de santé publique», estime Luis Gomes Sambo. L'OMS a mis en place à Brazzaville une équipe chargée d'assurer et de coordonner la surveillance dans les pays africains afin que les cas de grippe porcine soient détectés rapidement. Des centres régionaux au Zimbabwe, au Gabon et au Burkina Faso doivent relayer cette initiative. Mais pour Ed Rybicki, il est fort probable que les cas ne soient pas répertoriés en raison du manque de ressources dans de nombreux pays du continent noir. «L'impact de l'épidémie actuelle va être sous-estimé comme cela a été le cas pour la grippe de 1918-1920», souligne-t-il.Les pays d'Afrique australe sont cependant plutôt bien lotis, à la différence du reste du continent, avec un laboratoire d'analyses en Afrique du Sud, la première puissance économique du continent. Ce pays a installé des détecteurs de température dans les aéroports internationaux, et un centre d'appel a été mis en place pour répondre aux préoccupations du public. Des écoles privées ont avancé la date des vacances scolaires après avoir enregistré des cas de grippe porcine, mais les établissements publics sont restés ouverts.L'OMS, qui a déclaré la première pandémie de grippe du XXIe siècle le 11 juin, précise que les données concernant le nombre des malades sont bien en dessous de la réalité étant donné que les pays les plus touchés ne sont plus tenus de procéder à des analyses et des statistiques systématiques. Seuls les premiers cas ainsi que les statistiques de cas mortels doivent être obligatoirement signalés à l'organisation. Par ailleurs, le Yémen et le Koweït ont enregistré leurs premiers cas mortels de grippe porcine avec le décès d'un Yéménite de 40 ans et d'un Koweïtien d'une vingtaine d'années, selon les autorités des deux pays. De son côté, le sultanat d'Oman a décidé de reporter la rentrée scolaire pour décembre en raison de la grippe porcine. Prévue initialement pour le 29 août, la rentrée scolaire pour le cycle primaire a été reportée jusqu'au 26 décembre prochain au sultanat d'Oman afin d'éviter les risques de contamination par le virus A(H1N1) de la grippe porcine, a rapporté mercredi dernier l'agence de presse Ona. «La décision concerne aussi bien les écoles publiques que privées ainsi que les jardins d'enfants», ajoute cette source. Le sultanat d'Oman a comptabilisé 577 cas de grippe porcine mais aucun cas mortel n'a été signalé.