Qui ne se souvient de Hassaine Mohamed, ce journaliste correspondant du quotidien Alger Républicain, enlevé et assassiné un jour de Ramadhan ; c'était un lundi 28 février 1994. Il faisait partie des premiers journalistes francophones de la wilaya de Boumerdès ayant contribué à la presse indépendante. Il écrivait souvent sur les problèmes et préoccupations des citoyens des régions pauvres et déshéritées de l'Algérie profonde. Enlevé à 7h30 du matin, près de chez lui, dans sa commune natale Larbaâtache, alors qu'il se rendait à son travail, il était âgé de 49 ans. À ce jour, ni sa femme ni sa famille, ni même ses trois enfants, orphelins, ne savent ce qui lui est arrivé. Avant-hier, à la veille de la célébration de la Journée de la presse au stade de Boudouaou, à l'occasion du tournoi de football organisé en sa mémoire par la presse locale de Boumerdès, sous l'égide de la wilaya et la contribution de l'APC de Boudouaou, nous avons rencontré sa femme qui était l'invitée d'honneur pour la circonstance. Mme Hassaine, toute déçue et frustrée mais fière de son mari martyr de la plume et de la presse indépendante, nous a parlé de cette fatidique journée, tragique, où son mari Hassaine Mohamed est sorti tôt le matin pour aller au travail et n'est jamais revenu. “On était en plein Ramadhan, c'était un lundi quand mon mari Mohamed, correspondant à Alger Républicain, est sorti à 7h30 du matin pour aller au travail. Le soir nous l'avions attendu comme d'habitude pour rompre le jeûne ensemble, mais malheureusement, il n'est pas rentré et depuis on ne l'a plus jamais revu. On a su par la suite qu'il avait été enlevé par des individus à quelques mètres de la maison”, nous a dit sa femme. Et d'ajouter : “Il a laissé trois garçons, le plus jeune avait juste 45 jours, aujourd'hui il a 15 ans, mon mari était simple, gentil, très modeste et très estimé. Il défendait les pauvres gens, ces articles étaient tous consacrés aux pauvres, aux gens qui souffrent, aux travailleurs lésés et déprimés. Il travaillait aussi à la DAS de Boumerdès où il était technicien supérieur en agronomie avant d'être promu ingénieur. Aujourd'hui, il n'est plus car des mains sauvages et entachées de sang lui ont ôté la vie parce qu'il était tout simplement journaliste, défendeur des droits de l'Homme.” Mme Hassaine nous a même révélé que “Mohamed a été menacé à plusieurs reprises, il recevait des lettres anonymes de menace de mort, mais il ne me l'a jamais dit”. elle ajoutera :“Mon mari est parti à cause de cette décennie noire, ni moi ni mes enfants n'avons bénéficié de quoi que ce soit, j'ai adressé plusieurs lettres pour réclamer mes droits et les droits de mes enfants, mais à ce jour aucune réponse favorable. Ni les ex-chefs de daïra de Khemis El-Khechna ni les ex-P/APC Larbaâtache ne m'ont accordé une faveur. Je suis victime du terrorisme, et j'ai fait des tas de dossiers, même celui dans le cadre de la réconciliation nationale, à ce jour mes lettres sont restées sans réponse. Je me demande est-ce que mon mari qui a lutté avec sa plume durant toute sa vie est un Algérien ou un étranger. Pourquoi certains ont bénéficié de beaucoup de faveurs sauf mon mari. Je demande seulement un toit pour mes enfants et mes droits de victime de terrorisme”. Mme Hassaine, qui était invitée à assister au tournoi en la mémoire de son mari, a eu une courte discussion avec le wali de Boumerdès, qui, selon Mme Hassaine, lui a promis qu'il prendra son affaire en considération.