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GRAVES MENACE SUR LES LIBERTES
Publié dans Liberté le 27 - 08 - 2003

Ces trois derniers jours, la chasse aux journaux menée par le pouvoir a évolué en une guerre ouverte et franchement déclarée à toutes les libertés démocratiques.
En effet, après les fausses factures d'impression invoquées et les diverses tentatives de déstabilisation des journaux, notamment par l'envoi de missions d'inspections administratives, les pouvoirs publics recourent à des procédés illégaux et mettent en avant des prétextes encore plus fallacieux que l'argument commercial initialement brandi. Alors que Mohamed Benchicou, le directeur du Matin, rentrait de France, samedi soir, et s'apprêtait à régler la dernière facture réclamée à son journal pour permettre à celui-ci de retrouver ses lecteurs dès le lendemain, un véritable guet-apens lui était tendu à l'aéroport d'Alger et tout un scénario allait être monté de toutes pièces pour motiver son arrestation et empêcher ainsi la reparution du Matin
Le pouvoir accentue la pression sur la presse
Désapprobation générale
Hier, c'était au tour de Farid Alilat, le directeur de Liberté, de recevoir une convocation de la police judiciaire. Deux officiers s'étaient déplacés au siège de notre journal vers le milieu de l'après-midi.
Motif : Liberté aurait publié un article diffamatoire. L'identité de la personne diffamée ? L'article incriminé ? On n'en sait rien et on en saura probablement plus aujourd'hui lorsque le directeur du journal reviendra du commissariat. Si toutefois il en revient, car au point où en est le bras de fer entre la presse libre et le pouvoir, ce dernier pourrait considérer qu'il n'aurait rien à perdre à poursuivre, sans coup férir, sa politique de terre brûlée. Il aurait d'ailleurs raison d'autant qu'il s'expose à présent au regard du monde dans sa totale nudité.
C'est cela qui, sans doute, a fini par convaincre la classe politique nationale, les organisations syndicales et autres à saisir les enjeux de ce bras de fer.
En témoignent les réactions des uns et des autres, qui estiment que les libertés citoyennes sont, plus que jamais, menacées que le combat doit être celui de toute la société et que, pour leur part, ils se tiennent prêts à y apporter leur contribution. Voici les résumés des réactions enregistrées durant la journée d'hier.
Abdelmadjid Sidi Saïd (secrétaire général de l'UGTA)
“Il faut que cette agression contre la presse cesse ou tous les fondements de la démocratie en Algérie risquent de s'effondrer. On ne peut pas parler de république en bafouant la république. Quels que soit les reproches que l'on peut faire à la presse, il faut lui reconnaître qu'elle a contribué grandement à l'épanouissement de la démocratie dans notre pays. Elle a aussi permis de mettre fin à l'opacité. Je suis très à l'aise pour parler de la liberté de la presse, d'autant que les journalistes m'ont critiqué et cela m'a poussé à me remettre en cause.
On ne badine pas avec la liberté de la presse et on ne tolérera pas de recul sur la liberté d'expression. On peut négocier beaucoup de choses dont les salaires, mais la liberté d'expression ne se négocie pas.
En tout état de cause, la presse a besoin de la solidarité de tous. Nous, en tant qu'UGTA, avec l'ensemble de sa direction, réitérons notre soutien et notre attachement avec la presse et notre disponibilité à se solidariser avec elle, à travers des actions syndicales.
Au lieu de s'occuper des réalités du pays que la presse véhicule, à savoir la pauvreté, la misère sociale, le chômage, on veut museler la presse. Là où il y a recul de liberté d'expression, il y a recul démocratique.”
Rachid Malaoui(secrétaire général du Snapap)
“On a subi cette même répression du pouvoir. On attend de se concerter avec les gens de la presse, le syndicat des journalistes et les directeurs de journaux pour prendre des décisions communes. Cette rencontre doit s'inscrire dans l'urgence. De notre côté, on réunira notre bureau national très prochainement pour sortir avec des initiatives concrètes.
Actuellement, on est en contact avec les syndicats et des organisations pour des prises de positions concertées.”
Hamid Lounaouci(secrétaire national à la communication au RCD)
“Ce qu'il convient de rappeler est que la mesure de suspension et l'arbitraire qui vient de s'abattre sur un certain nombre de titres de la presse font, en réalité, partie d'un plan qui vise à étouffer tous les espaces d'expression démocratique. Il faut peut-être rappeler qu'il y a à peine quelques mois, des militants RCD ont été enlevés et torturés pour le simple fait de leur qualité de militant. Il faut noter que les manifestations populaires publiques sont interdites. Ce dispositif est en réalité l'expression même de pratiques staliniennes nichées dans l'Exécutif et au sommet du pouvoir, pratiques destinées à opérer un passage en force pour la prochaine élection présidentielle. Cette situation de musellement des libertés, conjuguée à une prédation sans précédent de l'économie nationale, constitue un véritable danger pour la stabilité du pays et de la cohésion de la nation.
Les forces patriotiques sont, aujourd'hui, interpellées pour faire échec à cette opération.”
Abderrezak Dahdouh (membre du bureau politique du FLN)
“Il est inadmissible que la liberté d'expression soit réprimée de la sorte et que les gens de la presse soient traités comme des malfrats. Les journaux tout comme les partis politiques sont porteurs d'un projet de société pour l'édification d'un Etat de droit et d'une société des libertés.
Les journaux sont responsables autant que nous dans l'aboutissement du processus démocratique et de sa réussite. Nous avons été solidaires avec vous en participant au rassemblement de la Maison de la presse et par le déplacement du secrétaire général du parti dans les rédactions des journaux frappés de suspension, nous réitérons ce soutien et nous restons solidaires avec la presse. Nous ferons tout ce qui doit être fait et nous serons à l'avant-garde avec tous les défenseurs d'un Etat de droit et de la liberté d'expression et de la presse.”
Karim Tabbou (chargé de la communication au FFS)
“Nous n'avons pas hésité à dénoncer les agressions qu'organise le pouvoir contre la presse. Il est clair que ces attaques contre six titres de la presse, choisis de manière délibérée sous le fallacieux argument financier, sont organisées par le Président rebond.
C'est ce même Président qui nous organise la régression sociale, politique, économique et intellectuelle. Nous sommes prêts à nous mobiliser pour défendre un des plus chers acquis de l'Algérie indépendante, soit en prenant part aux actions que les journalistes lanceront ou en prenant nous-mêmes des actions.”
Nadia Mellal
Le mouvement citoyen de Kabylie se mobilise
Les coordinations des archs de Tizi Ouzou et de Béjaïa préparent des actions d'envergure en solidarité avec les titres de la presse indépendante frappés d'arbitraire. Dans un communiqué rendu public hier, la Coordination des quartiers et villages de Tizi Ouzou a assuré le directeur de notre confrère Le Matin de son soutien “indéfectible”. Tout comme la CADC de Tizi Ouzou lance un appel en direction de la population en vue de se préparer “à des actions de grande envergure pour dénoncer cette atteinte à la liberté d'expression et à la dignité humaine”. Dans ce cadre, la CADC souligne à propos du Matin que le pouvoir “maffieux et assassin, incarné par le duo Zerhouni-Bouteflika, vient d'instrumentaliser sa machine judiciaire pour harceler le directeur de la publication du journal Le Matin à travers une convocation suivie de plusieurs perquisitions en son domicile”. Pour la CADC, “ces pratiques maffieuses nous renseignent sur les véritables intentions d'un Président décrié de toute part et de son ministre de l'Intérieur, auteur de plusieurs crimes”.
De son côté, la Coordination intercommunale de Béjaïa (CICB) appelle, dans un communiqué rendu public hier, à un rassemblement le dimanche prochain, à 10h, devant le siège de la wilaya. Dans le même temps, un comité de soutien à la presse a été mis sur pieds à Béjaïa avec lancement d'une pétition pour dénoncer “la suspension arbitraire des journaux”. Pour la CICB, “la suspension de certains titres de la presse sous de fallacieux arguments financiers et l'acharnement contre les responsables de journaux témoignent des velléités de mise au pas de la presse par un régime aux abois”.
L'Ambassadeur de Grande-Bretagne à Constantine
“Il faut préserver la liberté d'expression”
Tout en réitérant l'attachement de son pays aux libertés d'expression, son excellence Graham Hand, ambassadeur de Grande-Bretagne à Alger, a, depuis Constantine, où il était en visite, hier, “souhaité voir les rédactions des journaux suspendus surmonter ce problème”, afin de réinvestir leur place dans le champ médiatique. Sans s'arrêter sur les motifs de la décision de suspension qui a frappé, depuis le 18 août, six titres de la presse dont quatre continuent de la subir, le diplomate britannique laissera entendre la nécessité “de préserver l'espace de la liberté d'expression”, un acquis “dont ne disposent pas d'autres pays”.
L'hôte de Cirta, en compagnie de sa femme, a été l'invité de la Chambre de commerce et d'industrie-Rhummel.
Le président de la CCI, M. Souissi, exposera pour la circonstance, avec détails, les potentialités dont regorgent Constantine et la région Est dans différents secteurs d'activités.
Naïma Djekhar
RSF s'inquiète
Reporters sans frontières s'inquiète des pressions exercées par la police algérienne à l'encontre du quotidien algérien Le Matin et de son directeur, Mohamed Benchicou.
Contacté par téléphone par l'organisation, Mohamed Benchicou a déclaré, hier, que la police n'avait établi aucun procès-verbal lors de la fouille à laquelle il avait été soumis à l'aéroport, le 23 août 2003. Le directeur du journal Le Matin a dit être convoqué par la police judiciaire et “craindre d'être arrêté dans les prochains jours”. Selon lui, les autorités auraient l'intention de faire fermer le journal.
Le 25 août 2003, des policiers auraient ordonné au directeur de la banque du journal de ne pas établir le dernier chèque certifié dont Le Matin avait besoin pour finir de payer ses dettes auprès des imprimeries de l'Etat. Mohamed Benchicou a ajouté que le journal avait déjà acquitté les trois quarts des sommes dues.
Le Directeur du Matin, entre le Commissariat, les Tribunaux et les perquisitions policières
La journée de Mohamed Benchicou
Il a été libéré, hier, en fin d'après-midi, mais il devra se présenter, de nouveau, aujourd'hui au bureau du procureur, au tribunal d'El-Harrach.
Il est 9 heures. Des journalistes et des personnalités de la société civile sont rassemblés au niveau du commissariat central d'Alger. La police semble avoir reçu des instructions pour ne pas disperser les nombreux présents. Le directeur du Matin, M. Benchicou, vient d'entrer dans les locaux des services de la brigade financière. Comment en est-on arrivé là ? Lundi, des éléments de la brigade financière s'étaient présentés au siège du journal et au domicile du directeur du Matin, munis de convocations. Il en a reçu quatre le même jour. D'autres agents de la même brigade ont bloqué les comptes du journal à la BDL de Hussein-Dey.
Il est auditionné pour une affaire de détention de bons de caisse que la PAF a trouvés sur lui, rappelons-le, le 23 de ce mois, de retour de son voyage de Paris. Ce jour-là, la police n'a pas dressé de procès-verbal et son passeport lui a été restitué.
Les avocats du Matin, présents parmi la foule, parlent de “manœuvre de la police instruite par leur supérieur dans le but de faire signer un procès-verbal qu'ils ont omis de faire le jour du 23 à l'aéroport”. Les représentants de Mohamed Benchicou poursuivent : “Ils veulent coûte que coûte trouver de quoi inculper M. Benchicou, alors qu'ils n'ont rien de solide. Des bons de caisse sont assimilés à un chéquier et n'ont de valeur que sur le territoire national.” À 11 heures, un communiqué de la DGSN (Direction générale de la Sûreté nationale) indique qu'une enquête judiciaire a été ouverte contre le directeur du Matin et que le procureur de la République, territorialement compétent, saisi le 24 de ce mois, a ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire et demandé aux services de police de poursuivre les investigations.
Il est important de souligner que ce communiqué est tombé après que la police eut commencé à auditionner le directeur du Matin. Les avocats relèvent que le procureur, donc la justice, n'a été saisi officiellement que “maintenant”. Même les convocations adressées ultérieurement ne faisaient pas référence à un tribunal donné. Donc, le communiqué de la DGSN de la nuit de samedi à dimanche annonçant que des bons de caisse avaient été trouvés dans les bagages du directeur du Matin est déjà une infraction à la loi. La police n'a pas à porter à la connaissance du public les “délits” qu'elle relève avant de les soumettre aux tribunaux.
Il est 12 heures. Tout le monde commence à se poser des questions. L'audition a trop duré et des inquiétudes s'affichent sur le visage du personnel du journal Le Matin. Une journaliste de cet organe est très pessimiste et convaincue que son directeur ne sera pas relâché. Elle rappelle que ce pouvoir est capable du pire. “Pourquoi ça dure aussi longtemps une audition !”, s'exclame-t-elle. Le collectif des avocats est harcelé de questions : “Peuvent-ils le garder et combien de temps ? Ont-ils une preuve solide contre lui ?”, etc.
Les avocats tentaient tant bien que mal de calmer les esprits et expliquaient que, juridiquement, “cela est légal. Une détention peut durer 48 heures et peut être renouvelée pour les besoins d'une audition sur autorisation du procureur.”
Vers 13 heures, le directeur de la rédaction du Matin, Youcef Rezzoug, apporte une nouvelle qui soulage le personnel du journal. Le compte bancaire est débloqué et Le Matin a acquitté toutes les factures adressées par les imprimeurs. Le journal sera normalement dans les kiosques aujourd'hui. Les présents ont assimilé cette nouvelle à “un recul du pouvoir” et ont commencé à reprendre confiance quant au sort réservé au directeur du Matin. Malheureusement, ce soulagement est de courte durée. Mohamed Benchicou n'est plus dans les locaux de la police. On l'a fait sortir par une autre issue pour assister à une perquisition de son domicile et de celui de sa mère. La foule se tourne vers les avocats pour comprendre ce retournement de situation mais, cette fois encore, ceux-ci ont su calmer et rassurer les esprits quant à la légalité de la procédure. Mais, ils n'ont pas caché leur inquiétude quant à la suite qui sera donnée à cette audition. Vers 15 heures, les responsables du Matin, après concertation avec le collectif des avocats, ont conseillé aux journalistes de rejoindre le siège du Matin pour confectionner le journal. Les juristes, restés sur place, ont promis d'informer la presse sur la suite des évènements. Vers 15 heures, on apprend avec soulagement la libération de Mohamed Benchicou après qu'il eut été conduit devant le procureur du tribunal d'El-Harrach dont relève l'aéroport d'Alger. Il est convoqué par le même tribunal pour aujourd'hui à 8h30. Pour le moment, ses avocats semblent encore incertains quant au sort qui lui sera réservé aujourd'hui.
Mourad Belaïdi
Relâché hier Après-Midi
Le Directeur du Matin doit retourner aujourd'hui devant le Procureur
Le directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, a été relâché, hier, en fin d'après-midi, après avoir passé la journée au commissariat central d'Alger et été entendu par le procureur qui doit de nouveau le recevoir aujourd'hui. “Je suis habilité à rentrer chez moi pour prendre une douche et revenir demain matin.” C'est ce qu'a déclaré le journaliste, reprenant les propos du procureur, hier, lors d'une conférence de presse. Benchicou, fatigué, est accueilli avec des applaudissements par quelques journalistes et photographes qui l'attendaient devant le siège du journal au niveau de la Maison de la presse Tahar-Djaout. “Merci à tous”, lance-t-il à la cantonade. Mais, pour lui, ce n'est pas encore fini. “Je suis libre jusqu'à demain matin”, affirme Benchicou. Ce matin, il se présentera de nouveau devant le même procureur. Ce dernier reproche à Benchicou d'“avoir transféré de l'argent à l'étranger”. Le directeur du journal Le Matin avait été auditionné par la sûreté de la wilaya d'Alger au niveau du commissariat central. Benchicou, avant de se présenter au commissariat, avait pris les dispositions nécessaires pour que le journal reparaisse. “Il fallait déconnecter les deux affaires”, note-t-il. Une équipe du quotidien s'est occupée de régler le montant exigé par les quatre imprimeries, plus de 12 milliards de centimes. Ce qui a été fait. Les lecteurs du quotidien Le Matin retrouveront leur journal normalement à partir d'aujourd'hui. Benchicou affirme avoir demandé les raisons du blocage d'un des comptes du journal domicilié au niveau d'une agence BDL. On lui a répondu que ce n'était pas un blocage, mais une mesure conservatoire, les bons de caisse destinés à couvrir le dernier chèque, étaient frappés de suspicion. Selon lui, le directeur de l'agence avait protesté contre la procédure. “Jusqu'à 17h30, il a essayé de faire le chèque”, soutient Mohamed Benchicou.
Ce n'est qu'hier, dans la matinée, que le compte a été “débloqué”. Il restait le côté juridique de la convocation du directeur du journal. Benchicou s'est donc présenté, hier matin, au commissariat. Il a fait remarquer que l'APS a diffusé l'information 45 minutes après le début de l'audience. Cette agence affirme que “le directeur du quotidien Le Matin, M. Benchicou Mohamed Boualem, a été auditionné hier matin, à la sûreté de la wilaya d'Alger où il avait été convoqué”, indique un communiqué de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN). Le communiqué rappelle qu'à la suite du contrôle effectué à l'aéroport Houari-Boumediene, le 23 août 2003, ayant permis la découverte de bons de caisse d'une valeur de 11 700 000 DA en possession de M. Benchicou Mohamed Boualem, directeur du quotidien Le Matin, de retour de Paris, le procureur de la République territorialement compétent, saisi le 24 août 2003, a ordonné l'ouverture d'une enquête judiciaire et a demandé aux services de police “la poursuite des investigations”. Benchicou affirme avoir refusé de répondre à l'interrogatoire, car jugé “tendancieux”. Il refuse aussi de signer le procès-verbal. Le but, explique-t-il, “était de faire le procès-verbal qu'ils n'ont pas pu établir à l'aéroport”. Le directeur du journal Le Matin affirme que la police a procédé à une perquisition de son domicile et de celui de sa mère, avant d'être ramené au commissariat et conduit devant le procureur du tribunal d'El-Harrach dont relève l'aéroport d'Alger. “Ils cherchaient des documents compromettants. Mais, ils n'ont rien trouvé”, souligne-t-il sur un air amusé. Selon Benchicou, au début, il n'était pas question de sa libération. Le procureur lui a demandé de passer la nuit au commissariat. “La première décision était de me garder”, précise-t-il. À la fin de la journée, le procureur “était plus détendu, plus cool”. “Sinon, je ne serais pas sorti cette nuit”, souligne le directeur du Matin. Selon lui, la tactique des conspirateurs de la suspension des journaux a “échoué”. “Elle a échoué, car, dit-il, la corporation est restée solidaire, déterminée.”
Meziane Rabhi
Précision de la BDL
Nous vous prions de bien vouloir insérer dans votre journal la précision ci-après :
“Suite à l'article paru dans votre quotidien du 26 août 2003 citant le blocage du compte du journal Le Matin au niveau de la BDL, nous tenons à apporter les précisions suivantes :
- Le compte Le Matin n'a jamais fait l'objet d'un blocage au niveau de notre agence.
- La vente d'un chèque de banque (chèque certifié) à la demande du journal Le Matin n'a pu se faire, car le solde du compte à ce moment-là ne permettait pas l'enregistrement de cette opération”.


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