Retenue à l'échelle de la wilaya pour abriter les cérémonies de commémoration du 64e anniversaire des massacres du 8 Mai 45, El-Affroun est à l'honneur, pendant une semaine, avec un programme riche et varié d'activités à caractère historique, culturel et sportif. La journée du 8 mai a été marquée par l'inauguration de différentes réalisations, la baptisation de cités, le coup d'envoi de manifestations culturelles et sportives, la remise de contrats de location à de jeunes artisans bénéficiaires de locaux à usage professionnel, celle de trophées aux petits champions des établissements scolaires et l'hommage appuyé du wali de Blida à des anciens moudjahidine de la commune auxquels il a remis des cadeaux. L'entrée à El-Affroun du premier responsable de la wilaya et des personnalités qui l'accompagnaient a été saluée par la fanfare scout. Un défilé haut en son et en couleur, rehaussé par les différents carrés des enfants du sport scolaire à la tenue flambant neuf et aux tons vifs, se déroulera sur l'avenue du 1er-Novembre et jusqu'à la place des Martyrs. Un moment fort qui sera perçu, à El-Affroun, comme un renouveau et l'espoir d'une page sombre définitivement tournée.Autour de cette journée commémorative, un riche programme culturel de bonne facture conçu sous le slogan “pour ne pas oublier”, et à la charge entière (humaine et matérielle) de la direction de la culture, a été mis en œuvre. Il se concrétisera, durant la semaine, par un cycle de films algériens projetés à partir de véhicules cinémobiles dans différents quartiers de la daïra, des conférences, de la lecture publique avec la dotation, par la direction de la culture, de 1 000 livres à la bibliothèque d'El-Affroun et de 500 titres à celle de Oued Djer, des récitals poétiques, des pièces de théâtre et de la bonne musique (andalouse, chaâbi) - celle qui devrait faire renouer El-Affroun avec son passé musical, quand les jeunes mélomanes chantaient de beaux textes que l'on écoutait en famille et s'habillaient pour se rendre à la salle des fêtes (le costume était, naturellement, de rigueur). La soirée du 7 en a donné un avant-goût alléchant. En effet, après une brillante conférence donnée par le Dr Mohamed Cherif Sidi-Moussa, historien de Blida, sur le contexte historique du génocide du 8 Mai 45 et sa non-reconnaissance par la France, puis le récital très apprécié de la poétesse Anis Rachida de Boufarik, le public a eu droit à un véritable régal musical du pur crû de Blida, par l'entremise de l'orchestre de la wilaya, suivi de deux chansons du célèbre Mohamed Oujdi qui a déclaré être “heureux de se retrouver à El-Affroun, une ville férue de musique et connue pour ses mélomanes qui me rappelle mes débuts quand, encore tout jeune dans les années 1960-70, je participais, avec Rabah Driassa et Seloua, aux galas annuels qui y étaient organisés à l'occasion de la fête du tabac”. Le directeur de la culture, Mohamed-Laïd Semmadi, qui a pu nous éclairer sur tous les projets qu'il ambitionne pour la daïra d'El-Affroun avec une vision large, celle d'un responsable (archéologue de formation) issu de l'école du patrimoine, considère que “la culture est l'unique lien qui regroupe toute la société ; elle doit, de ce fait, dépasser le cadre festif (qui, seul, serait réducteur)…” “Cette semaine culturelle, souligne-t-il, est l'opportunité, pour notre secteur, d'enclencher un processus de relance de l'activité culturelle avec la collaboration des autorités locales” qu'il exhorte à “prendre des initiatives”, à “bouger” : “Nous sommes là, nous les aidons en leur offrant tout ce qui est possible de mettre à la disposition de leurs communes pour la relance de la culture. Il leur reviendra d'organiser le mouvement associatif, d'inciter les citoyens à s'organiser en associations culturelles, à créer les fameux comités de fête à l'échelle de chaque commune et mettre au point des programmes que nous réaliserons avec eux… La wilaya de Blida étant un pôle de culture nationale régional, nous sommes tenus (mieux, condamnés) d'occuper les premières places.” Le ton est donné. Résolu. Prometteur. Il ne laisse pas de place au bricolage, encore moins à la médiocrité. De son côté, le chef de daïra, Mohamed Cherchali, parle de “relance de la machine” dans une ville “connue pour ses hommes de culture et de sciences, ses artisans, ses hommes et ses femmes aux hauts faits d'armes (Djamila Bouazza est originaire d'El Affroun), des grands noms du monde sportif (Ahmed Kebaïli, Ighili, Djahmoun)…, qui mérite de reprendre sa place prestigieuse au niveau régional et national. Des associations vont se créer, un engouement pour la chose culturelle (musique, lecture, cinéma, théâtre…) va peu à peu se développer, des habitudes vont s'installer…”, assure-t-il. Il voit grand, et son optimisme, sa confiance s'appuient sur tous les projets qui se profilent à El-Affroun pour un renouveau et un mieux-être à espérer.