récemment, plus précisément les 10 et 11 mai 2009, Alger a abrité le 1er Forum maghrébin des hommes d'affaires. Des ateliers sectoriels y ont été organisés. Ils se sont intéressés à de multiples secteurs : l'agriculture, les travaux publics, l'immobilier, l'industrie manufacturière, les industries de base, le pétrole, le phosphate, le fer, le transport, les services, banques, assurances, la communication, les infrastructures et le tourisme. Organisé par l'Union maghrébine des employeurs (UME), ce forum a réuni plus de 600 hommes d'affaires, issus de plusieurs structures patronales maghrébines : la Cgoa, la CAP, l'Unep et la Cnpa pour l'Algérie, la Cgem et l'Unpm pour le Maroc, l'Utica pour la Tunisie, le Conseil du patronat libyen (CPL) et la Confédération nationale du patronat mauritanien (Cnpm). Cette rencontre, conjointement préparée par un comité régional, a eu pour objectif essentiel la concrétisation d'un marché commun maghrébin opérationnel dans les meilleurs délais. Peut-être que l'économique réussira ce que le politique n'est jamais parvenu à réaliser ! À savoir réunir autour d'un même intérêt des pays du Maghreb. Le challenge est désormais possible, pour peu que l'économique se débarrasse de toute pesanteur politique. Les deux ne font pas bon ménage ! Ne dit-on pas : “Un bon divorce vaut mieux qu'un mauvais mariage” ? D'autant que c'est dans l'intérêt d'une économie commune, probablement profitable à tous les opérateurs de la région. Ethique et Déontologie Toutefois, pour basculer d'un système de communication, échafaudé dans les salons des pouvoirs respectifs, à un modèle de communication académique qui a fait ses preuves sous d'autres cieux, il va falloir délimiter quelques contours, voire apprendre à ne pas voir le mal partout et croire que tout le monde nous en veut ! La paranoïa, ça rend parfois aveugle. Au point de trop lire entre les lignes. Dans le “tout économique”, “le politique” n'a plus sa place ! Il est juste question d'éthique et de déontologie. Des notions à valeur de garantie, que tous les hommes se partagent. Réaliser des affaires entre Maghrébins, c'est d'abord parler le même langage. Il s'agit là de langage et non pas de langue qui, on le sait, est semblable. La langue sert à parler. Mais le langage va bien au-delà, il sert à communiquer ! “C'est à ce moment que la communication devient un processus de traitement de l'information, qui constitue l'essence même de l'existence de tout être humain, de toute société, de toute organisation, de toute entreprise. Dès l'origine, si chacune des cellules du corps humain ne communiquaient pas entre elles, nous n'existerions pas ! La société échange elle-même de l'information avec les sociétés voisines. Il en est de même dans toutes les organisations qui traitent de l'information sous toutes ses formes, dans leurs activités quotidiennes, tant à l'interne que dans leurs relations avec les publics, fournisseurs, financiers ou consommateurs.” (Jean Melançon | conseiller, Affaires publiques/Vigie stratégie). Communication - Caméléon En communication d'affaires, les thèmes de réflexion, l'approche, la progression sont choisis en fonction des partenaires et de leur origine. À l'exemple d'un partenariat avec la Chine, si l'on veut mettre de son côté toutes les chances de réussite pour sa stratégie, il est préalablement indispensable d'élaborer une sérieuse étude sur la psychologie et la communication asiatiques. Elle sont tout à fait à l'opposé de l'Europe, schéma que nous connaissons relativement bien. L'étude préliminaire doit s'intéresser à l'approche globale de la réalité et des projets. De la capacité d'adaptation à un environnement en perpétuelle mutation. De l'organisation et du développement des modes de pensée chinois. Du savoir-faire à la chinoise, source de leur efficacité. De leur stratégie de comportement et art de la négociation, etc. En somme, il est question d'arriver jusqu'à étudier l'autre en se dissimulant. Décrypter ses moindres faits et gestes. Et avec l'aide d'un médiateur, adopter une forme de négociation chinoise, dans la manière de se présenter, afin de tirer profit d'un prestige commun et adapter sa position en fonction de son profil. C'est carrément caméléonien ! La communication doit s'accommoder de tous les costumes pour construire une efficiente stratégie d'approche et de négociation envers des partenaires d'affaires étrangers. Il Faut savoir oser ! Devant la crise financière qui apparaît plus précise de jour en jour, une phrase revient souvent dans les discussions de couloir : “Nous croyons que ceux qui oseront et prendront le leadership par l'innovation réussiront. Et que ceux qui auront le courage de changer les façons de faire traditionnelles et définiront de nouveaux référents gagneront.” Aujourd'hui, les entreprises qui connaissent une forte croissance savent innover et créer différemment. Pour obtenir des résultats tangibles, elles encouragent le développement des attitudes, des habiletés et des réflexes de vente des individus et des équipes qui la composent. Elles comprennent également très bien l'importance de garder une touche humaine pour que se construisent des relations solides et durables avec leurs partenaires, dont elles restent, sans cesse, à l'écoute des besoins et des motivations. Un frein nommé bureaucratie La bureaucratie, cet obstacle à tout ce qui bouge, n'est pas l'apanage de l'Algérie, même s'il faut reconnaître que nous mériterions bien la peu envieuse première place. Avec un tel indécrottable phénomène, qu'est la bureaucratie et autres fléaux, comme la petite corruption, osons quand même espérer que nos voisins ne nous emboîtent pas le pas sur ce même terrain. Il faut bien admettre qu'on se ressemble assez, sur certains points ! À ce niveau-là également, une campagne de sensibilisation et de moralisation, sans démagogie, réalisée par des professionnels, gagnerait à se mettre en place. Seule la communication saura distinguer le bon grain de l'ivraie ! Et... peut-être qu'un Maghreb uni deviendra enfin réalité. R. L.