Le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, a appelé à l'occasion de l'ouverture du 2e Forum des hommes d'affaires maghrébins lundi à Tunis, en sa qualité de représentant du président tunisien, à la libre circulation des capitaux entre les pays du Maghreb dans le cadre de la construction d'un espace économique maghrébin. “Nous appelons à une libre circulation des capitaux entre les pays du Maghreb, sans obstacles”, a indiqué en substance le Premier ministre, à l'occasion de ce forum placé sous le haut patronage du président tunisien, et organisé conjointement par l'Union maghrébine des employeurs (UME), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica) et la Confédération algérienne du patronat (CAP). Devant des hommes d'affaires maghrébins de cinq pays (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie et Libye), ainsi que des responsables et patrons maghrébins, le premier ministre tunisien a précisé que l'intégration régionale est possible tant elle est favorisée par l'adoption par tous les pays maghrébins de l'économie du marché, basée sur l'ouverture et l'intégration au processus de mondialisation. Le rôle des gouvernements, fera-t-il remarquer, est essentiel dans le renforcement de cette orientation pour éviter d'entraver les initiatives lancées par les promoteurs et les opérateurs économiques, faciliter les procédures douanières, harmoniser les normes et la reconnaissance réciproque des certificats de conformité et accélérer le démantèlement des droits de douane de manière à favoriser la mise en place d'une zone de libre-échange maghrébine. Le Premier ministre a évoqué le rôle de l'infrastructure de base dans la dynamisation des échanges à tous les niveaux, évoquant les effets bénéfiques de la réalisation de grands projets d'infrastructures dans les pays maghrébins. Le rythme de la réalisation de l'autoroute maghrébine est appelé à s'accélérer, selon le ministre en même temps que la réalisation du câble maghrébin des télécommunications et de l'interconnexion électrique entre les pays de l'Union. De plus, l'institution de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (BMICE) constitue un mécanisme nécessaire, selon l'intervenant, pour le financement des projets mixtes, la facilitation du transfert des capitaux et le développement des échanges commerciaux. Tout comme il a appelé à la nécessité d'approfondir l'étude pour la création d'un fonds maghrébin mixte destiné à participer aux capitaux des projets innovants et à valoriser les brevets. De son côté, Habib Ben Yahia, secrétaire général de l'UMA, a appelé à la promotion de la coopération économique maghrébine notamment au niveau du secteur privé. Il s'agit d'inciter les opérateurs économiques à accroître leur capacité de production et instaurer un partenariat maghrébin favorisant l'intégration des économies de l'UMA. Une étude réalisée par le secrétariat général de l'UMA a montré que la création d'un groupement économique maghrébin constitue une opportunité pour résoudre de façon collective, les problèmes générés par le chômage, en abaissant son taux de 1%, a-t-il noté. Il a évoqué des projets d'études sur l'harmonisation des législations des pays de l'UMA et le système d'arbitrage maghrébin. “On avait l'habitude d'aller à Genève ou à Paris en cas de conflits, on doit instituer une instance magrébine de règlement des conflits pour rassurer les hommes d'affaires”, a-t-il indiqué en substance. Boualem Merakech : “il faut des échanges équilibrés” Le président de la Confédération algérienne du patronat(CAP) Boualem Merakech conduit une délégation d'une cinquantaine d'hommes d'affaires, tous secteurs confondus, a expliqué en marge du forum qu'il revendique “des échanges équilibrés entre les pays du Maghreb”. Appelant à l'impératif d'un partenariat entre les pays de la région, Marrakech a souligné que “la non construction du Maghreb constitue un manque à gagner en matière de croissance qui est de l'ordre de 2%”. Pour sa part, Réda Hamiani, le président du Forum des chefs d'entreprises(FCE) indiquera que “si l'espace magrébin n'arrive pas à se construire, il est à craindre que la région ne servira dans l'avenir que d'un espace d'écoulement des produits européens”. “De manière plus précise, si les différents marchés de notre région ne sont pas réunis, ils intéresseront de moins en moins les étrangers”, a-t-il indiqué. “Il est à noter avec regret que les plans de développement de chacun des pays du Maghreb ne prévoient aucun investissement venant d'un autre pays de la région. Ce n'est pas prévu par nos prévisionnaires”, a-t-il déploré. Aux yeux de Hamiani, l'investissement reste la véritable “clé” de la construction d'un espace maghrébin ainsi que le partenariat entre les entreprises de la région. La construction de l'Union maghrébine devant être conçue “de façon progressive”, a-t-il préconisé. Expliquant que chacun des pays de la région réalise avec l'Union européenne 60% de ses échanges, Hamiani note que “l'investissement entre les pays du Maghreb est ridiculement bas, il est de l'ordre de 3% de l'investissement mondial”. Et de recommander que “seule une dynamique intermaghrébine peut ouvrir des débouchés supplémentaires pour écouler leurs produits. La complémentarité reste à atteindre”. À ses yeux “la création de la Banque magrébine du développement et du commerce extérieur devra jouer un rôle de premier plan en finançant les projets structurants. On attend de cette institution qu'elle crée des projets viables et qu'elle tire vers le haut la compétitivité régionale”. Ainsi et en matière de propositions, Hamiani a appelé à l'institution de zones industrielles had hoc, la création de portefeuilles de projets intéressant l'intégration des régions, la facilitation de l'émergence d'une nouvelle réglementation pour l'échange d'actions entre entreprises du même secteur. “User de notre influence sur les arbitrages politiques et répartir sur un nouveau consensus sur la construction Maghreb et transcender les blocages politiques pour l'intégration”, lance-t-il dans le même ordre d'idées. Les recommandations du forum des hommes d'affaires magrébins Le Forum des hommes d'affaires magrébins s'est clôturé hier en fin de matinée par l'émission d'un certain nombre de recommandations. Parmi les recommandations phares, il est utile de noter “la garantie de la libre circulation des capitaux, des services ainsi que des marchandises”. Dans le même temps, il est préconisé à l'occasion de la lecture d'un document concluant le forum, l'exécution de politiques maghrébines communes et le travail en faveur de la disponibilité d'informations pour encourager le partenariat public privé. Le rapprochement des législations en matière économiques entre les cinq pays du Maghreb a été tout autant revendiqué dans la déclaration finale du forum. L'institution d'une caisse pour la garantie des investissements pour les petites et moyennes entreprises (PME/PMI) ainsi que la création d'une caisse d'aide aux projets d'investissement ont été retenus à l'issue de cette manifestation économique dont la première édition s'est tenue l'année dernière à Alger. Dans le même ordre d'idées, un certain nombre de forums a été décidé : un premier forum maghrébin de l'énergie en Algérie, un premier forum maghrébin des télécommunications en Tunisie, un premier forum du BTP et des infrastructures en Libye, un premier forum de l'agriculture en Mauritanie ainsi qu'un premier forum magrébin au Maroc. Tout comme il a été décidé la tenue périodique d'un forum maghrébin des hommes d'affaires, annuellement. Le prochain aura lieu les 10 et 11 mai 2011 à Marrakech au Maroc.