Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad a remporté haut la main l'élection présidentielle en Iran dès le premier tour. Le guide suprême et numéro un du régime islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait apporté indirectement son soutien à M. Ahmadinejad, 52 ans, a parlé de "vraie fête" après la réélection du président ultraconservateur pour un nouveau mandat de quatre ans. Mahmoud Ahmadinejad a remporté l'élection présidentielle iranienne avec 24 527 516 voix (62,63%), sur un total de 39 165 191 suffrages exprimés, dont 409 389 ont été invalidés, selon le ministre de l'Intérieur, Sadegh Mahsouli. L'ex-Premier ministre, Mir Moussavi, un conservateur modéré revenu sur le devant de la scène politique après un retrait de 20 ans, est arrivé deuxième en remportant 13 216 411 voix (33,75%). L'annonce de ces résultats a donné lieu à des affrontements, selon les agences de presse, entre de jeunes partisans de Mir Hossein Moussavi et la police dans plusieurs quartiers de la capitale iranienne. Au niveau de l'avenue Africa et Place Vanak, une centaine de jeunes scandaient des slogans en faveur de Mir Hossein Moussavi. Au carrefour Jahan Koudak, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés pour soutenir M. Moussavi. Ils lançaient des pierres contre la police, et scandaient “Moussavi, Moussavi, récupère nos votes”. Certains d'entre eux ont mis le feu à des poubelles. La police a chargé les manifestants à la matraque sans toutefois réussir à les disperser. Un peu plus tôt dans la journée, les policiers ont dispersé au même endroit des manifestants qui s'étaient rassemblés devant le quartier général de Moussavi. Ce dernier a contesté les résultats de l'élection en déclarant dans un communiqué : “Je proteste fermement et personnellement contre les nombreuses violations flagrantes et je préviens que je ne renoncerai pas face à cette dangereuse mascarade. Le résultat d'une telle conduite de la part de certains responsables menace les fondements de la République islamique et va mener à la tyrannie.” Et d'ajouter : “Les gens qui ont patienté dans de longues files d'attente connaissent la répartition des voix et savent pour qui ils ont voté. Ils sont étonnés et ont constaté les manipulations des autorités (...) lorsqu'elles ont annoncé les résultats.” Il s'est aussi déclaré disposé à révéler “les secrets” de ces résultats en exhortant les pouvoirs publics “à mettre une fin à cette tendance avant qu'il ne soit trop tard, à restaurer la légalité et à préserver les droits du peuple”. Mir Moussavi avait affirmé à la presse que ses équipes avaient “constaté dans certaines villes comme Shiraz, Ispahan et Téhéran un nombre insuffisant de bulletins de vote. Certains de nos QG ont été attaqués. Je poursuivrai, avec le soutien du peuple, les personnes à l'origine de ces actes illégaux”. Reste à savoir maintenant quelle sera la réaction des autorités iraniennes face à toutes ces accusations. En attendant, cette victoire de Mahmoud Ahmadinejad démontre, selon le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, la gravité de “la menace iranienne”. “S'il y avait encore un espoir de changement en Iran, la réélection d'Ahmadinejad montre que la menace iranienne est d'autant plus grave”, a-t-il déclaré hier. Dans la foulée, il a appelé la communauté internationale “à stopper le programme nucléaire iranien et le terrorisme iranien”. À Washington, Barack Obama a déclaré vendredi qu'un changement était possible dans les relations entre les Etats-Unis et l'Iran avec la présidentielle iranienne, quel qu'en soit le vainqueur. Il s'est gardé d'apporter son soutien ou d'exprimer son rejet d'aucun des quatre candidats à la présidentielle iranienne. La politique des Etats-Unis vis-à-vis de Téhéran ne va pas changer après la réélection du président iranien sortant Mahmoud Ahmadinejad, a affirmé hier l'ancien président américain Jimmy Carter. Selon lui, la position de Washington sera inchangée “car la même personne est là-bas” à Téhéran. M. Carter s'exprimait à l'issue d'un entretien à Ramallah en Cisjordanie avec le Premier ministre de l'Autorité palestinienne Salam Fayyad dans le cadre d'une tournée régionale.