Faire le pari en Algérie de créer une société hors hydrocarbures destinée à l'exportation s'annonce comme un véritable défi. Un challenge que s'est lancé Kamal Aït Adjedjou, en 2005, avec sa société familiale Rizzo Pack. En accord avec le groupe de produit de luxe LVMH, la société fabrique les emballages de parfum pour les grandes marques du groupe comme Dior ainsi que Givenchy dont il assure 60% des coffrets. Les coffrets sont aux normes et l'usine tournait jusqu'à récemment à 50% de ses capacités avec 300 employés. En 2005, la totalité des matières premières était importée. Quatre ans après, elle est tombée à 60%. De ses efforts, l'entreprise a reçu, en 2007, le prix spécial du Trophy Export. Pour le P-DG, ce n'est qu'une récompense afin d'aider à l'exportation. Il donne quand même satisfaction et la preuve que le travail est bien fait. Des commandes, un client sur LVMH qui est content des produits de qualité. Ces boîtes que Kamal Aït Adjedjou retrouve en Europe, aux Etats-Unis, dans les pays arabes. Des efforts pour prendre des fournisseurs algériens et créer un maillon de la chaîne et valoriser “le made in Algeria”. Normalement, tout devrait rouler comme sur des roulettes pour cette entreprise. Face aux problèmes des douanes, et par conséquent aux retards de livraison, Kamal Aït Adjedjou a décidé d'arrêter sa production au mois de mars. L'usine est vide, les machines ne tournent plus et les 300 employés sont au chômage technique. Sa décision d'arrêter net sa production est une décision mûrement réfléchie : “Nous sommes à 17h de bateau de Marseille, avec tous les problèmes de notre administration qui ne cesse de nous faire transiter d'un bureau à l'autre et exige tout le temps un document différent, nous mettons quatre semaines. Nous mettons le même temps que les Chinois à livrer alors que nous sommes 10% plus chers qu'eux en coût de production. Nous ne pouvons pas rivaliser”. Face à ces retards de livraison, le groupe LVMH a demandé 40% de pénalité par rapport au contrat. “Nous ne pouvons pas les payer, sinon, je fabriquerai à perte. Le pire c'est que la législation est présente mais elle n'est pas appliquée. Entre les deux, il y a un monde. J'ai donc pris sciemment la décision de tout arrêter en attendant que la ligne verte soit respectée”, ajoute-t-il. Autre proposition qui s'offre à lui, partir. Le groupe LVMH, content de la qualité des produits, lui a proposé de délocaliser dans un pays où l'administration est moins compliquée. “Je suis en pleine réflexion sur cette idée. C'est dommage pour l'Algerie, j'ai voulu favoriser notre pays et la marque made in Algeria. Mais je pense que nous ne sommes pas encore prêt dans notre mentalité pour exporter”, commente-t-il. Kamal Aït Adjedjou reverra-t-il ses coffrets de parfum à travers le monde ? La réponse dépend entièrement de l'amélioration des services de notre administration.