George Bush semble déterminé à mener le processus de paix du Proche-Orient jusqu'au bout. Une kyrielle de ses collaborateurs suit de près l'évolution de la situation dans la région. Le patron de la Maison-Blanche envisagerait d'intervenir personnellement auprès du Premier ministre israélien pour bloquer la construction de la “ceinture de sécurité”, qui peut entraver les négociations israélo-palestiniennes. La mise en œuvre de la “feuille de route” du quartette est dans la bonne voie, estiment les observateurs de la scène proche-orientale. Les Palestiniens ont prouvé leur bonne foi à travers la trêve dans les attentats anti-israéliens qu'observent les groupes armés radicaux, notamment le Hamas et le Djihad islamique, deux mouvements fortement hostiles à Israël. Sharon a, de son côté, commencé à transférer le contrôle des territoires palestiniens réoccupés depuis la seconde Intifadha, déclenchée en septembre 2000. Une première vague de prisonniers palestiniens a quitté les geôles israéliennes. Si ces actes sont encourageants pour la suite du processus de paix, l'inquiétude de voir l'opération stoppée existe bel et bien. La poursuite de la construction du mur séparant Israël des territoires autonomes devant abriter le futur Etat palestinien bloquera inévitablement la “feuille de route”, sans oublier l'entêtement du gouvernement d'Ariel Sharon de dénier aux réfugiés palestiniens le droit au retour sur leurs terres, dont ils ont été expropriés en 1948. Le premier point qui aboutira, s'il est mené à terme, à l'annexion de fait de Jérusalem-Est, que l'autorité palestinienne considère comme la capitale de son futur Etat, ne permettra plus d'avancer dans les négociations entre les deux parties. Conscient de cela, le président américain a commencé par dépêcher auprès du Chef du gouvernement israélien sa conseillère à la sécurité nationale, Condoleezza Rice, pour tenter de dissuader Sharon de continuer la construction du mur de sécurité, sans résultats. Le chef du Likoud n'a fait que réitérer son attachement à l'opération à la collaboratrice de Bush. D'après lui, ce mur n'est qu'un moyen de protéger les Israéliens contre les attentats des groupes armés radicaux palestiniens et ne revêt aucun caractère politique. Sharon affirme qu'il ne reculera devant rien pour finaliser ce projet “vital” pour Israël. Devant cet entêtement, le locataire du bureau ovale envisage, selon un haut responsable du département d'Etat, de rappeler personnellement à l'ordre Ariel Sharon afin qu'il arrête définitivement le projet, avant qu'il ne soit trop tard. En attendant, l'Etat hébreu continue ses opérations contre les dirigeants des mouvements radicaux palestiniens dans le but de provoquer une suspension de la trêve dans les attaques anti-israéliennes. L'arrestation, hier matin, de deux responsables du Djihad islamique à Qabatyeh et à Jénine, et un chef militaire des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa à Toubas, par l'armée israélienne, a fait réagir un dirigeant du premier mouvement qui a menacé de suspendre la trêve. Si le gouvernement d'Ariel Sharon poursuit ses opérations contre les groupes radicaux, le cessez-le-feu, décrété pour une durée de trois mois, sera suspendu plus tôt que prévu et les armes “parleront” à la place des hommes. Apparemment, c'est l'objet recherché par Ariel Sharon, à moins que le président américain n'intervienne pour mettre le holà. K. A.