Après un long silence complice, le président des états-Unis a mis en garde mardi soir le Chef du gouvernement israélien contre la poursuite du développement de la colonisation en Cisjordanie. “Notre position est très claire. Elle est que la feuille de route est importante et qu'elle appelle à l'arrêt du développement des colonies”, a affirmé George Bush à la presse, en réaction à la déclaration d'Ariel Sharon qui avait assuré que les colonies “resteront aux mains d'Israël à l'intérieur de la barrière de séparation d'avec les Palestiniens, et nous l'avons clairement indiqué aux Américains”. Cette prise de position vient mettre un terme au laisser-aller qu'observait Washington sur cette question cruciale pour un règlement définitif du conflit au Proche-Orient. C'est également une réponse à l'appel du premier ministre palestinien qui a souhaité voir la maison-blanche faire preuve de fermeté à l'égard d'Israël. “L'administration américaine ne peut garder le silence sur les actions israéliennes et leur réalité sur le terrain. Elle doit prendre une position claire quant aux trois colonies qu'Israël veut annexer”, avait dit Ahmed Qoreï au consul américain à Jérusalem-Est. Continuant sur sa lancée, le chef de l'Etat US a ajouté : “Je suis optimiste quant aux fait que nous pouvons parvenir à la paix en Terre Sainte. je suis optimiste car je pense fermement qu'Ariel Sharon veut avoir un partenaire pacifique ; il veut qu'il y ait la démocratie dans les territoires palestiniens et je pense que Mahmoud Abbas veut la même chose.” Tout semble indiquer que Bush est déterminé à s'impliquer sérieusement afin de parvenir à l'instauration de la paix au Proche-Orient. Sa sortie médiatique défavorable à l'Etat hébreu intervient à quelques jours de la visite qu'effectuera, le 11 avril prochain, le chef du gouvernement israélien aux Etats-Unis. Les deux hommes se rencontreront dans le ranch de Bush à Crawford au Texas. Le patron de la maison-Blanche s'est aussi déclaré disposé à recevoir le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. Reste à savoir si les Américains réussiront à faire plier les Israéliens sur ce point de la colonisation, notamment l'affaire des trois colonies de Maalé Adoumim, Goush Etzion et Ariel. Devant la réaction du président américain, le ministre travailliste israélien sans portefeuille, Matan Vilnaï, a estimé hier que le projet d'élargissement de la colonie urbaine de Maalé Adoumim, en Cisjordanie, n'était pas d'actualité. “Ce projet remonte à une dizaine d'années et n'est pas applicable actuellement. Il faut construire dans ce secteur une barrière de sécurité et non des maisons d'habitation”, a assuré le membre du cabinet Sharon. En attendant, toute avancée dans le processus de paix au Proche-Orient demeure tributaire de la volonté de l'administration Bush à faire pression sur Israël pour lâcher du lest et permettre l'aboutissement des efforts de la communauté internationale. Mahmoud Abbas s'est félicité hier des déclarations du président américain George W. Bush enjoignant Israël de geler tout développement de la colonisation dans les territoires palestiniens. K. A.