Le Premier ministre israélien Ariel Sharon lutte depuis mercredi contre la mort après une attaque cérébrale. Ariel Sharon se trouvait hier dans une situation critique, son état s'étant subitement dégradé contraignant ses médecins à le reconduire sur la table d'opération où il a subi une troisième intervention en moins de quarante-huit heures. Le Premier ministre israélien a eu mercredi une attaque cérébrale après laquelle il a été admis dans les services spécialisés de l'hôpital Hadassah de Jérusalem, où il a subi deux interventions chirurgicales. Mais son état s'est dégradé et il a été reconduit en salle d'opération indiquaient hier les médias israéliens. Selon les radios et les chaînes de télévision israéliennes, le transfert de M.Sharon en salle d'opération est intervenu à la suite d'un examen au scanner du cerveau qu'il a subi faisant craindre aux spécialistes une reprise de l'hémorragie cérébrale. Des sources médicales israéliennes indiquaient jeudi que Sharon avait été mis en coma artificiel. D'une manière ou d'une autre, il était patent hier que l'ère Sharon -le Premier ministre israélien a 77 ans- est bel et bien terminée. Même s'il réussit à survivre, le Premier ministre israélien n'aura plus les capacités de diriger le pays, d'autant plus que dans ce cas de figure (de survie), il aura encore besoin, au vu de son âge, de plusieurs mois, sans doute années, de convalescence. De fait, selon ses médecins, la gravité de l'attaque cérébrale qu'il a subie ne permettrait pas à M.Sharon de continuer à diriger le gouvernement ou son parti ‘'Kadima''. Aussi, dès à présent se pose la question de l'après-Sharon qui aura des effets directs sur le processus de paix d'une manière générale, sur les rapports des nouveaux responsables israéliens avec les Palestiniens d'autre part. De fait, la disparition d'Ariel Sharon intervient, ou peut intervenir, dans un contexte difficile de reconstruction du champ politique israélien déstructuré après la rupture brutale d'Ariel Sharon avec le Likoud, le parti de la droite nationaliste israélienne. Ainsi, ‘'Kadima'' (En Avant) le parti crée par Sharon semblait, selon les sondages, devoir faire le vide autour de lui, crédité alors d'une large avance sur ses concurrents pour les élections législatives du 28 mars prochain. De fait, le charisme du Premier ministre israélien est pour beaucoup dans cette percée exceptionnelle d'un parti qui ne dispose encore ni de statut ni d'existence légale. Avec l'état critique où se trouve le fondateur de ‘'Kadima'', les choses semblent moins évidentes, d'autant plus que Sharon est intimement associé au nouveau parti et aucun homme de son entourage ne semble à même de prendre la relève et d'avoir la même volonté et force pour faire du « sharonisme » sans Sharon. Aussi, tout peut basculer en faveur d'une droite conservatrice et revancharde dirigée par Benjamin Netanyahu, celui-là même qui, en 1994, décida de geler les accords d'Oslo en refusant de retirer les troupes israéliennes des villes palestiniennes de Cisjordanie comme le prévoyait le plan de paix. Sharon qui a le plus fait de mal aux Palestiniens, aura également été celui qui, au moins par deux fois en 1979 (au Sinaï en rasant la colonies juive de Yamit, conformément aux accords de Camp David de la même année) et en 2005 (évacuation des colons juifs de Ghaza après 38 ans d'occupation par l'armée israéliennes) réussit à imposer sa volonté aux Israéliens. C'est ce Sharon, dont les mains sont souillées du sang des Palestiniens -cf Sabra et Chatila- qui est paradoxalement - dans l'establishment politique israélien- le mieux placé pour imposer à ses compatriotes une paix avec les Palestiniens, notamment si l'ont croit les intentions qui lui sont prêtées de faire évacuer la Cisjordanie au cas où son parti ‘'Kadima'' remporte la majorité absolue au Parlement, lui donnant carte blanche pour mener à terme son projet de sécurisation de l'Etat hébreu en favorisant l'établissement d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël. Ce qui est conforme aux recommandations du président américain, George W. Bush, qui a construit son projet de paix autour de sa «vision» de deux Etats: la Palestine et Israël. De fait, le président G.W.Bush, qui a tout misé sur Sharon, dans le processus de paix au Proche-Orient, est plutôt inquiet quant aux suites possibles que pourrait induire la fin probable de Sharon. En fait, estiment les analystes, George W.Bush est en phase de se trouver sans véritables «partenaires» israéliens dans une partie où les enjeux sont de dimension stratégique mondiale. Il en est de même pour les Palestiniens qui ne cachent pas leur inquiétude, à l'instar du président Mahmoud Abbas qui a indiqué jeudi qu'il suivait «avec une grande inquiétude» l'évolution de l'état de santé d'Ariel Sharon déclarant toutefois: «Ce qui arrive à Sharon affecte d'abord Israël et a des répercussions sur la région, mais ne conduira pas à un report des élections palestiniennes». Tout autre est l'opinion du Hamas qui estime, selon l'un de ses porte-parole Samy Abou Zouhri, que le Proche-Orient serait un «meilleur endroit» sans Sharon, indiquant «le monde est sur le point de se débarrasser d'un des principaux leaders du mal». Certes, mais le problème est surtout politique du moins pour les Palestiniens qui risquent de fait de retourner à la case zéro en cas de disparition de l'homme qui les a combattus durant toutes ces décennies mais reste aussi, sans doute, celui qui comprend le mieux la lutte du peuple palestinien pour son indépendance.