Pour les participants à la journée d'étude organisée à Béjaïa, la relance économique dans la région passe par un effort financier de l'Etat. Le Théâtre régional de Béjaïa (TRB) a abrité, hier, les travaux de la journée d'étude organisée par le RCD de Béjaïa dont le thème est “Kabylie : défiscalisation et relance économique.” Cette rencontre, qui se veut un espace de débats entre les différents opérateurs économiques et les commerçants de la région, a été rehaussée par la présence du président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, le Dr Saïd Sadi. Outre les deux interventions du leader du RCD qui a eu l'honneur de prononcer dans la matinée une allocution ouvrant la séance et de faire dans l'après-midi une synthèse des travaux de cette journée, des communications substantielles ont été données par des conférenciers de différents horizons. Ainsi, le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Soummam sera le premier à animer une conférence sous le thème : “Situation économique de la région : motifs de défiscalisation.” “Aujourd'hui, je pense que la défiscalisation est devenue un impératif. Profitons donc du vecteur politique que représente le RCD pour imposer nos points de vue”, lancera d'emblée Idir Hocine qui reviendra, ensuite, longuement sur les différentes étapes du développement économique qu'a vécues la région de la Soummam, de l'Indépendance à nos jours. L'orateur a tenu à rappeler à l'assistance que “durant les années 1970, sous le règne de Boumediene, les investissements d'accompagnement, à savoir l'ensemble des infrastructures de base, avaient connu une ascension considérable. Néanmoins, pendant la même période, le pouvoir en place à l'époque, avait bradé des terres agricoles fertiles au profit des usines de l'industrie légère (textiles, maroquinerie, agroalimentaire...)”. Abordant la situation particulière que connaît la région de Kabylie depuis avril 2001, marquée par des évènements tragiques ayant coûté la vie à plus d'une centaines de jeunes manifestants, le conférencier affirmera qu'“en dépit du net ralentissement de l'activité économique enregistrée durant l'année 2001, Béjaïa est restée la deuxième wilaya, après Alger, en matière de recouvrement d'impôts”. Et d'ajouter : “Le port de Béjaïa, baromètre de l'économie régionale, qui a enregistré une baisse sensible dans son activité pendant les évènements de Kabylie, a fini par reprendre son élan de production le plus normal.” Pour le président de la CCI Soummam, l'Etat doit concéder une défiscalisation pour l'ensemble des opérateurs économiques de Kabylie. “Nous demandons une défiscalisation et non pas une amnistie fiscale”, conclut-t-il. Lui succédant, le Dr Mouloud Lounaouci, universitaire et cadre du RCD, tentera d'expliquer l'impact économique de la régionalisation que préconise sont parti. “Il n'y a point d'économie sans la culture”, tonnera-t-il. Au cours de son intervention, M. Lounaouci a mis l'accent sur la nécessité d'aller vers “un Etat unitaire régionalisé, qui permettra à la nation algérienne une autonomie plurielle et non pas singulière”. De son côté, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) de la wilaya de Béjaïa, M. Abdelkader Hocini, interviendra sur “les freins de la relance économique dans la région”. Le communicant, qui a énuméré plusieurs contraintes retardant le lancement de projets d'investissement dans la région, notamment le manque d'assiettes foncières, insuffisance de crédits bancaires, estime que l'“administration fiscale devrait accorder des facilités aux opérateurs économiques de la Kabylie”. À titre d'exemple, il citera la réduction du taux de la TVA de 17% à 11%, la diminution des agios et autres intérêts bancaires liés aux crédits accordés aux investisseurs, y compris ceux de l'Ansej (emploi de jeunes). Dans le but de faire aboutir une telle revendication, M. Hocini proposera à l'assistance la création d'un Comité d'étude et de suivi de la relance économique (CESRE) qui sera composé d'opérateurs économiques, d'universitaires, de consultants et d'experts dans le domaine. Pour sa part, Mohamed Bakouri consultant en fiscalité, relève l'importance de l'allégement fiscal dans la perspective de donner un nouveau souffle pour l'économie régionale qui a souffert ces deux dernières années. Enfin, le premier vice-président du RCD, M. Djamel Ferdjellah, s'étalera sur “les perspectives de développement de la kabylie”. “Il faut être animé d'un esprit rentier pour n'appréhender le développement qu'en terme de disponibilité de ressources naturelles. Il est possible d'envisager un développement régional intégré en exploitant les potentialités humaines et matérielles existantes. Il s'agit d'organiser la relance économique autour du port de Béjaïa, de l'aéroport et des universités de Tizi Ouzou et de Béjaïa, lesquelles doivent jouer le rôle de pôle de rayonnement scientifiques et culturel.” K. O.