Les bafouilles islamophobes de la sulfureuse et non moins controversée Oriana Fallaci continuent, semble-t-il, à faire des émules dans le pays de “la joie de vivre”. L'islamophobie y frappe comme chez le voisin français où Le Pen fait office d'enfant de cœur devant les saillies d'un Brice Hortefeux, le ministre de Sarkozy en charge du renvoi des étrangers “indésirables”, après avoir taillé les critères de l'identité française. Même mode, mêmes amalgames, mêmes stigmatisations, même déshumanisation, même ignorance crasse, même équation simplette : tous les musulmans sont des islamistes, tous les islamistes des terroristes ; la civilisation musulmane est empêtrée dans son obscurantisme. Et, au bout de cette longue litanie, l'islam menace d'invasion la civilisation judéo-chrétienne ! Au nom de cette chanson, la municipalité de Montegrotto Terme, près de Padoue, dans le nord de l'Italie, a interdit le port de la burqa. “Rendre difficile et même impossible de reconnaître ou d'identifier la personne qui le porte est un comportement qui ne peut être accepté dans les démocraties occidentale”, s'est dédouané l'auteur de cet arrêté. Le maire de la ville thermale, Luca Claudio, est membre actif de la Destra, le parti de droite de la droite italienne. L'interdiction est survenue deux jours après qu'une femme voilée eut été prise à partie dans un centre commercial près de Trévise, toujours dans ce nord de l'Italie, et le meurtre, la semaine dernière dans cette même région, décidément, caractéristique de cette Italie xénophobe qui vomit ses étrangers du sud, d'une jeune Marocaine par son père pour sa relation avec un Italien catholique. Le mois dernier, un autre maire, toujours du nord de l'Italie, celui-là membre de la Ligue du Nord, un parti carrément anti-immigrés, avait interdit le port du “burkini”, le maillot de bain halal inventé par les islamistes radicaux, sous peine d'une amende de 500 euros... Et la liste serait longue depuis notamment l'entrée en vigueur le 8 août de la loi pour lutter contre l'immigration clandestine qui autorise la création de rondes citoyennes de surveillance ! Des milices comme au temps de Mussolini. Le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, de la Lega Nord, parti xénophobe fondé sur l'identité, a non seulement autorisé les ratonnades contre les immigrés, mais fait obligation aux maires de les organiser. Inédit dans la vielle démocratie. L'immigration illégale est un délit passible d'amendes allant jusqu'à 10 000 euros et la loi prévoit l'expulsion immédiate des clandestins et des peines d'emprisonnement pour ceux qui louent des logements à des immigrés clandestins ou les accueillent. Les médecins qui ne dénoncent pas leurs clients clandestins sont passibles de prison. Le gouvernement italien, qui renvoie par cargaisons les harraga vers la Libye notamment, devenue par la grâce de Kadhafi, “le roi des rois d'Afrique”, un centre de rétention et de transit pour les refoulés d'Europe, jure ne circonscrire sa lutte que contre “les étrangers illégaux qui vivent sur le sol italien de la criminalité, du trafic de drogue et de la prostitution”. Tandis que son ministre de l'Intérieur affirme qu'il ne voulait plus de ces personnes, Il Cavalière, empêtré jusqu'au cou dans des histoires d'alcôves, se félicite de sa loi qui, à ses yeux, est la plus importante avancée européenne dans la lutte contre l'immigration, la criminalité et la défense de l'identité !