Le responsable de la culture italienne semble être irrémédiablement tombé sous le charme de celle qu'il a qualifiée de « patrimoine national, une icône du XXe siècle ». Invitant tous à accomplir « le devoir d'honorer Oriana Fallaci », le leader du parti de centre gauche de la Margherite avertit : « Personne ne doit lui renier sa grandeur. » Rome : De notre correspondante Pour célébrer le premier anniversaire de la disparition de la journaliste-écrivain des suites d'un cancer, le ministère de la Culture et le groupe médiatique Rcs (qui publie le premier quotidien du pays Corriere Della Sera où écrivait Fallaci) ont organisé, à Milan, une exposition photographique sur l'Italienne la plus antipathique aux musulmans (après le footballeur Marco Materazzi qui fut à l'origine de l'expulsion de Zidane au dernier Mondial). Placée sous le thème « Fallaci, un entretien avec l'histoire », la manifestation veut, selon le ministre italien, rendre hommage « à une libre penseuse qui été contre tous les totalitarismes ». Cette exposition, placée sous le patronage de la présidence de la République, sera inaugurée au palais Lita le 15 septembre avant d'être reproduite à Rome, vers la mi-décembre, dans le prestigieux musée Vittoriano, qui jouxte le capitole de la capitale italienne. Mais les musulmans résidant en Italie ne voient pas d'un bon œil toute cette célébration qui encense celle qui a qualifié, dans l'un de ses livres pamphlets attaquant l'Islam, Rage et orgueil, les musulmans de « rats qui ne pensent qu'à se reproduire » et s'est moquée des pratiquants d'entre eux en ces termes de basse littérature : « Ils sont toujours avec le derrière en l'air à prier leur Allah. » La communauté musulmane de la péninsule, moins politisée et moins bien organisée que celle des autres pays européens, se sent humiliée et bafouée dans sa dignité par un tel hommage rendu par des institutions publiques à une adepte de la haine des religions et une intellectuelle qui n'a eu de cesse, durant la dernière décennie de sa vie, de s'en prendre avec véhémence et dans un style où le racisme anti-Arabes l'emportait sur l'islamophobie la plus primitive, à tout ce qui n'était pas chrétien et occidental. Au lendemain des attentats du 11 septembre contre les tours jumelles à New York, ville où elle mourut de sa longue maladie, Oriana Fallaci avait récidivé par de longs articles dans la presse italienne, insultants et appelant à la chasse aux musulmans. Elle alla dans son délire d'aveugle intolérance jusqu'à promettre de poser des explosifs au pied de la première mosquée qui devait se construire en Toscane. Heureusement, en Italie, tous les responsables politiques ne sont pas tombés victimes du « fallacisme », puisque les autorités locales de Florence, la ville natale de la journaliste islamophobe, ont refusé de baptiser une rue à son nom — à Milan, un parc lui a été dédié — ni de lui attribuer le prix Fiorino d'oro, prestigieuse reconnaissance civique de la ville toscane.