L'ennemi selon Fallaci? Ce sont ces «foutus fils d'Allah» aux «visages grimaçants, menaçants, hostiles». La justice française examinera le 18 juin la demande du Mouvement français contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) d'interdire le livre d'Oriana Fallaci La rage et l'orgueil que l'association qualifie de «brûlot islamophobe». Dans un communiqué, le Mrap avait fustigé l'écrivaine et journaliste italienne, Oriana Fallaci, qui «s'autorise sans retenue, avec simplification, vulgarité parfois, à faire de chaque musulman un fanatique, un extrémiste». Oriana Fallaci qualifie elle-même cet essai de «sermon» à l'adresse des Européens «masochistes» et «aveuglés». Publié en Italie fin 2001, où il a également suscité de vives polémiques, le livre s'y est vendu à près d'un million d'exemplaires. Ce brûlot a connu un grand succès en Espagne notamment, et a été publié en France le 23 mai aux éditions Plon. Dès sa parution en France, le livre a suscité plusieurs critiques. «Un livre écoeurant», selon Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France. Dans l'hebdomadaire Marianne du 3 au 9 juin, Maurice Szafran le qualifie de «lamento de haine contre tous les musulmans, voilà tout. Un texte vulgaire et dangereux». Aux lecteurs d'en juger. «Les Européens ne font plus d'enfants (...) les fils d'Allah, au contraire, se multiplient comme des rats», (p.146). Le 11 septembre, Fallaci était à Manhattan. Son dieu-vivant s'appelle Guiliani, le maire de New York. Selon elle, lui et ses compatriotes américains, décidés «à casser du musulman» sont les seuls Occidentaux à ne pas être réduits «à forniquer avec l'ennemi». L'ennemi? Ce sont ces «foutus fils d'Allah» aux «visages grimaçants, menaçants, hostiles» et aux «voix enrouées, chargées de haine, bestiales», (p.148). «J'ai vu les fils d'Allah pisser sur les autels, transformer les autels en chiottes», (p.134), écrit la célèbre journaliste dont l'argumentaire ne dépasse pas ainsi le stade scatologique et bassement sexuel. «Dieu merci, je n'ai jamais eu affaire à un homme arabe. A mon avis, il y a quelque chose dans les hommes arabes qui dégoûte les de oût», (p. 188), question «goût», le lecteur est copieusement servi. Même le pape Jean-Paul II n'y échappe pas. Lui qui a souvent prôné le dialogue entre les religions. Fallaci l'apostrophe parce que le souverain pontife est toujours intervenu en Italie quand les immigrés sont maltraités. «Pourquoi au nom du Dieu unique ne les prenez-vous pas au Vatican? Tous bandits, vendeurs, prostituées, trafiquants de drogue, terroristes», enjoint-elle au pape tout en précisant: «A condition qu'ils ne chient pas dans la chapelle Sixtine.» (p.144). Son pays natal, l'Italie, est décrit dans ce livre comme un paradis livré aux barbares sales et basanés. «Des musulmans somaliens défigurèrent et souillèrent et outragèrent la piazza del Duomo de Florence. Ma ville (...)», lit-on à la page 137. Une page plus loin: «les braillements d'un muezzin étouffaient avec sa voix le son des cloches. Les dégoûtantes traces d'urine parfumaient les marbres du baptistère». Vous en redemandez? «Vulgaire», «pitoyable», «acte terroriste», «un mauvais livre rédigé par une obsédée...une folle», etc., les commentaires en France ne cessent d'alimenter les débats et les polémiques, en attendant la décision de la justice française.