Le statut de SPA ne lui consacre pas l'autonomie requise entachée par des procédures dont sont épargnés les autres opérateurs de téléphonie mobile. Sans surprise, le départ de Lounis Belharrat était attendu depuis août dernier, date à laquelle il avait émis le souhait de partir après expiration de son contrat depuis son accession au poste de P-DG de Mobilis, en décembre 2007. Le nouveau venu, bien connu de la maison, n'est autre qu'Azouaou Mehmel, ancien directeur des transmissions, ex-conseiller à Algérie Télécom et chef de division des opérations au pôle Djaweb Business et services. À noter que ce dernier est désigné en sa qualité de directeur général par intérim et le conseil d'administration, qui devra se tenir à partir de la semaine prochaine, entérinera cette nomination qui, aujourd'hui, suscite plein d'interrogations. On parle “d'apporter un nouveau souffle au sein de l'entreprise et de motiver le personnel pour développer une attitude commerciale propre à améliorer les indicateurs de performance”. Mais de quelle manœuvre dispose le nouveau responsable de cette entreprise qui jouit du statut de SPA (société par actions) dont l'Etat est l'actionnaire principal sans pour autant donner à Mobilis des avantages dans un secteur soumis à rude concurrence ? Les procédures auxquelles Mobilis est soumise la prive des outils nécessaires pour s'assurer la précieuse “performance” tant réclamée. Code des marchés, appels d'offres nationaux et nationaux publics font perdre à Mobilis l'avantage de la confidentialité sur n'importe quelle initiative à même de lui permettre une avancée. On se rappelle encore l'épisode de la Mobiconnect (clé qui permet une connexion internet mobile) dont Mobilis a été le premier à lancer l'idée mais Nedjma l'a prise de court alors que l'opérateur public se perdait dans la procédure de l'inévitable appel d'offres. Même topo pour le black-berry et, cette fois, c'est Djezzy qui a fait la différence. Il ne s'agit donc nullement d'un manque d'imagination, d'esprit d'initiative ou d'absence de création pour Mobilis mais, plutôt, de coudées franches pour ses dirigeants pour être plus réactifs à un marché en constante mutation. Un secteur concernant l'Autorité de régulation (ARPT) arrive difficilement à maîtriser les pourtours et une tutelle qui ne semble avoir d'emprise que sur Mobilis. Un opérateur souvent accusé de manquer d'agressivité en termes de présence (image) et de communication en perdant de vue le fait que seul Mobilis est contrainte de passer par l'Anep pour faire passer son message qu'il s'agisse de journaux ou de télévision. Le passage d'un spot publicitaire (30 s) en prime time coûte la bagatelle de 350 000 DA que l'opérateur public est obligé de payer plein tarif (+ majoration) alors que les autres opérateurs qui ont accès direct à ce média lourd arrivent à négocier des rabais plus qu'intéressants. Ce n'est là qu'un exemple parmi tant d'autres à l'image de celui qui contraint Mobilis à s'acquitter de ses dus pour l'exploitation des liens (interconnexion) envers Algérie Télécom dont elle est pourtant filiale. Mieux encore, elle paye même tout ce qui relève de l'interconnexion au même titre que les autres opérateurs. Quelle attitude adoptera alors le nouveau venu, à plus forte raison, et ce n'est un secret pour personne même si ce n'est pas ce qui est avancé officiellement, lorsque l'on a reproché à Belhamdi, 1er P-DG de Mobilis, d'avoir “trop osé”, pour se plaindre ensuite de Belharrat, qui lui avait succédé, de ne pas être suffisamment “réactif”. Mobilis devrait trouver et vite son équilibre, surtout que son statut ne permet pas sa défilialisation comme Algérie Télécom l'a fait pour Djaweb.