Les difficultés de transport des passagers sur les vols domestiques persisteront d'ici à 2011. C'est ce que présuppose la réponse du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, en marge de la cérémonie d'inauguration des centres de maintenance et d'exploitation de Tassili Airlines, la filiale à 100% de Sonatrach. En d'autres termes, la compagnie aérienne de Sonatrach n'assurera à court terme que le transport des travailleurs du secteur pétrolier. À moins que l'Exécutif ne décide de l'autoriser à intervenir sur le marché intérieur et venir ainsi à la rescousse d'Air Algérie qui peine à assurer les dessertes domestiques : récurrence des retards, annulation de vols et surexploitation de sa flotte. Les ministres de l'Energie et des Transports sont d'accord sur un point : pas question d'encourager la dégradation de la santé financière de Tassili Airlines et d'Air Algérie en faisant fi des règles de commercialité. Chakib Khelil pointe du doigt en ce sens la nécessité de reviser la tarification. En effet, les prix des billets sur les lignes intérieures sont jugés trop bas, ne prenant guère en compte le coût de revient. Similarité : les deux compagnies, seules à intervenir sur le marché intérieur, ont bouclé en 2009 les appels d'offres relatifs au renforcement de leur flotte. Ce qui permettra à Air Algérie de faire face au trafic domestique et à Tassili Airlines de transporter dans les meilleures conditions les travailleurs de Sonatrach et de ses filiales. En attendant, la réception de nouveaux aéronefs, les passagers (grand public) sur les lignes intérieures continueront ainsi à souffrir des conditions de transport, à moins d'une prompte intervention du gouvernement. Ce qui ressort également de l'évènement, c'est que Tassili Airlines a abandonné sa première feuille de route et revu à la baisse ses ambitions. Elle programmait, en effet, de prendre une part non négligeable dans le transport grand public de passagers sur les lignes intérieures et d'ouvrir des dessertes vers Marseille, Barcelone, Madrid, Rome, Milan. Programme d'acquisition de 11 appareils de 150 à 70 sièges Aujourd'hui, elle met en œuvre un plan de développement 2006-2010 moins ambitieux, mais néanmoins consistant. La mise en service hier de centres de maintenance et d'exploitation ultramodernes à l'aéroport Houari-Boumediene constitue un pas supplémentaire dans la modernisation et l'expansion de la compagnie aérienne. “Ces centres de maintenance et d'exploitation se composent de deux bâtiments répondant aux standards internationaux. D'un coût global de 1,3 milliard de dinars pour la partie dinars et 17 millions de dollars pour la partie devises (soit l'équivalent de plus de 2 milliards de dinars), ces centres sont destinés essentiellement à la maintenance et l'exploitation des aéronefs qui composent actuellement la flotte de Tassili Airlines.” À noter que la compagnie de Sonatrach exploite une flotte de 27 appareils : 4 Q 400 (74 sièges), 4 Q 200 (37 sièges), 3 Beechcraft 1900 D (18 sièges), 4 Cessna 208 G/C (9 sièges), 5 Pilatus PC 6 (7 sièges), 7 hélicoptères Bell 206 LR. Elle a accaparé 27% de parts de marché de la relève des pétroliers et parapétroliers en 2009. Pour accroître cette part, Tassili Airlines a entrepris de renforcer sa flotte par l'acquisition de 4 modules 150 sièges Jet, 3 modules 100 sièges Jet, 4 modules 70 sièges, 1 avion d'affaires Jet. L'avionneur Boeing avait remporté en juillet 2009 le premier marché, un contrat d'acquisition de 4 Boeing 737-800. Le plan de développement prévoit la restructuration de la compagnie en un groupe composé de trois filiales : Tassili Airlines pour la prise en charge prioritaire de la grande relève des pétroliers et parapétroliers et le transport régulier grand public en cas d'excédent de capacité. Elle exploitera les appareils en cours d'acquisition, notamment les 4 Boeing. Naftassili Airlines assurera outre le transport de la petite et moyenne relève, entre les bases pétrolières et relais aux grandes villes du pays, les vols d'évacuation sanitaire, les vols de surveillance d'installations industrielles de l'énergie et des mines, des vols à la demande. Elle exploitera les 11 appareils de moyenne capacité principalement les Q 400 et Q 200. Quant à Tassili Agroaérien, qui se compose d'une flotte de dix petits appareils et trois hélicoptères, elle se chargera de traitements phytosanitaires, de fertilisation, ensemencement, de prospection et lutte anti-acridienne. Reste donc à savoir si Tassili Airlines compte bien se positionner à court ou moyen terme sur le marché domestique dans son segment grand public.