Saâdane a troqué sa casquette de technicien contre celle d'un diplomate en évoquant les relations entre l'Algérie et l'Egypte. Liberté : L'heure de vérité approche ; dans quelques heures, le 3e acte entre l'Algérie et l'Egypte aura lieu. Dans quelles conditions va se dérouler cette demi-finale de la CAN-2010 ? Rabah Saâdane : Je pense que c'est une rencontre qui se déroulera dans les meilleures conditions ; elle est très différente des deux précédentes qui ont eu lieu au Caire et à Khartoum. Ce n'est finalement qu'un match de demi-finale de Coupe d'Afrique, ni plus ni moins. Il faut, à mon avis, dépassionner les débats et éviter de tomber dans les mêmes erreurs. Laissons cette partie dans son cadre purement sportif et footballistique. Nous sommes deux pays frères, il faut qu'on donne une belle leçon de sportivité et de fair-play au monde. Il y aura donc moins de pression par rapport aux deux précédents matches ? Comme je l'ai dit, il ne faut pas tenter de sortir du cadre purement sportif. Les gens doivent savoir aussi que nous sommes en Angola, c'est un terrain neutre où, à mon avis, il faut réhabiliter l'image de marque de cette confrontation, en honorant le football arabe et africain. Je sais que toute la presse internationale présente ici veut vivre cette empoignade, c'est à nous de lui prouver que deux frères savent jouer au football et donner un exemple de sportivité et de fraternité. Les dirigeants des deux pays doivent travailler dans ce sens pour que le match soit une fête totale du football arabe et musulman. Je suis sûr que cette rencontre ouvrira, à mon avis, une nouvelle ère dans les relations des deux pays frères. Je demande aussi aux gens de la presse des deux côtés de faire preuve de retenue et de rester dans le cadre purement sportif. Le temps donc est venu pour tourner la page. Juste après le match de la Côte-d'Ivoire, vous nous avez affirmé que votre principal souci est de récupérer les blessés. Peut-on savoir où vous en êtes avec votre infirmerie ? Les joueurs commencent un peu à récupérer des gros efforts qu'ils ont déployés face à la Côte-d'Ivoire après 120 minutes d'une dure bataille sur un terrain très lourd. On craignait beaucoup plus pour Karim Ziani ; finalement, ce n'est pas aussi grave qu'on le pensait, sa blessure n'est pas méchante, il sera donc présent avec nous. Pour les autres joueurs, ce sont de petits bobos qui sont sur le point d'être réglés ; en principe, les choses vont mieux. Le fait que l'Egypte jouera ce jeudi sa cinquième rencontre sur ce même terrain de Benguela n'est-il pas un avantage pour eux ? Je ne le pense pas, c'est un match de demi-finale où il ne faut pas, à mon avis, tenir compte de ces paramètres. Chaque équipe s'est bien préparée, le terrain déterminera le finaliste. On a eu une journée supplémentaire de repos par rapport à eux, qu'on tentera de mettre à profit. Eux, ils ont cet avantage d'être sur place, ils n'ont pas voyagé comme nous de Luanda à Cabinda pour jouer face à la Côte-d'Ivoire ; le lendemain de cette rencontre, on refait nos bagages pour repartir vers la ville de Benguela. Vous voyez un peu les conditions. C'est pour cela que j'ai évoqué le problème de récupération, ce n'est pas évident avec tous ces déplacements qu'on a faits dans ce grand pays. Pour ce match, je pense que c'est la fatigue qui va rentrer en action pour les quatre équipes qualifiées aux demi-finales. Doit-on comprendre par là que vous aviez besoin d'une petite période d'adaptation ? Pas du tout, car on est toujours dans le même pays qui a les mêmes conditions climatiques. Si tel était le cas, nous serions partis vers la ville de Lubango, au Nord, pour nous acclimater. Ce n'est pas le cas, on est sur une ville côtière, la même que Luanda et Cabinda. Que vous inspire l'heure du match fixé à 20h30 ? Cela me rassure, car nous sommes la seule équipe de cette CAN qui a joué face au Malawi à 14h15 ; c'est ce qui explique notre défaite. Mais depuis que l'horaire a été avancé à 17h et 20h, on a fourni de grands matches. Prenez le cas du match contre la Côte-d'Ivoire ; s'il avait eu lieu à 15h, on n'aurait jamais produit ce beau spectacle et tous ces buts. L'heure du match est importante, surtout lorsqu'on joue dans un pays aussi chaud et humide que l'Angola. Je pense que les organisateurs ont bien fait de tenir compte de ce paramètre. Le match sera très emballé, j'en suis convaincu. Y a-t-il un problème de récupération qui se pose pour vos joueurs ? On est en train de travailler dessus, c'est le cinquième match de haut niveau qu'on jouera en l'espace de quelques jours. Si l'on arrive à bien récupérer, on fera un très bon match. C'est le 4e match que vous disputez en une année contre l'Egypte ; y a-t-il une différence par rapport à celui que allez disputer ce jeudi ? Tous les matches sont différents les uns par rapport aux autres. L'équipe de l'Egypte est en grande forme puisqu'elle n'a perdu aucun match durant son parcours en cette CAN, donc elle est en totale confiance ; nous aussi, nous sommes en forme, parce qu'on est en train de monter en puissance. Ce sera donc un grand match qui se jouera à un petit détail près.