La Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) et les fellahs comptent s'offrir une seconde chance en vue de s'entraider et mieux servir le secteur agricole. Belle initiative que celle prise par la Caisse régionale de mutualité agricole (CRMA) de la daïra d'Aïn Oussera, par le biais de son directeur, Lagueb Athmane, en organisant une rencontre de sensibilisation sur le thème important des assurances en milieu agricole. Rehaussée par la présence de Arba Kamel, directeur général de la CNMA, de M. Dilmi, président du conseil d'administration, de Chérif Benhabilès, directeur technique des assurances, des responsables locaux de la caisse et des autorités de la ville d'Aïn Oussera, cette rencontre-débat, la première du genre, à laquelle ont pris part des dizaines d'exploitants agricoles, entre dans un large programme de déploiement de la Caisse nationale de mutualité agricole, décidé par le ministère de l'Agriculture, notamment après la mue opérée par celle-ci dans le but de promouvoir une mutualité de proximité dans une perspective de modernisation des assurances agricoles. Une modernisation qui passe, selon les responsables, par un recentrage de la mutualité dans ses dimensions d'assurance et de crédit. Un point qui reviendra, d'ailleurs, comme un leitmotiv dans les différentes interventions. Une manière de mettre en exergue et de saluer la naissance d'un nouveau-né des assurances agricoles, à savoir l'institution d'un Crédit mutuel rural qui sera entièrement animé par les fellahs regroupés dans des coopératives et qui doivent, en outre, participer d'une quote-part après avoir, au préalable, élu leurs propres représentants pour l'opération de l'allocation des crédits. Ce crédit vient s'ajouter à une panoplie de mesures instituées par la tutelle, telles que l'assurance “multipérils” pour la pomme de terre et la tomate, ou encore l'assurance “multirisques” visant à protéger les investissements et les exploitations contre les aléas climatiques qui menacent les cultures, comme le gel, la grêle, le sirocco et les inondations. Il faut noter au passage que les régions d'Aïn Oussera et de Benhar sont beaucoup plus connues pour la culture arboricole, 20 millions d'arbres fruitiers environ, s'étalant sur 7 700 hectares, et pas moins de 800 exploitants versés dans la filière et exerçant dans la plaine du Sersou. Ce redéploiement vise aussi à restaurer la confiance entre la caisse et les agriculteurs. Un exploitant agricole, le président de l'association El Khadra, parlera de “divorce entre la caisse et le fellah”, allusion faite à l'écart qui sépare les deux partenaires et à certaines pratiques bureaucratiques assez répandues dans l'administration. Le même intervenant attirera également l'attention des responsables du secteur sur le problème épineux de l'effacement de la dette décidé par le président de la République, la question des comptes bloqués et aussi le taux d'intérêt élevé appliqué par les assurances. M. Benhabilès, le directeur technique des assurances de la Caisse nationale de mutualité agricole, dira en direction des fellahs : “Faites-nous confiance, puis demandez-nous des comptes !” en promettant que le problème des dettes contractées par les agriculteurs auprès des banques sera réglé dans une convention liant la caisse à ces dernières. Les fellahs de la région, dont seuls trois ont souscrit à des contrats d'assurance, sont donc appelés à faire montre de bonne foi et à se rassembler autour de leur caisse pour envisager des lendemains meilleurs. Parlant de convention, le même intervenant signalera au passage que la CNMA a signé un accord avec l'OAIC en participant avec un apport de 350 milliards de centimes. Un apport visant en premier lieu à aider les populations rurales et à pérenniser l'activité agricole en perspective d'un projet plus grand : l'autosuffisance alimentaire.