Le 11 février prochain, la République islamique d'Iran commémorera le 31e anniversaire de sa révolution. Mardi, à dix jours des festivités qui marquent traditionnellement cette date, les autorités iraniennes ont annoncé l'exécution prochaine de neuf opposants au régime, arrêtés au cours des manifestations postélectorales violemment réprimées du mois de juin dernier. La répression contre les partisans de l'ancien Premier ministre Moussavi, qui continuent de contester la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République, n'a jamais cessé comme en témoignent les sanglants événements qui ont entouré la fête de l'Achoura. Cette répression symbolise “ l'échec de la révolution islamique”, selon le candidat malheureux à l'élection présidentielle. “Remplir les prisons et tuer des manifestants avec brutalité démontrent que (…) les fondements de la dictature monarchique demeurent” a-t-il déclaré. La semaine dernière déjà, deux hommes arrêtés lors des récentes manifestations antigouvernementales, condamnés à mort pour avoir “mené une guerre contre Dieu”, ont été exécutés par pendaison. “Les neuf et les deux qui ont été pendus jeudi ont bien été arrêtés lors des émeutes récentes et étaient liés à des groupes contre-révolutionnaires” a confirmé un haut responsable de la justice iranienne à l'agence de presse Farsi. Un dignitaire religieux acquis au régime, Ahmad Jannati, a salué les deux pendaisons de jeudi et a encouragé les autorités à procéder à d'autres exécutions. Mirhossein Moussavi l'a vilipendé en dénonçant “le cruel dignitaire (qui) a félicité la justice malgré les doutes sur les méthodes utilisées pour extorquer les aveux des condamnés” Le vice-président américain Joe Biden a déclaré pour sa part, que le gouvernement iranien “sème les graines de sa propre destruction” en s'accrochant au pouvoir. Il “a perdu sa crédibilité morale dans son propre pays et dans la région” en utilisant la répression pour contenir la contestation, a-t-il ajouté. Des centaines de personnes ont été interpellées depuis le mois de juin dans la foulée de manifestations qui n'ont jamais réellement cessé et qui peuvent reprendre de plus belle à l'occasion de cette commémoration, qui s'annonce sous haute tension et fait craindre de nouvelles violences. Les dernières grandes manifestations de contestation ont eu lieu le 27 décembre dernier et se sont soldées par au moins huit morts et un millier d'arrestations. Cela ne décourage pas pour autant Moussavi, qui a perdu un de ses neveux à cette occasion. Il prévient en effet que son mouvement ne renoncera pas “tant que les droits des gens ne seront pas préservés” car, a-t-il déclaré, les “manifestations pacifiques sont un droit pour les Iraniens.” Cela sonne comme un appel à ses partisans pour battre de nouveau le pavé ce 11 février et de nombreux messages allant dans ce sens circulent sur internet. Les autorités menacent déjà. Le commandant des Gardiens de la révolution a annoncé que le gouvernement ne tolèrerait pas de nouvelles émeutes et qu'il s'y opposerait fermement et par tous les moyens. Tous les ingrédients sont réunis pour une nouvelle explosion de violence au pays des mollahs qui connaît sa plus grave crise depuis la destitution du Shah il y a 31 ans. Les Etats-Unis, qui s'attellent à mettre en œuvre de nouvelles sanctions contre l'Iran pour le contraindre à coopérer sur le dossier du nucléaire, ont annoncé dimanche dernier le renforcement de leur défense antimissiles au Koweït, au Qatar, à Bahreïn et aux Emirats arabes unis où ils ont déjà installé des missiles Patriot.