Cloches et sirènes des écoles, usines, trains ou bateaux ont retenti dans tout l'Iran hier matin pour marquer l'anniversaire du retour d'exil de l'ayatollah Ruhollah Khomeiny qui allait déclencher la révolution islamique de 1979. Une commémoration qui se déroule cette année dans des circonstances bien particulières. Le régime iranien traverse une des pires crises politiques de son histoire. Toutes les cloches et sirènes ont résonné à 9 h 30 précises, heure à laquelle l'avion d'Air France ramenant l'ayatollah Khomeiny après 15 ans d'exil avait touché la piste de l'aéroport de Téhéran-Mehrabad le 1er février 1979. Deux heures plus tard, le charismatique leader religieux, âgé de 76 ans, annonçait son intention de créer un nouveau régime, lors de son premier discours prononcé au «cimetière des martyrs» de Behecht-e-Zahra, au sud de Téhéran, où il s'était rendu dès son arrivée pour saluer la mémoire des victimes de la répression du Chah. Ce 31e anniversaire de la révolution islamique intervient alors que l'Iran traverse une éprouvante crise interne et externe. Une partie de l'opposition interne au régime conteste toujours la régularité de l'élection d'Ahmadinjad en juin dernier et multiplie à chaque occasion depuis huit mois les manifestations parfois violentes pour exprimer son rejet du gouvernement qu'elle ne reconnaît toujours pas. Deux des principales figures de l'opposition, l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi et l'ancien président du Parlement Mehdi Karoubi ont implicitement appelé leurs partisans à descendre dans la rue le 11 février en réclamant une «participation massive de la population» aux grands rassemblements officiels prévus ce jour-là. Evoquant allusivement cet appel, le président Ahmadinejad a affirmé, hier matin au mausolée de l'imam Khomeiny, être «certain que le peuple iranien décevra, le 11 février, les ennemis» de la république islamique. Les autorités, qui ont exécuté, la semaine dernière, deux opposants monarchistes accusés d'avoir voulu renverser le régime, ont averti qu'elles ne toléreraient aucune manifestation de l'opposition ce jour-là. L'hommage traditionnel au retour du fondateur de la République islamique a donné le coup d'envoi de nombreuses commémorations officielles culminant avec des rassemblements dans tout le pays le 11 février, date officielle du renversement du régime impérial. La cérémonie s'est ouverte hier matin par une cérémonie sous haute surveillance au cimetière des martyres présidée l'ancien président du Parlement Gholam Ali Haddad Adel, conseiller du Guide de la République islamique Ali Khamenei. Ce dernier a affirmé que les Iraniens «demeurent attachés aux engagements pris il y a 31 ans». Il ajoutera que le peuple entier dit «aux tyrans» qu'il poursuivra de toutes ses forces «la défense de la révolution». Plus tôt dans la journée, plusieurs hauts responsables, dont le président Mahmoud Ahmadinejad, s'étaient recueillis sur la tombe de l'Imam Khomeiny. G. H.