Hier matin, les éléments des gardes-frontières (GGF) de Tébessa ont localisé, au niveau de la bande frontalière entre Bekkaria et El-Houidjbette, deux véhicules remplis de marchandises introduites illégalement de Tunisie. L'un des conducteurs D. A. âgé de 33 ans et père de trois enfants, qui roulait à vive allure avec son engin de transport, comme c'est le cas dans ce genre de situation, aurait refusé de s'arrêter malgré les tirs de sommation des gendarmes. Il recevra, accidentellement, une balle dans la nuque. Son véhicule fera plusieurs tonneaux avant de s'immobiliser. Le contrebandier D. A. rendra l'âme sur le coup. Le corps de la victime sera acheminé par les gendarmes à la morgue de l'hôpital Allia de Tébessa. Son cousin, qui conduisait le second véhicule, a échappé à cette course- poursuite. Une fois hors de portée des GGF, il est allé alerter les parents du conducteur. Ces derniers arriveront en renfort pour venger leur fils, D. A., en l'occurrence. Ce fut sans compter avec la vigilance des gendarmes qui ont anticipé ce geste grave par des mesures rapides prise au moment opportun. Une enquête a été ouverte par les services de sécurité, territorialement compétents, pour déterminer les causes et circonstances de la mort du contrebandier. Par ailleurs, avant-hier au soir, dans la ville de Hammamet, située à 15 km du chef-lieu de la wilaya de Tébessa, un scénario identique a eu lieu en plein centre-ville. Une voiture de tourisme chargée de concentré de tomate d'origine tunisienne a été interceptée par les gendarmes qui s'étaient mis à sa poursuite. Après des tirs de sommation, le conducteur s'est arrêté. La voiture et la marchandise ont été saisies. Les contrebandiers, qui agissent sur la lisière frontalière est du pays, recourent à des véhicules puissants et démunis de phares, pour faire transiter leurs marchandises vers l'Algérie. Dans leur folle course, ils ont déjà fait, par le passé, des victimes parmi les éléments des services de sécurité et les usagers de la route. En plus de ces drames humains, ces contrebandiers participent, directement, à la destruction de l'économie nationale. L'importation de la tomate en contrebande rend non concurrentielle la production nationale. Toute la filière souffre. Une dizaine de conserveries est à l'arrêt avec des centaines de personnes au chômage. Les familles de ces derniers sont, alors, dans la misère avec des parents incapables de scolariser ou de soigner leurs enfants. Et ce genre de phénomènes induit inévitablement une précarité sociale et même la délinquance dans beaucoup de région et plus particulièrement aux frontières. À Tébessa, le recours aux émeutes pour défendre ce crime qu'est la contrebande renseigne sur le niveau d'infiltration de ces réseaux criminels au sein de la société qui malheureusement n'hésite plus à les protéger. Cette situation de non-droit qui semble se propager à nos frontières pose encore une fois le problème de la présence de l'Etat. Les services de sécurité, qui luttent inlassablement contre les réseaux criminels, ne peuvent à eux seuls éradiquer ce mal profond. Ces derniers ne doivent, en aucun cas, se retrouver seuls et esseulés face au jeu d'un tribalisme et d'un régionalisme qui, après avoir fait des ravages dans la sphère politique, est en train de “vendre” ce qui reste de notre souveraineté économique.