Le long de la route, menant de Bordj Bou-Arréridj à Sidi Idhir, s'étale à perte de vue la forêt de Djaâfra. Entre quelques pâtés de maisons vides, un chemin de campagne mène vers le village. Sidi Idhir se compose d'un ensemble de maisons construites en pierre et en pisé, séparées les unes des autres par des terrains vagues rocailleux. Le village surplombe une rivière et un lac, Tamssa, qui le sépare de la forêt. Les maisons ont des toitures en tuiles rouges noirâtres. Les plafonds sont de type traditionnel : des roseaux mélangés à de la chaux et à de la bouse de vache ou des poutres. Ici, pas de rues mais des terrains vagues, poussiéreux. Pas d'habitants. Le village est presque désert. Ses habitants étaient de condition modeste. La plupart d'entre eux travaillaient en ville, à Alger ou à Oran. Dans cet espace aride, dominé par le chêne vert, dont une partie est à moitié calcinée, quelques familles ont réussi à aménager des petits potagers pour améliorer l'ordinaire. D'autres ont clôturé de petits espaces abritant des poulaillers ou des bergeries. Les plus “riches” ont quelques moutons engraissés pour les prochaines fêtes de l'Aïd. “Mais quiconque verra la verdure et la beauté de l'endroit croira que nous vivons au paradis”, dira un habitant du village. Au centre du village, une atmosphère de fierté et de noblesse règne sur les lieux. Là où 95 âmes de chahids planent et veillent sur le village. Quarante-huit ans sont passés, mais l'émotion est toujours là, tout comme ce serment toujours réitéré pour “servir et défendre l'Algérie” La région de Sidi Idhir a-t-elle été trahie par les siens ? À la voir en ruine, on pourrait croire que oui !