Près de 800 exposants, dont 385 sociétés étrangères issues d'une vingtaine de pays, parmi les plus grands de ce monde. 19 entreprises chinoises, 114 turques, 64 françaises, 63 italiennes, 37 espagnoles, 35 portugaises, 11 belges, 7 allemandes, 23 tunisiennes, et d'autres encore, d'Autriche, de Corée, de Grande-Bretagne, de Grèce, de Russie, de Hongrie, de Pologne, des Pays-Bas, du Liban et du Maroc. Que du beau monde ! Min'koum, oua ileykoum ! “Un urbanisme et une architecture de qualité'', dans ces pays-là, on en fait depuis toujours ! De toutes les villes de ces Etats représentées au Batimatec, que nous avons eu le privilège de visiter, l'acte de bâtir allie l'art et la manière. Tous les paramètres, aussi bien techniques, écologiques, économiques, qu'esthétiques sont pris en considération. Parce que, de la considération, ils en ont et pour leur environnement et pour leur travail et pour leur population. À voir chez nous tous ces tas de béton érigés en vulgaires bâtiments, même pour les constructions les plus récentes, un tel slogan sonne fatalement, faux ! Creux ! Balancé comme ça, de but en blanc, il n'a pas de sens. Il a exactement le même effet que toutes ces vieilles sentences au temps du parti unique, du style, “Min'koum, oua ileykoum'' ! (Par le peuple et pour le peuple. C'est kif kif !) Que de fois les médias, notamment la Radio algérienne, à travers la Chaîne III, ont consacré des émissions entières pour dénoncer le manque manifeste d'un urbanisme et d'une architecture de qualité. D'autant que tous les spécialistes sont d'avis que construire moche ne coûte pourtant pas moins cher ! Alors pourquoi ? Toutefois, le Batimatec a le mérite d'exister, de constituer un espace d'expression pour les professionnels du bâtiment et de la construction. D'être un forum où se regroupent tous les acteurs d'un même secteur, dans un même lieu et en même temps. De représenter un regroupement de spécialistes issus de plusieurs pays et de diverses branches au service du bâti. En somme, un rendez-vous de première importance pour l'urbaniste, l'architecte, le promoteur et les fabricants de matériaux de construction algériens. Le Batimatec compte parmi les salons les mieux structurés du pays. Sinon le meilleur ! C'est d'autant plus frustrant que de réussir une belle maquette du bâti algérien, à savoir le salon, avec à côté, la pire réalisation au monde, en format réel… l'habitat en Algérie ! Faut croire que ce ne sont pas les mêmes qui y activent ! Comme quoi, l'événementiel est un métier et l'habitat en est un autre. Construire moche, c'est long ! Sur le terrain, en plus de construire mal, on construit cher, on s'éternise, et surtout on gère très mal l'après-construction. La distribution se fait dans une anarchie la plus totale où le flou règne en maître incontesté de l'ouvrage ! Les problèmes s'y conjuguent au pluriel. Indisponibilité des matériaux traditionnels, notamment le ciment. Refus ou frilosité à aller à la prospection de matériaux modernes de substitution. Manque de main-d'œuvre qualifiée. Absence d'un marché immobilier régulier et légal. Absence d'un marché immobilier locatif. Crise de logement avec inaptitude à dégager un véritable diagnostic. Dispositifs financiers opaques et inadaptés. Incohérence du discours officiel… tel est le triste constat de la politique de l'habitat en Algérie ! Concernant l'indisponibilité du ciment, le ministre de l'Habitat a annoncé qu'“aux yeux de l'Etat, le problème a été résolu la première semaine du mois de mars avec la reprise de la production par certaines usines qui ont vécu des imprévus et aussi par l'importation de deux millions de tonnes de ciment en plus de trois autres millions attendus”. Faut bien admettre que les promoteurs et autres bâtisseurs du pays ne voient pas avec les mêmes yeux ! Ils n'appartiennent pas à une même orbite ! En tout cas, une chose est sûre, ça ne fait pas avancer le Chmilblique ! Immeubles intelligents. Et le reste... ? C'est peut-être le moment de regarder ailleurs, justement. Du côté d'autres techniques et matériaux modernes ayant fait leurs preuves sous d'autres cieux. Sur le continent asiatique, par exemple, l'Inde avance plutôt bien en termes d'immeubles intelligents. C'est l'appellation donnée à ce nouveau type de construction. Logements, écoles, hôpitaux, centres commerciaux et culturels ont déjà adopté ce nouveau mode de construction intelligent. Intelligents tant par ses visées écologiques que par sa stratégie de développement, ces buildings verts indiens sont entre 3 et 8% plus chers que les bâtiments traditionnels. Mais ce modèle de bâti promet néanmoins un retour sur investissement 2 à 3 ans après sa construction. Sans compter l'économie d'énergie et d'eau qui fait pâlir de honte nos plus prestigieux immeubles lourds et énergétivores, soit 35% d'économie sur la facture d'électricité et gaz et 40% sur la consommation d'eau. Des pays, bien plus près de chez nous ont tenté l'expérience en adoptant d'autres techniques et matériaux de construction. Au placard, les traditionnels matériaux de construction ! Blocs béton, briques pleines ou creuses... aujourd'hui, les industriels du bâtiment proposent de nouvelles familles de produits capables d'améliorer le confort intérieur des maisons. Argile, laine de chanvre, béton cellulaire, brique mono mur, une multitude de nouveaux produits font leur apparition. Excellents isolants thermiques et acoustiques, ces nouveaux matériaux sont prisés pour leurs propriétés écologiques entre autres. Parmi les plus connus, on cite le béton cellulaire aussi appelé thermo pierre. Il est économique, facile à poser et peu polluant. Plus ancien qu'on ne le pense (1927), le béton cellulaire est fabriqué à partir d'un savant dosage de matières premières naturelles (eau, sable, chaux et air). Cela lui confère à la fois les caractéristiques d'une pierre (solide, dur, indéformable, et ininflammable) et celles d'un isolant (grâce à l'air emprisonné dans les alvéoles). Nous présentons pourtant les mêmes caractéristiques climatiques. Il suffit d'oser. C'est le propre d'un chef ! Déficit ou excédent ? Qui ne tente rien, n'a rien, dit-on ! Et une telle détermination permettrait peut-être de voir plus clair. Voir si le problème du logement est finalement d'ordre purement technique, ou il faudra chercher…ailleurs ! Crise ou mauvaise gestion ? Peut- être, les deux ? On le croirait presque lorsque l'on sait que sur les 6 800 000 logements que constitue le parc national, plus d'un million et demi de maisons et appartements sont inoccupés ! Donc déficit ou excèdent ? La logique universelle de l'offre et de la demande nous renseigne du contraire ! Son nom est : “spéculation'' ! R. L. [email protected]