Malgré un nombre important d'entreprises créées dans le cadre de l'Ansej ou suivant d'autres formules, dans la wilaya de Tizi Ouzou, celles-ci ont du mal à décoller et à sortir du stade embryonnaire. Faute de travail, leurs offres de service trouvent peu d'écho sur le marché, les promoteurs préfèrent des partenaires plus rodées. La régulation des marchés offre peu de place à ce genre de PME. Certaines entreprises, pourtant bien outillées et expérimentées dans leur domaine, notamment dans les métiers de la construction, du bâtiment et des travaux publics, n'arrivent pas à suivre leurs concurrents. Ceux-ci s'adonnent au “concassage” des prix, suivant la règle du “moins-disant”, allant jusqu'à proposer des prix très bas lors des soumissions pour ensuite trouver des astuces, bien à eux, afin de récupérer le manque à gagner par une révision des prix ou en réalisant un travail en-deçà des normes requises au détriment de la conformité. S'agissant du marché public, l'Etat s'accommode de ces pratiques, en dépit du nombre de carences qui grèvent pendant longtemps nombre de projets en phase de réalisation et à l'arrêt. Les bureaux d'études faisant une évaluation réelle du coût du projet, les services publics devraient octroyer le marché au soumissionnaire le “plus proche” de cette évaluation ; cela pour s'assurer de la conformité et de la durée de la réalisation. “Il nous arrive de constater dans certaines communes que ce sont toujours les mêmes entrepreneurs qui s'emparent des projets. Les autorités de contrôle doivent se pencher sur la question et mettre un terme à un certain flou qui prédomine dans les procédures d'attribution ! On sait bien, de part et d'autre, comment manipuler la réglementation régissant les projets, en demandant après, à titre d'exemple, des travaux en plus sur le même chantier ou un budget complémentaire…”, avoue un ex-élu d'une APC, bien conscient du problème. Rien que dans la wilaya de Tizi Ouzou, l'Agence national de création de l'emploi de jeunes (Ansej) traite 70 dossiers par semaine, la commission siège une fois tous les sept jours et jusqu'à une heure tardive de la nuit, avoue un employé de cette agence, lors d'une conférence porte ouverte sur ce service, organisée récemment à Aïn El-Hammam. L'employé dira qu'ils ont reçu, il y a quelques mois, 780 demandes d'aide à la création de micro-entreprises, et ce, en une seule journée ! Six mille projets ont été traités en 2009. Un chiffre qui sort de l'ordinaire, et l'on se demande comment cette agence, qui semble dépassée par le nombre de demandeurs, peut assurer en même temps un suivi sur le terrain ! C'est, en outre, ce qui a été débattu également lors de cette rencontre. Un problème épineux, notamment face au manque d'un service de suivi spécialisé en l'occurrence. Les APC ne s'impliquent pas assez dans la prise en charge du devenir de ces micro-entreprises, créées dans leurs localités, pour promouvoir celles-ci à travers les PCD, et cela afin d'assurer une meilleur redistribution du travail (pas toujours aux mêmes) et de booster leur tissu économique par la création d'emplois. Ce qui manque, en fait, c'est une bonne répartition des ressources. Chaque micro-entreprise peut assurer au minimum deux postes d'emploi, ce qui renseigne sur le nombre qui peut être créé dans le cadre d'une bonne gestion. Ces APC sont-elles alors concernées par le phénomène ? Le problème est probablement plus profond, notamment dans la manière et le degré de conscience, s'agissant de la gestion intelligente du marché public au niveau des communes. Des entreprises sont mises à l'écart, alors qu'elles ont été créées dans le cadre d'un dispositif d'Etat afin d'assurer un dynamisme en matière de création d'emplois et d'activités de jeunesse. Une coordination entre diverses administrations, les APC, l'Ansej et d'autres services de wilaya, s'impose pour assurer une continuité à ce processus par différentes prises en charge visant à les promouvoir. L'Ansej dit ne pas pouvoir assurer un suivi sur le terrain, vu le nombre important d'entreprises créées ; cela nécessiterait des moyens qu'elle n'a pas aujourd'hui. “Nous avons même du mal à trouver un siège pour un bureau d'annexe à Azazga et Aïn El-Hammam ! Seule la région de Draâ El-Mizan dispose d'une annexe qui facilite les choses pour les jeunes créateurs d'entreprise”, ajoute notre interlocuteur.