Le 4 juin 2009, le monde s'arrêtait pour écouter et regarder le président américain Barack Obama parler à l'université d'El-Azhar face aux musulmans du monde entier. Il a appelé à “un nouveau départ entre les Etats-Unis et les musulmans” au moyen d'une relation fondée sur l'esprit d'entreprise. W ashington était en effervescence comme elle l'a rarement été, durant toute la semaine du 25 au 30 avril 2010. Plus de 160 chefs d'entreprises, petites, grandes et moyennes, représentant plus de 50 pays musulmans ou à forte communauté musulmane, sélectionnés par les chancelleries américaines à travers le monde, ont été réunis dans la capitale américaine. Cet évènement fait suite à la promesse qu'a faite Barack Obama, lors de son discours de juin 2009 à l'université d'El-Azhar. Il avait alors promis de réunir les entrepreneurs et chefs d'entreprise d'avant-garde, aux parcours hétéroclites et prestigieux, ainsi que des personnalités qui soutiennent cette démarche. Le ton était donné par Obama en affirmant que “l'entrepreneuriat est la plus grande des forces que le monde ait jamais connue pour créer des opportunités d'affaires et sortir les gens de la pauvreté”. Durant ce sommet, notre pays était représenté par sept chefs d'entreprise. Invités par le président Barack Obama lui-même, dans la capitale qui glorifie la réussite et la création de richesse, le pays où tous les rêves sont permis du plus simple au plus fou et où l'entrepreneuriat sous toutes ses expressions, musulmanes y compris, a été la vedette pendant une semaine. Présidé par Obama avec la participation active de la secrétaire d'Etat Hilary Clinton, de nombreux ministres, tels que ceux du Commerce et de l'Education, et de hautes personnalités du gouvernement américain, ainsi que de nombreux conseillers personnels du président. Des représentants de prestigieuses compagnies américaines, telles que Facebook, Pepsi Cola, Yahoo !, IBM, Google et Cisco, pour ne citer que quelques-uns. Cette rencontre atypique était largement ponctuée et suivie par d'autres actions et évènements organisés par au moins 30 différentes organisations et partenaires américains et internationaux basés aux Etats-Unis qui voulaient profiter et capitaliser de ce “Networking d'affaires” riche, varié réunissant, en espace et en temps, un échantillonnage impressionnant de l'entrepreneuriat à consonance musulmane. La tâche est immense. Les moyens mis en œuvre à la hauteur, car Obama entend gagner à tout prix son pari : ôter la première petite pierre du haut mur d'appréhension et de méfiance qui sépare les Etats-Unis du monde musulman. Comme la quasi-totalité des musulmans du monde, nous ne sommes pas d'accord avec tout ce que fait ou entreprend l'Administration américaine à notre égard. Mais nous devons dire que ce sommet mérite qu'on s'y attarde, pour analyser ses motivations, son impact ainsi que les suites qu'il aura. Sans aucun doute, c'est la première fois qu'une telle initiative est prise par les Américains, pour communiquer avec nous autres. La capitale américaine a reçu une autre trempe de visiteurs, qui a remplacé les présidents, les rois, les ministres et autres hautes personnalités politiques que la Maison-Blanche a pour habitude de voir défiler. Washington essaie d'établir une communication basée sur un intérêt commun tant économique que social avec ceux qui en comprennent le mieux le sens pragmatique. Ces chefs d'entreprise, ces entrepreneurs et ces hommes d'affaires, grands, petits ou tout simplement bourgeonnants, ne sont pas venus pour discuter des problèmes politiques et de sécurité du monde, ils sont venus pour insuffler un nouvel espoir, pour écrire une nouvelle page d'histoire entre les Etats-Unis et le monde musulman fondé sur l'échange, l'intérêt et le respect mutuel. En effet, les bases d'une bonne et fructueuse relation d'affaires passent d'abord par le respect de l'identité et des différences de l'autre. Le talent vient dans toutes les couleurs et peut prendre plusieurs formes, et peu importe la langue dans laquelle il s'exprime. Comme l'a déclaré l'un des participants, paraphrasant Mao Tsé-toung : “Peu importe que le chat soit noir ou blanc, pourvu qu'il attrape des souris.” Nous avons été impressionnés par l'énergie, l'intelligence, le pragmatisme et l'autocritique du discours tout le long du sommet, mais aussi en marge de celui-ci. Les trois mots “l'échec est bon” ont été répétés à plusieurs reprises par une grande partie des participants, des plus modestes au plus prospères. À les écouter raconter leur parcours et leur montée vers le succès, nous avons été frappés par deux choses qui concernent la relation avec leurs administrations respectives. La première est que nous ne partagions pas exactement les mêmes chances. En effet, la plupart d'entre eux ont réussi grâce à l'Etat, alors que nous autres, difficilement c'est pratiquement, tout le temps, malgré l'Etat. La deuxième est qu'en tant que créateur d'entreprises que nous avons besoin de dix fois plus d'autorisations pour créer dix fois moins de richesses et d'emplois. L'un des nombreux messages que nous avons essayé de passer durant ce sommet était que nous ne devons pas apprendre aux jeunes à être des demandeurs d'emploi. Nous devons plutôt les encourager à être des entrepreneurs, et donc des créateurs d'emplois. L'entrepreneuriat est avant tout un état d'esprit qui doit d'abord être développé en interne, il ne peut être importé. Sa graine se plante dans les écoles et centres de formation pour donner des sociétés qui encouragent la créativité et l'engagement social. Il doit devenir une priorité dans la stratégie de développement de notre pays. Quitte à paraphraser Fadi Ghandour, un homme d'affaires jordanien, présent au sommet, qui déclara que “la seule ressource renouvelable est le cerveau humain”, il n'y a qu'un seul investissement qui importe et pour lequel tous les moyens devraient être mis à sa disposition, c'est la formation des femmes et des hommes de demain. Le chef d'entreprise, qu'elle soit privée ou publique, le directeur ou responsable d'une institution, le chef d'une unité militaire ou paramilitaire ont tous ceci en commun, gérer selon les règles de l'art, en les optimisant du mieux qu'ils peuvent, des hommes et des moyens pour la meilleure rentabilité possible de leur structure. Nous devons repenser l'Ecole et l'Université pour arrêter de former encore plus des futurs chômeurs ou mal employés. Nous avions déclaré lors de ce sommet que nos pays avaient besoin d'écoles de formation de management et de managers à l'échelle nationale et pourquoi pas à l'échelle maghrébine, car la mondialisation ne laisse aucune chance à l'autarcie économique. Tous les participants à cet évènement historique, y compris nous, espèrent pouvoir tirer le meilleur parti du sommet et capitaliser de nombreuses expériences exposées. Nous croyons que c'est une occasion pour nos pays de renforcer leur propre société civile et relancer leur économie. Dans les couloirs du Sommet Dans les couloirs du sommet, les discussions et échanges allaient bon train, les idées s'échangeaient aussi vite que les cartes de visite malgré et grâce à la diversité et l'origine des entrepreneurs, venus de pays riches et pauvres avec des entreprises qui vont de la gestion des pousse-pousse à la construction d'automobiles. “Je n'aurais jamais cru qu'il y eut autant de femmes chefs de files dans les pays arabes. Je savais qu'elles investissaient facilement l'artisanat, mais jamais d'aussi grandes entreprises avec autant d'envergure et d'employés”, déclarait Mirlinda Kusari-Purrini, directeur de l'Association des femmes d'affaires au Kosovo. Nuriya S. Farah, qui est originaire du Kenya, où elle dirige une entreprise de camionnage et une organisation à but non lucratif pour aider les filles et les femmes, a déclaré : “Avant ce sommet, je ne savais pas ce qu'était un incubateur d'entreprises. Maintenant, je sais.” Roshaneh Zafar, qui dirige une organisation de microfinance au Pakistan, a été gagné par la façon dont un incubateur — qui permettrait aux petites entreprises de se partager l'espace, les ressources et les mentors — pourrait aider les femmes à s'en tenir à des activités lucratives plutôt que de fermer boutique quand les responsabilités familiales les accableraient. Ogunrinde, qui dirige un centre de formation professionnelle à Lagos, au Nigeria, a eu une conversation fortuite avec Martin Burt, du Paraguay, et a appris que des cours sur l'entrepreneuriat étaient donnés dans leurs écoles élémentaires, quelque chose qu'il souhaiterait imiter dès que possible. Papa Yusupha Njie, qui développe des réseaux de téléphonie mobile pour les banques en Gambie, a rencontré les banquiers de M & T Bank of New York. “Vous ne voulez rien dire jusqu'à ce que vous vous inscrivez sur la ligne pointillée, dit-il, mais au cours des prochaines semaines, je suis sûr qu'il va y avoir quelques e-mails fermes sur ce que nous avons parlé.” Alors que le sommet tirait à sa fin, Fatima Aliko du Nigeria a déclaré : “Je savais que le monde était important. Je ne savais pas qu'il était aussi grand. Il y a tant d'idées différentes, tellement de choses différentes qui se passent dans notre monde. C'est merveilleux !” Les 7 chefs d'entreprise algériens invités par Barack Obama La délégation algérienne était composée de : M. Issad Rebrab, PDG de Cevital, M. Slim Othmani, PDG de NCA-Rouiba, M. Ali Kahlane, président de Satlinker, Me Hind Benmiloud, avocate, Mme Dalila Nadjem, DG de PCcom et des Editions Dalimen, nMme Khedidja Belhadi, DG d'Edecor M. Sofiane Chaïb, DG de InTuition. Ses membres étaient agréablement surpris par l'accueil qui leur a été réservé, à eux en particulier et au reste des délégués en général. Ils ont pu vérifier par eux-mêmes qu'il n'ont fait l'objet d'aucun traitement particulier négatif à leur égard, qu'ils étaient traités comme tous les autres passagers aussi bien à l'aller qu'au retour de Washington.