Des centaines de villageois, notamment ceux concernés par l'expropriation dans le cadre du projet de la réalisation du barrage de De Souki n'Tlata, dans la commune de Tadmaït, à l'ouest de la ville de Tizi Ouzou, se sont rassemblés vendredi après-midi dans l'aire de l'ex-souk hebdomadaire de Tlata avec le président de l'association des expropriés, Mohamed Merabti. Au long de cette rencontre, à laquelle les responsables concernés ont été invités, mais qui n'ont pu y prendre part, hormis le premier magistrat de la commune de Tirmitine, Saïd Senaoui, et un élu à l'APC de Tadmaït, Omar Meziane, le président de l'association a brossé un large tableau des démarches menées auprès des autorités de wilaya et centrales quant à la nécessité de la révision des barèmes – qualifiés d'insignifiants – de leur indemnisation, ainsi qu'aux “modalités hâtives” des promoteurs du projet à vouloir lancer les travaux – initialement prévus en juin courant – sans avoir associé ni négocié préalablement avec les principaux concernés. En plus de Tadmaït, concernée à 90% par ce projet, des familles de pas moins de quatre autres communes, à savoir Aït Yahia Moussa, Aïn Zaouïa, Maâtka et Tirmitine, en sont également plus ou moins touchées, a rappelé M. Merabti, qui a ainsi mis en garde les participants à cette réunion de ne pas accepter d'éventuelles propositions d'indemnisation individuelles, au risque de se faire arnaquer par des leurres et pouvant aboutir à la dislocation de leur association, objectif que viseraient des auteurs d'expertises, d'études, de responsables de la commune, avertit M. Merabti. Il invite les autorités concernées à procéder, avant tout, à la réévaluation desdits barèmes, au relogement des familles concernées dont les enfants sont, depuis des décennies, non seulement paralysés dans leurs activités, à cause de ce projet de barrage, mais en plus privés même de l'école. L'orateur soulèvera aussi le problème des cimetières sis en plusieurs endroits sur le site du futur barrage. Certes, un arrêté de l'APC de Tadmaït interdit, depuis février 2010, l'inhumation des morts dans les cimetières de Tlata, après avoir affecté des terrains pour ce faire, mais dans la loi musulmane, selon M. Merabti, il est illicite de déplacer les restes d'un mort avant au moins 10 années après son enterrement. Il remettra en cause également les études géométriques opérées sur le site et dans lesquelles, tonne-t-il, il a été omis non seulement des arbres, des puits… mais surtout des familles. Impardonnable ! clame-t-il encore. “Nous sommes disposés à travailler avec tout le monde, les autorités, l'ensemble des partis politiques, les sages des villages, les promoteurs de la réalisation, car, comme ils ont besoin de nous, nous aussi avons besoin d'eux, de leur compréhension, mais, à condition, d'abord, de nous consulter, de nous écouter, nous les principaux concernés. Qui veut-on leurrer par la ridicule proposition d'indemnisation de 4 000 DA pour chaque olivier ? Inadmissible !” clame le président de l'association, dont les revendications sont la réévaluation du prix du mètre carré de terrain, une réétude géométrique fiable, l'examen, point par point, de l'ensemble des paramètres induits par le projet, le relogement des familles dans des F4 extensibles érigés sur des lots de terrain de 500 m2 chacun, sachant que nous sommes trop lésés dans nos droits depuis trois décennies... Depuis 1978, en effet, il n'était plus possible pour nous d'entamer le moindre investissement durable sur nos propriétés, ni pouvoir construire en définitive pour nos enfants, déplore M. Merabti. Cet investissement est, certes, vital pour la région et son voisinage dans et en dehors de la wilaya, mais ce n'est pas pour autant qu'on ose pénaliser les expropriés. Les membres de l'association devaient se réunir encore samedi avec la population pour se concerter sur des actions pacifiques à mener en cas de “sourde oreille” des autorités concernées. Dans cette éventualité, ils prévoient une marche populaire de Tadmaït au siège de la wilaya (17 km), et ensuite mener, devant l'édifice de cette administration, une grève de la faim par des volontaires, déterminés, de l'association.