La population de la Kabylie n'est visiblement toujours pas près d'oublier ce repère identitaire et icône de la chanson kabyle qu'est Matoub Lounès. Hier encore, comme chaque année à la même période, la Fondation Matoub-Lounès a organisé, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, une cérémonie commémorative dédiée à celui qui, par la force de son verbe et de ses convictions, a su s'ériger en porte-voix de la Kabylie et surtout en défenseur de ses valeurs identitaires, anti-intégristes et anti-dictatoriales du pouvoir. Après l'ouverture d'une exposition photos sous le thème “À toi Lounès”, une table ronde a été animée par Saïd Chemakh et Imahrazen Moussa, tous deux enseignants de tamazight à l'université de Tizi Ouzou. “Le renouveau thématique” était le thème de cette table ronde au cours de laquelle les animateurs ont rappelé à l'assistance, venue nombreuse, toute l'importance et la profondeur des textes de Matoub, ainsi que les nouveautés qu'il a su introduire dans la chanson kabyle. “Il est vrai que certaines de ses chansons portent sur des thèmes déjà traités par d'autres chanteurs avant lui, mais il avait une manière exceptionnelle de les aborder : toujours avec un plus, toujours avec une touche nouvelle et des mots percutants”, a expliqué M. Imahrazen, tout en citant à chaque fois des passages de ses textes. “Parfois, ses textes ressemblent à des articles journalistiques qui décrivent une actualité en la dénonçant, et parfois à des textes d'histoire qui retracent des périodes et des faits historiques”, a ajouté l'orateur. Un débat a été ensuite ouvert autour de l'œuvre de Matoub. Un débat qui n'a pas laissé de place à l'indifférence parmi tous ces fans venus encore une nouvelle fois, une 12e, rendre hommage à leur idole, assassinée un 25 juin 1998 sur la route de Tala-Bounane, et dont la mort a laissé la chanson kabyle des plus orphelines tant depuis la disparition de Matoub, la chanson kabyle, porteuse de valeurs, a cédé la place à une espèce de “chansonnettes” destinées exclusivement à la danse.