Sublime, envoûtant, exceptionnel ! Tous les qualificatifs ne suffiront pas pour mettre en relief le gala de haute facture animé, jeudi soir à Tizi Ouzou, par la diva de la chanson kabyle, Nouara. Plus d'une heure avant le début du spectacle, la salle des concerts de la maison de la culture Mouloud-Mammeri était tout simplement archicomble. Et comme la semaine dernière à l'occasion des deux superbes spectacles de Lounis Aït Menguellet, les responsables de la Maison de la culture de Tizi Ouzou furent obligés d'ajouter un très grand nombre de chaises à proximité de la scène pour contenir tant bien que mal cette véritable marée humaine venue écouter et porter littéralement aux nues ce grand monument de la chanson kabyle qu'est Nouara. Mieux encore, ce public des grands jours était constitué essentiellement de nombreuses familles et de mères de famille qui ont rajeuni l'espace d'une soirée intime et mémorable, elles, qui ont grandi jadis avec cette artiste hors-pair dans les lycées et les campus universitaires et qui sont venues se remémorer les années folles de Nouara autrefois adulée aux côtés de Chérif Kheddam ou Medjahed Hamid. Malgré le poids des ans, Nouara est restée égale à elle-même par sa voix veloutée, sa prestance de grande dame et sa grande douceur dans le propos. Et le public de Tizi Ouzou qui attendait frénétiquement ce grand rendez-vous artistique des soirées du Ramadhan ne s'est pas trompé, il aura réservé un accueil triomphal à cette artiste exceptionnelle. Et comme pour bien faire les choses, les responsables de la Maison de la Culture de Tizi Ouzou ont programmé en lever de rideau la jeune Fella Bellali, un bourgeon de la chanson kabyle qui a forcé l'admiration de l'assistance en interprétant quelques chansons personnelles et surtout en reprenant magistralement une chanson de son idole Nouara qui ne put s'empêcher d'ailleurs de la féliciter en l'invitant à l'accompagner sur scène pour son fameux tube Akwassigh ammi aâzizen (conseils à mon fils), un duo de charme qui a mis la foule en délire. Visiblement touchée par cet accueil triomphal, Nouara avait bien du mal à contenir son émotion et provoqua un tonnerre d'applaudissements lorsqu'elle s'adressera à la foule pour lui faire peur d'une grosse frustration. “Avec un tel public, je pense que je n'aurai pas dû quitter la scène ces dernières années car de tels moments de bonheur ne se reproduisent pas”, lancera-t-elle à un public en extase, elle qui, rappelons-le, avait quitté la scène artistique durant une bonne quinzaine d'années pour ne faire sa réapparition que l'année dernière dans cette même Maison de la culture aux côtés de Medjahed Hamid. Et tout le riche répertoire de Nouara est passé par là Technam ghe zinew, Lefraq, Thit ik yezrane, et ses achwiq à vous donner la chair de poule. Le public réceptif et connaisseur aura encore manifesté son délire lorsque Nouara versa quelques larmes sur scène en évoquant la maladie de son vieux compagnon Chérif Kheddam actuellement hospitalisé, tout en entonnant une chanson propre à ce grand artiste qui aura marqué sa longue carrière artistique au même titre que Kamel Hamadi, Medjahed Hamid et Ahcène Abassi. L'autre moment fort de cette soirée mémorable réside dans cette ancienne photo-souvenir de Nouara aux côtés de Matoub et Idir qui lui fut remise sur scène par un vieil admirateur en souvenir d'un gala historique qui a eu lieu dans les années 1980 à l'université de Tizi Ouzou. Près de trente ans après ces années folles, le public de Tizi Ouzou aura retrouvé une Nouara des grands jours car à … 65 ans révolus (elle est née en 1945 à La Casbah), la grande diva de la chanson kabyle a prouvé qu'elle garde toujours sa classe, son talent et sa stature.