La défense de Djilali Hadjadj, porte-parole de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), arrêté récemment à Constantine, ne peut toujours pas accéder au dossier de son client. Maître Zoubir Soudani, que nous avons pu joindre par téléphone, hier en début d'après-midi, a en effet déclaré qu'il n'a pas assez d'éléments à son niveau, et qu'il ne pourra consulter le dossier de notre confrère Djilali, auprès de la 3e chambre du tribunal de Sidi-M'hamed (Alger), tant que ce dernier n'a pas été transféré vers la capitale. Pourtant, le journaliste du Soir d'Algérie, également responsable de la section Algérie de Transparency International, a été interpellé le 5 septembre dernier, à l'aéroport de Constantine, par des éléments de la police des frontières (PAF), alors qu'il s'apprêtait à embarquer à bord d'un avion en direction de Marseille. Selon la défense, Djilali a été présenté au parquet de Constantine le lendemain de son arrestation et devrait faire l'objet d'un “ordre de transfert” émanant du procureur de cette ville. “Normalement, il doit être aujourd'hui (mardi, ndlr) sur la route qui le mène à Alger. On pourra accéder au dossier quand il arrivera sur place”, a indiqué Me Soudani. En plus clair, Djilali Hadjadj devrait déjà être dans la capitale. Plus loin, Zoubir Soudani s'est prêté à la question relative aux éléments dont il dispose. Il a ainsi révélé qu'il s'agit d'un mandat d'arrêt lancé contre son client, en mars dernier. “C'est une affaire qui concerne, apparemment, la Cnas (Caisse nationale des assurances sociales, ndlr), une histoire de faux et usage de faux”, a-t-il remarqué, en refusant tout commentaire. Par ailleurs, il a assuré avoir rencontré Djilali Hadjadj, après son arrestation, une fois transféré au commissariat central de Constantine. Pour la défense, cette affaire “lui tombe sur la tête”. “Il était surpris et il m'a dit qu'il ne comprenait pas les raisons de cette interpellation, d'autant que le mandat date de mars 2010, alors qu'il était déjà sorti à l'étranger en juin dernier”, a confié Me Soudani. Certaines sources ont signalé que l'arrestation de Djilali Hadjadj ne serait pas liée à ses activités de militant engagé dans la lutte contre la corruption ou de journaliste. Pourtant, son interpellation, dimanche, survient étrangement quelques jours après ses dernières déclarations dans la presse, dans lesquelles Djilali ne cachait pas ses doutes, quant à l'efficacité des mesures prises par le gouvernement dans la lutte contre la corruption. Sur un autre plan, cette arrestation fait suite, semble-t-il ,à une plainte qui aurait été déposée par l'hôpiatl de Birtraria pour faux et usage de faux. Dans un communiqué daté du 6 septembre et signé par son président, Hocine Zahouane, la LADDH soutient que l'arrestation du représentant de l'ONG internationale suscite de “vives inquiétudes”, en dénonçant une procédure qui transforme une plainte en un avis de recherche d'une “personne publique bien connue”. Enfin, la ligue demande le “transfert immédiat” de Djilali vers Alger, non sans avertir que toute utilisation de “moyens dilatoires de nature à lui faire subir une quelconque humiliation”, relèvera de la forfaiture et du déni de justice.