Quelques mois après l'avant-première tunisienne de la production algéro-tunisienne Les Palmiers blessés d'Abdellatif Ben Ammar, le film a enfin été projeté en avant-première à Alger, avant-hier soir, à la salle El-Mougar. Mais avant cette projection très attendue (depuis juillet !), il a été question d'un hommage au défunt comédien Larbi Zekkal, qui s'est traduit par la projection d'un petit film retraçant son parcours cinématographique. L'équipe du film, à sa tête Rym Takoucht, a, dans une grande émotion, rendu hommage à cette figure importante du cinéma algérien. Place ensuite à la projection, en présence du réalisateur Abdellatif Ben Ammar, d'un représentant de la production tunisienne (Dumar Films-CTV Services), des producteurs algériens, Nadia Cherabi et Sid Ali Mazif, du compositeur du film, Farid Aouameur, et de quelques comédiens, notamment Leïla Ouaz (le rôle principal), Hassan Kachach, Rym Takoucht et Mohamed Yargui. Les Palmiers blessés plante le décor et l'action dans la ville historique de Bizerte. Le long-métrage nous revoie en 1990, dans un contexte mondial de tension (la guerre du Golfe se prépare). Chama, jeune tunisoise diplômée en sociologie, trouve enfin du travail. Un travail qui ne lui convient pas vraiment mais qu'elle accepte d'accomplir afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère, malade. Chama accepte de dactylographier le manuscrit de Hachmi Abbas, dans lequel il prétend avoir été héroïque, en 1961, durant les évènements tragiques de Bizerte. L'histoire de cet ouvrage intéresse Chama au plus haut point parce que son père, qu'elle n'a pas connu, a trouvé la mort parmi les nombreuses victimes. Chama est aidée dans sa quête de vérité par Khalil, vétérinaire et fils d'un ancien combattant, et par un couple d'Algériens : Nabila et Noureddine. Les Palmiers blessés s'intéresse dans son propos aux falsificateurs, aux historiens et autres intellectuels qui pervertissent l'histoire pour leur propre gloire. Par ailleurs, les comédiens algériens (Rym Takoucht, Hassan Kachach, Aïda Kechoud, Larbi Zekkal) ont été d'une grande maîtrise. Ils étaient largement impliqués, mais leur implication n'a fait qu'exacerber la frustration et lui faire atteindre son paroxysme. Car le montage n'a pas été à la hauteur de leur talent et ne les a pas du tout avantagés. Certaines scènes ont même été incompréhensibles, notamment celle sur le port où Hachmi Abbas (incarné par Néji Najeh) tourne le dos, brusquement, à un homme qui l'observe de loin (campé par Mohamed Yargui). On ne comprend pas vraiment le sens de cette scène si on ne sait pas que cet homme est, en fait, un aveugle. On ne comprend pas très bien pourquoi Noureddine (Hassan Kachach) se lamente seul, parce qu'on ne sait pas qu'il a perdu son travail. Même s'ils n'ont pas été valorisés, les comédiens algériens ont été à la hauteur… et même plus !