Pour la première fois dans l'histoire du Festival de Carthage, un film inaugurera la soirée officielle prévue le 8 juillet. Pour l'avant-première algérienne, il faudra attendre la rentrée ! Les Palmiers blessés est une coproduction algéro-tunisienne (Procom International du côté algérien et Dumar Films du côté tunisien) par laquelle le réalisateur, Abdellatif Ben Ammar, propose d'ouvrir une petite lucarne dans l'histoire, et d'appréhender celle-ci par la mémoire. Dans sa fiction d'une heure quarante-cinq, le cinéaste discret qui signe avec les Palmiers blessés son cinquième long métrage s'intéresse aux falsificateurs, responsabilise les intellectuels et part à la conquête de la vérité. Dans les Palmiers blessés, l'action est plantée en 1991, dans un contexte mondial largement tendu puisqu'une guerre se prépare, celle d'Irak. Loin du tumulte et de la tension, l'héroïne Chama, jeune diplômée en sociologie, est confrontée à l'éternel problème du chômage. Son amie, Nabila, l'héberge chez elle à Bizerte et lui trouve un travail en tant que dactylographe. Chama accepte donc de saisir le manuscrit d'un vieil homme qui se dit écrivain et qui affirme écrire la véritable histoire des évènements... du massacre de Bizerte en 1961. Cette brève et sanglante confrontation entre la France et la Tunisie a emporté 5 000 hommes, parmi eux le père de Chama. C'est donc tout naturellement que son intérêt grandit pour le manuscrit de l'écrivain. Elle réalise que l'histoire qu'elle dactylographie est celle de son père. Commence alors une quête de la vérité pour la jeune Chama, qui trouve soutien, réconfort et appui auprès du couple d'Algériens, Nabila et le musicien désabusé Noureddine, ainsi qu'auprès de Khalil, un vétérinaire solitaire. Les Palmiers blessés est une recherche de la vérité dans sa forme la plus absolue. L'héroïne est sans concession dans sa démarche, tout comme le scénariste Abdellatif Ben Ammar qui ne cherche pas d'explications à la guerre et à la violence. Il tente de susciter des questionnements qui puissent aboutir à des réponses, à des vérités pouvant aider la jeunesse à se projeter dans l'avenir et à se construire dans la sérénité. Abdellatif Ben Ammar, qui a travaillé dix années sur le scénario de ce film, veut la vérité, dans sa forme la plus nue, la plus pure et la plus transparente. Le réalisateur, pour qui les Palmiers blessés représente la deuxième expérience cinématographique avec l'Algérie après Aziza (1980), pose un regard à la fois critique et tendre sur le Maghreb : critique envers les avant-gardes et les intellectuels qui n'ont pas suffisamment assumé leur fonction dans la société ; tendre envers une jeune génération en quête de repères, qui rêve et aspire, mais qui évolue dans un climat opaque. Il y a une année lorsque nous avions rencontré Abdellatif Ben Ammar sur le tournage à Bizerte, celui-ci nous déclarait : “Lorsqu'on traite de l'histoire, on s'aperçoit qu'il est d'une très grande importance pour le présent, donc elle peut être manipulée. Elle a de tout temps été manipulée. Par qui, me direz-vous ? Par les vainqueurs. L'histoire se préoccupe des guerres et l'écriture de l'histoire s'est toujours faite par les vainqueurs. Or, il n'a jamais été dit que la position des vainqueurs est la bonne.” L'Algérie qui a financé à 20% les Palmiers blessés, tourné entre Bizerte et Tunis, participe au film avec un assistant caméra dans l'équipe technique. Le compositeur Farid Aouameur a signé la musique du film. Quant au casting, la fraîche et pétillante Rym Takoucht (Mascarades, Vivantes) campe le rôle de Nabila, Hassan Kachach (Ben Boulaïd) celui de Noureddine et Aïda Kechoud fait également partie du casting. Pour le rôle de Chama, Abdellatif Ben Ammar a choisi la comédienne tunisienne Leïla Ouaz. Elle partage l'affiche avec Néji Najeh, Jawhar Besti et Dalila Meftahi. Après la projection pour la presse tunisienne, vendredi à Gamarthe, l'avant-première est prévue pour le 8 juillet à Carthage. L'Algérie attendra la rentrée !