Les travailleurs de la minoterie de Djelfa sont désemparés. Et pour cause, le patrimoine des Moulins où ils ont passé près de trente années de leur vie vient d'être mis aux enchères publiques par la direction régionale de l'Agence d'intermédiation et de régulation foncière (Aniref). Ainsi donc, après moult rebondissements, le bâti et les équipements, estimés à près de 100 milliards de centimes, seront cédés au plus offrant. Pour rappel, les Moulins, auxquels nous avions réservé un grand espace dans l'une de nos éditions de l'été 2009, appartenaient au groupe Eriad de Tiaret avant de faire l'objet d'une liquidation faisant suite aux lourdes créances évaluées à pas moins de 120 milliards de centimes qui obéraient déjà la société en 2006. Créés en 1983, les Moulins de Djelfa ne disposaient, au début, que d'une unité de production de farine d'une capacité de 2 500 q/j, avant d'étendre, en 1986, leur champ d'activité à la production des pâtes, avec 1 600 q/j et une semoulerie d'une capacité de production de 3 600q/j. S'étalant sur une superficie de 14 hectares, ces Moulins, qui n'employaient pas moins de 800 travailleurs et qui avaient coûté au groupe la mirobolante somme de 700 milliards de centimes, couvraient les besoins de plusieurs wilayas de l'intérieur et du nord du pays. Toutefois, ils feront entendre leurs premiers couacs en 2000, lorsqu'ils avaient contracté une dette de 74 milliards de centimes. Au licenciement massif des travailleurs succéderont d'autres créances avant que des tentatives de vente ou de location infructueuses de l'entreprise ne débouchent enfin sur une liquidation pure et dure de l'établissement, sans qu'aucune autorité de quelque bord que ce soit vienne à la rescousse. Triste fin donc pour ce grand pôle économique dont toute la région aurait pu ne pas se départir, n'étaient les calculs mesquins de certains cercles d'intérêts qui ont ourdi ce sombre complot en provoquant la faillite de l'entreprise. Par ailleurs, au vu de du flou qui a entouré la liquidation des Moulins, travailleurs et citoyens sont en droit de s'interroger sur les tenants et les aboutissants de cette mise à mort programmée : les contrevenants ont-ils été jugés et les dettes entièrement recouvrées ?