À la tête de ce grand déballage, un jeune quadragénaire, Julian Assange, qui s'est attribué la mission de “révéler les scandales cachés de la planète” sur son site emblématique. Spécialiste des services de renseignements et de barbouzeries, Assange a aussi ses propres zones d'ombre, qu'apparemment la grande CIA n'a pas encore percées. Après l'Afghanistan, le site Wikileaks poursuit sa traque en Irak. En publiant près de 400 000 documents secrets de l'armée américaine sur la guerre en Irak, le site spécialisé dans le renseignement militaire révèle ce que les Irakiens avaient dévoilé, ce que personne n'avait voulu entendre : la coalition internationale a torturé des prisonniers et fermé les yeux sur des exactions commises par les forces irakiennes qu'elle a elle-même confectionnées. C'est la plus grosse fuite de documents militaires secrets de l'histoire. La guerre d'Irak est jonchée de crimes de guerre comme les meurtres délibérés de personnes qui tentaient de se rendre ou encore de bâtiments de civils qu'on fait sauter parce qu'un tireur se trouve sur le toit. L'horreur de la guerre dans des documents officiels. Un vrai bain de sang comparé à l'Afghanistan, a déclaré sur CNN le fondateur de Wikileaks, Julian Assange. Le Pentagone, qui ne s'est pas encore remis des fuites sur la guerre de l'Afghanistan, a des sueurs froides. Ses généraux quatre étoiles ont perdu le sommeil. Les documents “secret défense” révèlent que l'invasion et la normalisation de l'Irak a fait 109 032 morts et non 77 000, comme l'affirmait un bilan américain. Parmi les victimes, plus de 60% sont des civils. Ce que ne contestent pas les officiels irakiens dont le ministère des droits de l'Homme qui a affirmé que les documents ne contenaient “pas de surprises”, renvoyant aux révélations sur la prison d'Abou Ghraïb, et d'autres cas impliquant les forces américaines. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, tout en refusant d'entrer dans les détails de ces révélations, a condamné la fuite de tout document pouvant mettre en danger la vie des soldats et des civils des Etats-Unis et de leurs alliés. Raison d'Etat ! Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture, Manfred Nowak, n'en a pas moins appelé le président américain à diligenter une enquête, d'autant que ces faits se seraient poursuivis après l'arrivée d'Obama à la Maison-Blanche, alors que celui-ci avait promis le changement... Phil Shiner, avocat britannique représentant l'organisation de défense des droits civils Public Interest Lawyers, a, pour sa part, indiqué que les éléments des forces britanniques en Irak impliquées dans les abus documentés seraient poursuivis devant les tribunaux (britanniques). Wikileaks a promis de nouvelles révélations sur la guerre en Afghanistan. Le site a déjà publié en juillet 77 000 documents militaires confidentiels sur ce pays, déclenchant une salve de critiques du Pentagone qui l'accuse d'irresponsabilité et de mettre en danger militaires et civils. À la tête de ce grand déballage, un jeune quadragénaire, Julian Assange, qui s'est attribué la mission de “révéler les scandales cachés de la planète” sur son site emblématique. Spécialiste des services de renseignements et de barbouzeries, Assange a aussi ses propres zones d'ombre, qu'apparemment la grande CIA n'a pas encore percées. On sait peu de chose de cet Australien de 39 ans qui semble avoir une facilité déconcertante pour accéder à des documents classifiés secret défense. Malgré ses grands coups, il reste un homme énigmatique : sa date de naissance est inconnue. Selon lui, il a fréquenté 37 écoles avant de se fixer à l'adolescence à Melbourne où il se découvre un talent de “pirate informatique”. La police lui met la main dessus mais il s'en tire avec une amende et un serment de bonne conduite. Ensuite, il devient conseiller en sécurité et fonde une des premières compagnies de services informatiques en Australie. C'est l'envol pour ce jeune homme, grand, mince, poli et peu loquace. Un tempérament de vrai barbouze. Il fonde, en 2006, Wikileaks avec une dizaine de personnes venant, selon lui, du milieu des droits de l'homme, des médias et de la haute technologie. Comme un agent de renseignement, Assange est insaisissable, difficile à contacter, sautant de capitale en capitale mais il ne fait que de rares apparitions publiques et logeant chez des particuliers. L'Islande et la Suède, où il bénéficie de soutiens et de législations favorables, sont ses escales privilégiées dans son voyage permanent autour du globe, de Londres à Nairobi, des Pays-Bas à la Californie. Mais la Suède vient de lui refuser un permis de résidence pour une plainte contre lui pour viol. Qui est Assange ? L'énigme n'est toujours pas résolue.