Le père Clément Rodier (1829-1904) vivait à Messerghine, près d'Oran. Ayant la main verte, il aimait cultiver son verger. Un jour, alors qu'il vaquait comme à l'accoutumée à son passe- temps favori, il eut une ingénieuse idée. De tempérament plutôt curieux, il se dit, presque à haute voix : “Et si j'essayais une nouvelle culture ?” Aussitôt dit, aussitôt fait. Il se mit alors à son alchimie culturale en procédant à la fécondation de fleurs de mandarinier avec du pollen prélevé d'un bigaradier, cet odorant arbre donnant des oranges amères. Un beau matin d'hiver de 1892, en contemplant son éden, le père Clément eut une belle surprise. Son arbre avait donné de très beaux bourgeons. Quelques semaines plus tard, il cueillit un fruit insolite, à la peau orange écarlate, au goût mielleux et sans pépins. Ainsi, pour rendre à César ce qui appartient à César, la société d'horticulture de l'époque décida, 20 ans après la disparition du père Clément, concepteur de cette délicieuse trouvaille, de baptiser ce succulent fruit sucré et gorgé de soleil du nom de “clémentine'', en relation avec son géniteur. Le succès de la cousine germaine de la mandarine se répandit partout en Algérie, naguère qualifiée de grenier de l'Europe, avant de se faire apprécier dans de nombreux pays à travers le monde. Cet agrume est aujourd'hui cultivé partout et pas seulement dans les régions du pourtour de la Méditerranée, mais également en Amérique et en Asie. Facile à peler et dépourvue de pépins, la clémentine a ainsi été produite pour la première fois en Algérie, sa terre natale, où elle a vu le jour.