Il semble bien loin le temps où on éprouvait une certaine peine à manger une orange entière, tellement le fruit était bien gros et gorgé de jus ! Aujourd'hui, souvent même en osant mettre le prix fort, on a davantage de peine à trouver sur les étals, le fruit ou le légume donnant entière satisfaction, au plan de la qualité ! Difficile également de mettre en adéquation prix et qualité. Le consommateur à la bourse relativement maigre ne semble plus avoir droit à exaucer son envie de s'offrir un beau fruit ou un légume indemne de fard ! À l'état d'albumen, on vous offre une pomme de terre, peleuse car récoltée très prématurément, sinon embourbée de terre pour relever davantage le poids de la marchandise. Des melons exposés à la vente depuis au moins deux mois, mais qu'on n'ose pas envoyer à la décharge. Des olives rabougries, récoltées avec feuilles et rameaux, qu'on ose filer au confiseur. Des clémentines “desséchées”, boudées et refusées par les gros marchands de l'Algérois, qu'on propose, au prix fort évidemment, aux petites bourses du marché local. Les thomsons, certes relativement grosses, mais au goût acide particulièrement prononcé, car récoltées au moins deux mois avant leur maturité. Des petits pois dont il vous faudra acheter 3 à 5 kilos de gousses afin d'en récupérer, tout juste une livre de grains bons à la cuisson. Des artichauts avec des pédoncules longs comme ça. Des citrons flétris et desséchés n'ayant du fruit que le nom. Des navets, betteraves ou carottes que même les vaches bouderaient et dont vous achetez plus de tiges que de parties comestibles. Une laitue flétrie ou excessivement mouillée, et Dieu sait si elle n'a pas été irriguée avec des eaux usées. L'inventaire est certainement loin d'être exhaustif ! Et nous sommes une multitude de consommateurs à manifester les mêmes grimaces de désagrément devant pratiquement tous les étals des marchands “grand public” des fruits et légumes, à travers tous les souks, villes et villages de la région ! Devant ce fardage et cette tromperie sur la qualité et pas seulement, malgré lui, le client demeure impuissant. Derrière les étals, les marchands se disculpent par l'éternel alibi : “Nous n'y sommes pour rien ! La marchandise nous est ainsi livrée ! C'est à prendre ou à laisser !” Un refrain qui fait du consommateur le plus gros dindon d'une farce qui n'en finit plus !