Jeudi et vendredi passés, le public a pu assister aux deux représentations de la pièce de théâtre le Moineau, adaptée et mise en scène par Kamel Laïche, sur une scénographie de Mustapha Nadjaï. Cette pièce est inspirée de l'œuvre le Bosendorferde de l'écrivain hongrois Ferenc Karinthy. Kamel Laïche, ce jeune metteur en scène prometteur, n'en est pas à sa première pièce, il a notamment, produit Zoo Story (2002), l'Escargot entêté (2007) et le Bel indifférent en 2008. Cette tragicomédie raconte l'histoire d'un artiste (Lerrari Mohamed Arslane), affichant une tête sympathique et sociable mais qui, en réalité, est complètement perdu dans sa solitude. Blasé, tourmenté, dénué d'altruisme et d'égocentrique, il décide par ennui et oisiveté d'importuner une femme âgée (Rania Serouti) au téléphone, lui racontant des histoires de tous genres. Parfait comédien, l'homme passe d'un personnage à un autre. Jouant sur l'improvisation, il fait croire à cette pauvre femme qu'il est colonel de l'armée en évoquant les moments pénibles de la guerre. Dans son jeu, il harcèle la vieille dame. La cruauté de ce personnage ne connaît pas de limite. Ce jeu de rôle mesquin emporte la femme loin dans ses pensées, se faisant rattraper par ses vieux démons “les souvenirs occultés”. Le Moineau fait aussi référence au proverbe populaire “zaouch qarmoud” (allusion à une personne vilaine et désagréable). Dans un décor minimaliste, très simple, un petit salon, le comédien, sur son sofa rouge à côté du téléphone, a présenté au public plusieurs personnages aussi intéressants les uns que les autres, donnant l'impression de découvrir à chaque fois une nouvelle personne sur scène. Quant au personnage de la vieille dame avec sa petite touche de sensibilité, il donnait à l'artiste plus de tonus et de machiavélisme pour interpréter ses personnages.