La compétition de la section long-métrage dans le cadre du 4e Fifao s'est achevée, hier, avec la projection de trois longs métrages : le film musical, Essaha, de Dahmane Ouzid, Microphone d'Ahmad Abdallah et Taxiphone de Mohamed Soudani. Avant-hier soir, deux films ont été projetés en compétition : Les Palmiers blessés d'Abdellatif Ben Ammar (Tunisie) et Marra Oukhra, premier long-métrage de Joud Saïd (Syrie). Dans, Marra oukhra (une autre fois), le réalisateur s'intéresse aux relations tendues entre la Syrie et le Liban : deux voisins aux relations tumultueuses, condamnés à cohabiter. Le film s'articule autour de deux parties, deux histoires qui évoluent simultanément à l'écran, avec pour dénominateur commun, Majed (Qaïs cheikh Najib). La première partie se déroule au présent, précisément l'été 2006, à la veille de la confrontation armée qui opposa le Liban à Israël. Le jeune Majed est un jeune cadre dans une banque syrienne, qui redécouvre l'amour et explore les méandres de la mémoire, à la rencontre de Joyce, une jeune veuve libanaise qui va à Damas pour diriger la banque où travaille Majed. Mais dans le tumulte de la guerre, il n'y a pas place aux sentiments, car le meilleur est exacerbé et tout ce que l'être humain vit, ce sont des instants volés. À cette histoire, se greffe une seconde qui nous renseigne sur le passé de Majed, sur sa jeunesse, sur sa mémoire perdue suite à un accident, sur les batailles (militaires et intérieures) absurdes de son père. Malgré un fort souci technique et esthétique de Joud Saïd qui a également signé le scénario de ce long-métrage, Marra oukhra manque réellement de profondeur. Il y a également un manque de maturité flagrant et une certaine légèreté dans le propos avec beaucoup de zones d'ombres et une réflexion inachevée. Le film, comme la scène finale sur un pont à la frontière syro-libanaise, semble ne tenir qu'à un fil, avec une trame parfois décousue, et des personnages sans réelle caractérisation. L'efficacité a manqué au réalisateur car Marra oukhra ne prend aucun risque, ni dans le propos, ni dans la mise en scène. Tout est carré et sans surprises. Dès les premières scènes, on sait déjà qu'entre Majed et Joyce naîtra une histoire d'amour éphémère, que le père de Majed mourra, que la guerre est une abomination et qu'il n'y a aucune issue à la relation complexe entre la Syrie et le Liban. En outre, le Festival international du film arabe d'Oran qui prendra fin et révèlera son palmarès ce soir (Grand prix, meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure actrice). Durant toute une semaine, nous avons eu à voir treize longs-métrages, qui s'intéressent à la société arabe. Certains films sortent du lot, à l'exemple de Qarantina d'Oday Rasheed Othman (Irak), Microphone d'Ahmad Abdallah (Egypte), et Chetti ya deni de Bahij Hojeij (Liban), Ibn Babel de Mohamad Al-Daradji (Irak) et le troublant de sincérité Thawb el shams de Saeed Saleem Al Murry.