Moribonde et assez décevante, l'équipe nationale n'a pas confirmé sur le terrain en 2010 les énormes promesses de sa précédente et sublimissime année 2009. Alors pour 2011, on ne peut qu'espérer un retour de flamme qui pourrait lui permettre de passer sans trop de dégâts l'écueil des éliminatoires de la CAN et s'assurer, du coup, une bonne entame de l'année… 2012 ! Ce ne sera ni très aisé ni trop compliqué. Mais cela aura au moins le mérite d'être simple : pour les Verts, les bonnes résolutions pour l'année à venir se résument en un seul mot, la qualification. On ne peut parler des ambitions, objectifs et desseins de l'EN pour la prochaine année footballistique sans pour autant s'arrêter sur le défi qui l'attend sur la scène continentale, à savoir justifier au moins son statut de mondialiste par l'entremise d'une présence à la prochaine Coupe d'Afrique des nations, programmée pour l'hiver 2012 simultanément au Gabon et en Guinée équatoriale. Pour ce faire, il faudra avant tout aux coéquipiers du jeune et talentueux Boudebouz de taper du poing face au Maroc d'Eric Gerets. Commençant sérieusement à prendre les allures d'un véritable épouvantail à la faveur de sa politique tout algérienne consistant à former un puzzle national à partir de talents du bled nés et aguerris dans la vieille Europe, la sélection de Sa Majesté s'annonce, en effet, comme le plus consistant adversaire des Verts dans cette course au billet qualificatif. Cela dans la mesure où, bien que l'accrocheuse Tanzanie et la tentaculaire mais tellement limitée Centrafrique lui ont joué de bien mauvais tours et risquent de lui donner encore du fil à retordre lors des confrontations futures, le Maroc menace bien d'être le principal rival de la sélection nationale à la faveur de la grande importance de la double confrontation dont le premier acte se tiendra en mars à Alger. Cette affiche se serait déroulée il y a de cela une année seulement, personne n'aurait donné vraiment cher des chances des représentants du royaume chérifien tant les Verts étaient sur un nuage. Mais depuis l'inoubliable épopée des éliminatoires jumelées du Mondial et de la CAN 2010, l'EN a beaucoup perdu de sa superbe, passant de redoutable et bien huilée machine à gagner à bien légère équipe que même le 172e mondial pouvait se payer. En parallèle, le Maroc semble sur une courbe ascendante depuis la nomination à la tête de sa sélection du Belge Eric Gerets. Sous sa coupe, en à peine quelques semaines, les Lions de l'Atlas ont retrouvé leur appétit et sont même allés rugir et montrer des crocs à l'intérieur même du Croke Park, pas très loin du Dublin Society Arena, où les Verts avaient été baladés (3-0) par les coéquipiers de Robbie Keane. “En mars prochain, j'ôterai tout espoir de qualification à l'Algérie” avait même annoncé Eric Gerets, comme pour allumer la première mèche de la traditionnelle guéguerre psychologique et lever le voile sur des ambitions marocaines grandissantes mais connues de toutes et de tous. Surtout à la vue de ce rapatriement massif et qualitatif de tous les enfants du pays pour lesquels Gerets était même prêt à se brouiller avec son compatriote et alter ego de la sélection des Diables Rouges, Georges Leekens. Le Maroc de Gerets, principal obstacle Pour être encore dans le cœur des Hollandais du PSV Eindhoven, dans l'esprit des Olympiens de Marseille et dans le livre d'or des Saoudiens d'Al-Hilal, Eric Gerets, qui a réussi partout où il a posé ses valises, grâce notamment à une science tactique jamais démentie et à une communication sans faille, se présente d'ailleurs comme le principal atout de la sélection marocaine. Abdelhak Benchikha ne doit, en ce sens, aucunement ignorer qu'outre les talents individuels dont ne manque guère cette sélection marocaine new-look à l'image du canonnier d'Arsenal Merouane Chamakh ou de l'artificier de l'Ajax d'Amsterdam Mounir El-Hamdaoui, son plus sérieux adversaire duquel il faudrait mieux se méfier ne sera autre que le stratège Gerets. Pour que son début d'année 2011 ne ressemble aucunement à sa fin de saison 2010, le sélectionneur national sait pertinemment qu'il lui faudra trouver la formule idoine pour contrecarrer les desseins et velléités victorieuses de cet ambitieux Maroc. Ne surtout pas refaire les mêmes erreurs en matière de choix des joueurs, préparer le meilleur plan de bataille qui épouserait convenablement les caractéristiques techniques et tactiques du onze algérien et prier pour que l'infirmerie des Verts se désemplisse et ne connaisse plus jamais le même afflux, voilà à quoi s'astreindrait le driver de la sélection dans la perspective du choc que tout le Maghreb attend. Un derby nord-africain qui a rallumé la passion et qui rappelle bien des souvenirs aux nostalgiques, notamment algériens qui gardent toujours en mémoire le démonstratif (1-5) de la fin de la décennie 1970. C'était le 9 décembre 1979, au complexe Mohamed V de Casablanca. Le journaliste du quotidien l'Opinion, Najib Salmi, qui a couvert les deux matches, s'en souvient très bien. “Le Maroc entier a retenu son souffle, le temps d'un match de foot. Il y avait ceux qui étaient à Donor (le complexe Mohamed V, que les amoureux du foot continuaient d'appeler par son nom originel, "Stade d'honneur"), 80 000 personnes préparées à une victoire certaine. Et les autres, les millions d'autres, scotchés à leurs téléviseurs. C'était incroyable, le pays entier était sûr que nous allions gagner. Personne n'avait pensé à préparer le Marocain lambda, encore moins les joueurs de la sélection, à être menés au score. Résultat final : 1-5. Tout le Maroc était en deuil. Les gens n'en voulaient pas aux Algériens, mais aux nôtres. Et, au lieu de casser des bus, les supporters frustrés ont défilé en scandant le même slogan ô combien politique : Wa chouha, la Sah'ra, la koura (quelle honte, on a perdu le Sahara et le foot)”. Au match retour, après des remaniements dans l'effectif du roi Hassan II qui a décidé qu'aucun des joueurs qui ont figuré sur la feuille de match ne devait prendre part au match retour à Alger, l'équipe du Maroc, remaniée de fond en comble, encaisse un nouveau carton : 3-0 ! Pour l'anecdote, le portier qui va chercher le ballon trois fois dans ses filets, Badou Zaki, dont c'était le baptême du feu, écrivait-il récemment : “Plus qu'une simple confrontation en aller et retour, le double choc face au Maroc ressemble déjà à une clé de voûte sur laquelle repose tout l'avenir proche des Verts.”